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Biodiversité : la loi sur la restauration de la nature survit à la bataille politique au Parlement européen

Réunis en séance plénière mercredi 12 juillet à Strasbourg, les eurodéputés ont arrêté leur position sur la loi de restauration de la nature. Ce texte clé du Pacte vert européen a été adopté en première lecture, au prix d’une ambition initiale fortement amoindrie.

Des eurodéputés soutenant la loi ont porté des T-shirts "Restore Nature" en session plénière au Parlement européen - Crédits : Philippe Stirnweiss/Parlement européen
Des eurodéputés soutenant la loi ont porté des t-shirts “Restore Nature” en session plénière au Parlement européen - Crédits : Philippe Stirnweiss / Parlement européen 

Les défenseurs de l’environnement ont poussé un ouf de soulagement”, observe Libération. Car “il s’en est fallu de peu” [BFM TV]. Avec 336 voix pour, 300 contre et 14 abstentions, et “au terme d’un long suspense” [Contexte], “les eurodéputés ont donné leur feu vert […] à un projet de loi visant à restaurer les écosystèmes” [France Info]. Les parlementaires ont ainsi adopté “leur position pour négocier le projet de loi sur la restauration de la nature avec le Conseil de l’Union européenne, qui rassemble les ministres des différents Etats membres”, explique L’Echo.

Proposé mi-2022 par Bruxelles, ce règlement européen “vise à imposer aux Etats des objectifs contraignants de restauration des terres et espaces marins abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive, pour préserver la biodiversité, dans la lignée de l’accord de la COP15 à Montréal”, détaille France Info. Car “seulement 15 % des habitats seraient en bon état” dans l’UE [Euractiv]. “Elle fait partie du Green Deal européen, paquet de mesures législatives visant à rendre l’Union climatiquement neutre d’ici à 2050″, complète L’Echo.

Chaque Etat “devrait donc désormais prendre des mesures de restauration sur au moins 30 % des écosystèmes terrestres et marins dégradés, d’ici à 2030, puis 60 % d’ici à 2040″ [BFM TV]. De quoi par exemple augmenter le nombre de forêts saines, qui “sont capables de stocker davantage de carbone et sont mieux équipées pour résister à l’impact des incendies de forêt” [Euractiv]. Sept domaines d’action sont concernés, “tels que les terres agricoles, les tourbières, les pollinisateurs et les fonds marins” [Euronews].

Bataille politique

Avant le vote des eurodéputés, “la bataille a été farouche” [Le Monde]. “A un an des élections européennes, ce texte-phare du Pacte vert de l’UE était devenu l’emblème d’une bataille politique”, analyse France Info. Tous les votes “étaient scrutés” lors de la séance plénière, tant le texte a divisé politiquement [L’Echo].

Le président du groupe des conservateurs (PPE), Manfred Weber, “a été le fer de lance d’une campagne […] visant à faire tomber la loi, en avertissant la présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, de ne pas aller trop loin avec son ‘Green Deal’, et en testant une nouvelle alliance avec la droite dure et l’extrême droite” [Politico]. A l’approche du scrutin européen de juin 2024, “la stratégie du PPE est taxée d’‘électoraliste’ par les partisans du texte” [Le Monde]. La position défendue à droite de l’hémicycle européen est que la loi sur la restauration de la nature est “dangereuse pour l’économie, la sécurité alimentaire et les agriculteurs”, résume Politico.

Ces affirmations ont été “largement contestées par les groupes de gauche, la Commission européenne, des dizaines d’ONG, des milliers de climatologues, l’industrie des énergies renouvelables et de grandes entreprises”, rapporte Euronews. Menés par Greta Thunberg, “des militants écologistes s’étaient réunis devant le Parlement européen à Strasbourg, pour défendre l’importance d’adopter une loi contraignante” [BFM TV]. Greenpeace s’est réjoui du vote, rappelant qu’il s’agissait “du premier texte législatif depuis 30 ans pour protéger la biodiversité dans l’Union européenne” [L’Echo].

Version très édulcorée

Mais pour la gauche et les écologistes, il s’agit d’une “victoire au goût amer”, comme l’a déclaré l’eurodéputée Caroline Roose (Europe Ecologie) à Libération. Les verts, socialistes et libéraux ont ainsi dû “avaler une version très édulcorée de la législation”, note Politico.

Quelque 140 amendements qui ont profondément dénaturé le texte” ont été adoptés par le Parlement européen [Le Monde]. Parmi les concessions, la nouvelle version “supprime complètement la mesure qui fixait des objectifs contraignants pour la restauration des écosystèmes agricoles [et] réduit également l’objectif de restauration des écosystèmes fluviaux” [Politico]. Elle retire également les objectifs “qui concernent la restauration de tourbières, importants puits de carbone” [Contexte]. “Le texte final prévoit même des conditions dans lesquelles l’application de la loi peut être suspendue”, ajoute Le Monde. Pour Sergiy Moroz, du WWF, “le Parlement européen a payé ‘le prix fort’ pour sauver la loi sur la restauration de la nature” [Le Monde]. La droite quant à elle “n’estime pas avoir tout perdu, ce 12 juillet”, souligne Contexte.

Si le texte est sauvé au Parlement européen, Contexte indique que “la bataille est loin d’être terminée car les réactions, à l’issue du vote, laissent présager des négociations difficiles avec les Etats”, avec lesquels les eurodéputés doivent maintenant s’entendre.

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