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Avec sa stratégie de réduction des émissions de dioxyde de carbone, la Grande-Bretagne naviguerait-elle trop près du vent ?

Le gouvernement travailliste a passé deux mandats à tergiverser sur la manière dont la Grande-Bretagne pourrait reconvertir son économie en diminuant ses émissions de dioxyde de carbone d’ici 2020. Il est vrai qu’il était confronté à plusieurs obstacles : un parc vieillissant de centrales à charbon polluantes et la récession. Après plusieurs années d’immobilisme, le gouvernement a sorti de son chapeau un plan qui tire parti de la situation climatique de l’île en faisant la part belle à l’énergie éolienne…Mais ce plan n’arrive-t-il pas un peu tard ?

L’Europe en débat



Le blog L’Europe en débat, lancé en octobre 2007, est le fruit d’un partenariat entre ARTE et le Collège d’Europe
D’octobre à décembre, une équipe du Collège d’Europe a planché depuis le campus de Bruges (Belgique) et celui de Natolin (Pologne) sur le thème de l’énergie, avec en ligne de mire la conférence de Copenhague sur le climat. Titre de leur dossier : Énergie, politique, lobbies et environnement. Pays étudiés : Allemagne, Espagne, Finlande, France, Pologne, Royaume-Uni, Russie, Suède.

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En juillet 2009, le ministre britannique à l’énergie et au réchauffement climatique, Ed Miliband, annonçait le passage de son pays aux énergies à faibles émission de carbone (UK Low Carbon Transition Plan).

Un plan qui, à première vue, paraissait exhaustif et très prometteur, puisque le gouvernement s’engageait notamment à faire passer d’ici 2020 la part d’énergies renouvelables à 15 % de la production énergétique totale.

Si cet objectif est en adéquation avec ceux fixés par l’Union européenne, le plan de transition n’a pas résisté à un examen approfondi : des scientifiques de haut niveau et des experts issus de l’industrie ont accusé le gouvernement de n’avoir aucune stratégie en matière de politique énergétique (‘strategic energy policy’) et de gonfler les chiffres.

Ils estiment qu’en 2020, les émissions de carbone seront probablement plus proches de 5 % que des 2 % annoncés.

Ils déclarent que l’indécision et le manque de planification du gouvernement sont à l’origine de l’échec de cette politique. Il faut savoir que la Grande-Bretagne perdra 25 % de sa capacité de production énergétique vers 2016, date de la fermeture des centrales nucléaires et des centrales thermiques à charbon Le Parti travailliste a eu plus de dix ans pour proposer des alternatives mais il n’a pas fait grand-chose.

Récemment, le gouvernement a décidé de miser sur l’énergie éolienne en mer, qui serait la clé d’un avenir sans charbon en Grande-Bretagne. Il a promis d’allouer 120 millions de livres sterling au développement de cette industrie. Mais il s’est vu reprocher de placer trop d’espoirs dans cette source d’énergie onéreuse et peu fiable, au détriment de la diversité et de la mise en concurrence des autres modes d’énergie.

De fait, l’éolien pourrait devenir si dominant qu’il mettrait en concurrence le nucléaire et le confinement du dioxyde de carbone, et rendrait le pays trop dépendant du gaz. La séquestration géologique du CO2 (CCS technology) est une technologie consistant à nettoyer les particules de cendres en suspension dans l’air durant la combustion.

Le gaz restant est ensuite purifié pour donner un mélange presque pur de CO2 qu’il est possible de condenser sous forme liquide et d’enfouir dans les profondeurs marines. Cet enfouissement est controversé et non étayé scientifiquement mais le gouvernement britannique a donné son feu vert à quatre centrales prototypes qui utiliseraient cette technologie.

Le projet qui a mis du temps à démarrer en est encore au stade de la conception ; toutefois, la première de ces centrales devrait entrer en service en 2015 à Vettenfall en Écosse. Selon une étude récente (A recent study), le gaz pourrait représenter d’ici 2030 36 % de la consommation d’énergie au Royaume-Uni, le charbon 1 %, l’énergie éolienne 24 %, le nucléaire 20 %, les autres énergies renouvelables 12 %, et le charbon propre seulement 8 %. La construction de la plus grande centrale éolienne offshore (largest offshore wind plant) au monde s’est achevée en août 2009.

Cette centrale, située au large des côtes du Lincolnshire, est dotée de 54 turbines qui approvisionnent 130 000 foyers en électricité. Face au recul de la production pétrolière provenant du gisement Beatrice (the Beatrice oil field) dans le nord de l’Écosse, on a réagi en installant, en octobre 2007, deux turbines à vent géantes sur une ancienne plate-forme pétrolière, tirant ainsi profit de la technologie et du savoir-faire glanés en Mer du Nord avec le pétrole.

Voilà donc des tendances prometteuses, des projets de reconversion de plates-formes pétrolières sont d’ailleurs dans les tuyaux, mais la récession actuelle donne lieu à une valse-hésitation.

Selon le quotidien The Guardian, plusieurs entreprises opérant dans le secteur de l’énergie auraient déploré le fait que le gouvernement britannique n’accorde que de maigres subventions aux énergies renouvelables ; l’année dernière, Shell s’est retirée du projet London Array, le plus grand parc éolien offshore au monde.

L’objectif du gouvernement est d’atteindre 33 gigawatts (GW) d’éolien offshore d’ici 2020 mais il a déjà fallu attendre sept ans avant d’obtenir un accord sur 3 GW d’éolien offshore. Il semblerait que le fossé entre les objectifs et les progrès réalisés se creuse toujours davantage.


Alison Boyes

(Traduit de l’anglais par le service Traduction d’ARTE GEIE)

Article extrait du blog “L’Europe en débat” , partenariat Arte-Collège d’Europe





Source

L’Europe en débat - Partenariat Arte-Collège d’Europe


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