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Accord historique pour la biodiversité à Nagoya

Réunis en conférence à Nagoya (Japon) des 18 au 29 octobre derniers, les Etats parties à la Convention sur la biodiversité (CDB) sont parvenus à un accord, largement salué notamment par Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat en charge de l’Ecologie qui représentait la France dans ces négociations. L’accord, global, porte à la fois sur la Stratégie 2011-2020 de protection de la biodiversité, sur le Protocole d’accès et de partage des avantages liés à la nature, mais également sur le financement. Cet accord est pour beaucoup le signe que les négociations sur le climat de Cancùn, en décembre, pourraient également déboucher sur un compromis.

Accord sur un plan stratégique à l’horizon 2020 …

Pour Ahmed Djoghlaf, Secrétaire exécutif de la Convention sur la biodiversité, “l’histoire se souviendra que c’était ici à Nagoya qu’une nouvelle ère de vie en harmonie est née et qu’une nouvelle alliance mondiale pour protéger la vie sur Terre a été établie. L’histoire se souviendra aussi que ceci n’aurait pas été possible sans le leadership et l’engagement extraordinaires du gouvernement et du peuple du Japon. Si Kyoto est entrée dans l’histoire comme la ville ayant vu la naissance de l’accord sur le climat, on se souviendra de Nagoya comme la ville ayant vu naître l’accord sur la biodiversité” .

Les 122 ministres et cinq chefs d’États et de gouvernements constituant le segment ‘haut niveau’ de la Conférence de Nagoya, qui a rassemblé plus de 193 participants au total, sont parvenus le 29 octobre à un accord sur la Stratégie mondiale en faveur de la biodiversité d’ici 2020.

Cette stratégie, également appelée “Objectif d’Aichi” , s’articule autour de 20 objectifs, eux-mêmes organisés en vertu de cinq buts stratégiques qui visent à :

  • traiter des causes sous-jacentes à la perte de la biodiversité,
  • réduire les pressions sur la biodiversité,
  • sauvegarder la biodiversité à tous les niveaux,
  • améliorer les bienfaits fournis par la biodiversité,
  • faciliter le renforcement des capacités.

Parmi ces objectifs figurent la suppression en 2020 des subventions dommageables à la biodiversité ; la création d’un réseau d’espaces protégés de 17% de la surface terrestre et de 10% de la surface marine ; la réduction au moins de moitié ou, lorsque possible, à près de zéro le taux de perte d’habitats naturels, y compris les forêts ; la conservation et la restauration, les gouvernements restaureront au moins 15 pour cent des zones dégradées ; ou encore la réalisation d’un effort spécial pour réduire les pressions affligeant les récifs coralliens.

“L’Objectif d’Aichi” constituera le cadre général sur la biodiversité non seulement pour les conventions relatives à la biodiversité, mais pour le système des Nations Unies en entier. Les Parties ont accepté de convertir ce cadre international général en stratégie et plan d’action nationaux pour la biodiversité d’ici deux ans.

La conférence a également adopté une décision invitant l’assemblée générale des Nations Unies à créer au plus vite l’IPBES, le “GIEC de la biodiversité” . Cette plateforme aura pour mission d’éclairer scientifiquement les grands choix mondiaux en termes de conservation.

… et sur un plan financier pour atteindre ses objectifs

Nerf de la guerre, les discussions sur le financement des objectifs en faveur de la biodiversité ont été, une fois encore, parmi les plus animées et difficiles, comme nous l’expliquait Sandrine Bélier, eurodéputée française qui représentait le Parlement européen à Nagoya, dans une interview accordée la semaine dernière.

Jusqu’au milieu de la deuxième semaine de la conférence, les négociations sur ce point étaient totalement bloquées. Mais c’est l’annonce par la Belgique de son engagement financier qui a permis d’enclencher la machine et de voir de nombreux Etats suivre l’exemple. Ainsi, Le Premier ministre du Japon, M. Naoto Kan, a avancé la somme de 2 milliards de dollars américains en financement, et le ministre de l’Environnement du Japon a annoncé la mise sur pied d’un Fonds japonais pour la biodiversité.

Des ressources financières additionnelles ont été annoncées par l’Union européenne et la Norvège. Quelques 110 millions de dollars américains ont été mobilisés en soutien aux projets en vertu de l’Initiative LifeWeb de la CDB, concernant en particulier les aires protégées.

La France, de son côté, a annoncé, par la voix de Chantal Jouanno qui la représentait, son intention de porter à 10% le taux de l’aide publique au développement consacrée à la biodiversité dans les pays en développement. Cette aide publique sera ainsi doublée d’ici la fin 2012, puis augmentée progressivement pour atteindre 500 millions d’euros par an de financements globaux pour la biodiversité dès 2014.

Le protocole APA : un début de réponse pour les ressources génétiques

Lutter contre la ‘biopiraterie’ était l’un des objectifs majeurs. Prévu dans la Convention de Rio de 1992, mais toujours pas entré en vigueur, le Protocole sur l’accès et le partage des avantages liés à la nature était au coeur des négociations. Les pays du G77 y tenaient particulièrement. En effet, souvent propriétaires des ressources génétiques, ils en récoltent rarement les bénéfices.

Le Protocole APA fixe donc les règles de gestion et de partage des bénéfices provenant de la fabrication de médicaments, de cosmétiques ou de ressources vivrières. Ce protocole pourrait rapporter plusieurs milliards de dollars aux pays en voie de développement disposant d’importantes ressources naturelles.

Cet accord international n’a pas d’effet contraignant direct sur les Etats parties à la Convention, mais représente tout de même un apport non négligeable.



Sources

Une nouvelle ère de vie en harmonie avec la Nature est née au Sommet de Nagoya sur la biodiversité [pdf] - Communiqué de presse - 29/10/10 - Convention sur la biodiversité biologique

Accord de Nagoya, un grand pas pour la biodiversité - Communiqué de presse - 29/10/10 - Convention sur la biodiversité biologique - Ministère de l’Ecologie, de l’Energie, du Développement durable et de la Mer


En savoir plus

En direct de Nagoya : vivez la conférence sur la biodiversité avec Sandrine Bélier - Toute l’Europe

A la veille de la clôture des négociations, le point sur Nagoya avec Sandrine Bélier - Toute l’Europe

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