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A la veille de la clôture des négociations, le point sur Nagoya avec Sandrine Bélier

Cette semaine, Toute l’Europe vous fait vivre les négociations internationales sur la protection de la biodiversité grâce à Sandrine Bélier, députée européenne (Verts/ALE) membre de la commission Environnement, qui représente, avec d’autres collègues, le Parlement à Nagoya (Japon) depuis dimanche dernier. Elle revient aujourd’hui sur les dernières avancées, à la veille de la clôture des négociations.

“Il faut souligner la qualité de l’accueil et de l’organisation japonaise de cette conférence internationale. Par rapport à Copenhague l’année dernière, c’est royal ! On ne fait pas la queue le matin pour entrer, beaucoup de discussions se passent dans les hôtels, dans un climat favorable. Ce matin avec l’arrivée des officiels c’était le bal des voitures, mais tout cela s’est fait avec une fluidité impressionnante ! Le seul reproche pourrait être l’absence de traduction dans d’autres langues que l’anglais, mais cela est une question de moyens financiers. Je souligne également que grâce à Globe on a eu les moyens d’être actifs : les parlementaires n’étaient pas seulement observateurs, mais également acteurs de ces négociations !”

Il est minuit passé à Nagoya (17h à Paris, au moment de l’interview, Ndlr) et je sors juste d’un débriefing avec Jo Leinen, chef de la délégation du Parlement européen. Demain, dernier jour des négociations, je serai la seule représentante du Parlement encore présente.

Grâce à Globe, l’association internationale des parlementaires, j’ai réussi à obtenir le ‘badge magique’ pour entrer dans la salle des ministres demain. J’ai eu beaucoup de chance car il n’y avait que quatre laisser-passers. Cette salle, c’est un bonheur parce qu’il y a des interprètes français : on peut donc suivre les débats en travaillant, sans avoir à se concentrer en permanence comme pendant le reste des débats.

Tous les ministres sont arrivés, et j’ai été très satisfaite de l’intervention de Chantal Jouanno, qui représente la France, et qui a tenu un discours proche de la position que j’ai défendue au Parlement. Il s’agit cependant d’engagements d’ici 2012, nous ne sommes pas dupes, mais après les discussions d’hier je dois souligner le côté très positif de cette position !

En effet, nous avons ressenti hier ce que nous avions ressenti il y a un an après le discours de Barack Obama à Copenhague. Tout le monde attendait beaucoup, et cet espoir est retombé d’un coup. L’ambiance était morose lors du debriefing de la Commission européenne hier soir : après tout le travail accompli par les négociateurs techniques dans les groupes de travail, la plénière a repris les textes et commencé à tout renégocier. On était donc persuadé hier qu’il n’y aurait pas d’accord.

Mais un typhon a été annoncé pour samedi sur Nagoya, et donc tout le monde doit partir au plus tard samedi matin pour ne pas rester bloqué. Les négociateurs vont travailler toute la nuit et cela accélère un peu les discussions. Et puis surtout, dans tous les discours, on constate que les Etats parties ont pris conscience que s’il n’y a pas d’accord à Nagoya, il n’y en aura pas non plus à Cancùn.

Sur le plan du financement de la protection de la biodiversité, malgré l’annonce du Japon, on avait toujours hier aucun engagement financier et c’est sur ce point que se crispent les négociations. L’Afrique a demandé la création d’un fonds spécifique au protocole ABS (sur l’accès et le partage des avantages liés à la nature), ce qui n’était pas prévu initialement. Chantal Jouanno a donné son accord, et la création de ce fonds pourrait débloquer la question des pathogènes. Les pays du Sud, qui détiennent les gènes des ressources naturelles, demandent à ce que cela rentre dans le protocole avec des règles strictes, tandis que les pays du Nord demandent qu’il y ait un régime d’exception qui permette, notamment en cas d’épidémie, d’accéder aux gènes en urgence, gratuitement, et sans aucune règle.

En ce qui concerne le déroulement des négociations, les déclarations des représentants des Etats parties ont commencé cet après-midi et continueront demain. La plupart des textes doivent être finalisés dans la nuit. Il restait hier deux points à revoir sur le Plan stratégique pour la biodiversité (2020-2050), notamment sur les forêts, et le groupe de travail a rendu sa copie en début d’après-midi. Le texte n’est toujours pas diffusé mais sera soumis à la plénière demain.

L’ensemble des textes doit être fini pour demain matin, afin d’être présenté en plénière et pouvoir recevoir un éventuel accord. Le problème, c’est qu’il y a trois articles, dont deux importants, dans le Plan stratégique pour la biodiversité qui renvoient à l’accord ABS. Il est donc indispensable de trouver un accord sur le protocole ABS, car les deux sont liés ! Ce qui est intéressant c’est que le fait d’avoir dit “un accord sur les trois textes ou rien” a poussé les parties à réfléchir à l’idée d’un package global, en 2012, qui regrouperait la biodiversité, le climat, et lutte contre la pauvreté.

Ce qui est important avec le protocole ABS c’est qu’au-delà des intentions il s’agit d’un véritable outil, un véritable mécanisme comme l’est REDD (programme proposé par les Nations Unies pour Réduire les Emissions issues de la Déforestation et de la Dégradation des forêts, Ndlr) pour le climat. Ce sont des points concrets, et ça c’est important.

En savoir plus

En direct de Nagoya : vivez la conférence sur la biodiversité avec Sandrine Bélier - Toute l’Europe

Sandrine Bélier : “A Nagoya, on obtiendra un accord global ou rien” - Toute l’Europe

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