Le risque d’une nouvelle crise financière
Libération propose une vision sans équivoque et titre “l’économie mondiale au bord du gouffre” . Un article de décryptage, où le quotidien estime que “la chute des Bourses est l’un des symptômes du dérèglement des systèmes bancaire, financier et monétaire” , avant de s’interroger : est-ce “l’annonce d’une crise de forte magnitude ?”
Pour Les Echos, “la zone euro [est] face au risque d’une nouvelle crise financière” . “Tout, mais pas ça” , s’inquiète le journal. “Alors qu’une bouffée d’inquiétude s’est emparée des marchés internationaux, la zone euro ne veut pas revivre les affres qu’elle a traversées dans la foulée de la crise financière internationale” .
Les causes du “mal” se mêlent aux pompiers pyromanes
Dans un éditorial cette fois-ci, Eric Le Boucher Des Echos s’insurge : “le mal n’est plus dans la finance mais dans la politique. La finance est sans tête, portée par le déluge de liquidités déversées par les banques centrales. Mais, contrairement à 2008, elle n’est pas à l’origine du mal. C’est le politique, corseté par les rigidités du monde d’avant, qui attise la crise” . Le Monde établit le parallélisme, “les Bourses asiatiques et européennes plongent” . Interconnectées, les bourses mondiales se suivent dans l’inquiétude.
Guère plus optimiste, Libération parvient à dégager cinq éléments-clés permettant d’affirmer qu’un assainissement des places boursières ne semble pas se profiler à l’horizon. Les banques sont “surexposées […] la palme de la chute […] revient à la Deutsche Bank” . Facteur d’ampleur mondiale, le “pétrole est au fond du trou. […] Un manque à gagner pour l’économie mondiale (réelle) de 2400 milliards de dollars” . Pour lutter contre ces éléments, il ne faudra pas compter sur “une croissance en berne” , ni sur “une économie-monde de plus en plus casino” .
Dernier facteur identifié par le journal, “des banques centrales incendiaires” . Le mot clé du jour pour les analystes économiques, que l’on retrouve par exemple chez l’Express : ce sont les “banquiers centraux [qui] jouent les pompiers pyromanes” . Il en va de même pour Les Echos, dans un second éditorial sobrement intitulé “les pompiers pyromanes” qui annonce une entrée “dans l’ère de ‘la crise financière permanente’, selon l’expression de l’économiste Patrick Artus” .
Les dirigeants européens assurent la solidité de leur économie
Pourtant, les “banques européennes sont robustes, affirment les dirigeants de l’Eurozone” [EUObserver]. Selon “le président de l’Eurogroupe, Jeroen Dijsselbloem […] les banques de cette zone, [sont] structurellement dans une bien meilleure situation qu’il y a quelques années” , rapporte Romandie. “L’Eurogroupe reste ferme sur des règles bancaires plus sévères” , indique encore le Financial Times.
L’état des économies européennes reste éparse
Facteur d’accentuation de cette probable crise financière, les notables différences entre les économies attisent elles-aussi les passions de par l’Europe. La Tribune qualifie la Deutsche Bank de “colosse aux pieds d’argile” , tandis que Les Echos se demandent : “la bourse de Paris proche de la capitulation ?” . Au même moment, “la banque centrale suédoise intervient à nouveau pour relancer l’inflation et faire baisser sa devise. C’est une mesure qui est à la fois un constat d’impuissance et la marque de la volonté de se battre” indique le quotidien.
Le sud de l’Europe logiquement n’échappe pas non plus aux invectives. “Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a exigé jeudi du Portugal qu’il respecte ses engagements budgétaires et poursuive ses réformes” [Romandie]. L’Eurogroupe prend position et prie Athènes “de faire davantage sur les retraites” selon Swissinfo. Et tandis que “Rajoy évoque une éventuelle flexibilité” sur le budget espagnol, Bruxelles lui réserve un “accueil glacé” [Boursorama / AFP].