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Un sommet franco-italien sous haute surveillance

Le projet ferroviaire Lyon-Turin sera au cœur du sommet franco-italien organisé, mercredi 20 novembre, à Rome. Cette liaison à grande vitesse à travers les Alpes est défendue par Paris et Rome. Un sommet placé sous haute surveillance car les opposants au projet ont promis de manifester dans le centre de Rome sous la bannière des « No Tav » (“pas de TGV”). Le sommet sera également l’occasion pour les deux partenaires transalpins d’arrêter des positions communes sur l’Europe de la défense, l’Union économique et monétaire (UEM) et la politique migratoire.

Hollande & Letta

Un tunnel Lyon-Turin dont on ne voit pas le bout

Plus de 3 000 policiers surveilleront le centre de Rome et les abords de Villa Madame, le palais romain où se tiendra le sommet franco-italien. Les opposants au projet Lyon-Turin promettent en effet d’envahir la capitale. Le projet d’un coût estimé à 26 milliards d’euros, devrait être financé à hauteur de 40% par l’Union européenne, de 35% par l’Italie et de 25% par la France.

Pour ceux qui le soutiennent, ce chantier est essentiel car il permettra de bâtir un système de transport durable dans les Alpes, grâce à un important report du transport routier vers le rail. Il devrait également améliorer les liaisons entre les grandes agglomérations alpines des deux pays en réduisant par exemple le temps de trajet Paris-Milan à 4 heures (contre 7 heures aujourd’hui).

Pour ses détracteurs, qui se battent depuis plus de dix ans, en particulier la population de la Vallée de Suse, dans le Piémont, ce projet endettera inutilement l’Italie et la France, sur fond de crise économique et de surendettement du secteur ferroviaire français (SNCF) comme italien (Ferrovie dello Stato). D’autant que des études géologiques indiquent la présence d’uranium et d’amiante dans les montagnes de la Vallée de Suse qui devraient être traversées par de longs tunnels, d’où la crainte qu’à l’occasion des travaux ces substances se répandent dans l’environnement.



(Afp Photo/ Bertorello)

Une manifestante du groupe “No Tav” embrassant un policier. La photo a suscité de très nombreux commentaires sur les réseaux sociaux italiens.

Affaire à suivre donc alors que le Parlement européen vient tout juste d’adopter, mardi 19 novembre, le nouveau mécanisme pour l’interconnexion en Europe (MIE).

L’objectif affiché est d’accélérer le financement afin d’achever des réseaux transeuropéens importants en matière de transports, d’énergie et de télécommunications.
Sur un budget total d’environ 29,3 milliards d’euros pour la période 2014-2020, 23,2 milliards seront alloués au secteur des transports pour d’améliorer les connexions transfrontalières et éliminer les goulets d’étranglement. 5,12 milliards d’euros seront consacrés à l’énergie, afin de moderniser les infrastructures et d’accroître la sécurité de l’approvisionnement. Enfin, un milliard d’euros sera attribué aux télécommunications en vue d’encourager le développement des services numériques.

Lors d’un vote distinct, les parlementaires ont également approuvé les lignes directrices du développement du réseau transeuropéen de transport (RTE-T) dont l’objectif est de créer un réseau transeuropéen de transports “route-rail-air-eau” efficace.

Europe de la défense, UEM et politique migratoire

Le sommet franco-italien sera également l’occasion pour François Hollande et Enrico Letta d’arrêter des positions communes sur l’Europe de la défense, sujet du prochain Conseil européen qui aura lieu au mois de décembre.

Paris et Rome ont déjà pris date pour le projet européen de nouvelle génération de drones MALE (moyenne altitude-longue distance) à l’horizon 2020 grâce à l’union de Dassault Aviation, d’EADS et du groupe italien Finmeccanica.

L’industrie européenne souffre en effet de lacunes dans ce type d’armement alors que le recours aux drones de surveillance s’est fortement accru ces dernières années sur les théâtres d’opérations militaires tels que l’Afghanistan, la Libye ou le Mali et que l’UE souhaite s’en doter pour surveiller ses propres frontières.

Les deux dirigeants se pencheront également sur la volonté exprimée par les Européens de procéder à l’achat groupé de ravitailleurs en vol, de développer un système commun de satellites de communication et de lutter contre le cyber-espionnage qui avait bouleversé l’agenda européen en octobre dernier.

Sur le front de l’UEM, les deux chefs d’Etat et de gouvernement veulent s’assurer que le volet dit de “résolution” de l’union bancaire, un des sujets majeur à l’agenda européen, ne prendra pas de retard.

Les pays de la zone euro ont déjà accepté de placer leurs banques sous la supervision unique de la Banque centrale européenne (BCE) dès novembre 2014 mais ils doivent encore se mettre d’accord sur une méthodologie pour recapitaliser une banque ou la démanteler sans créer de crise systémique.

Un accord politique au Conseil de décembre permettrait de mettre sur les rails le volet résolution de l’Union bancaire avant la pause législative due aux élections européennes et alors que l’Italie prendra la présidence tournante du Conseil européen au second semestre 2014, juste après l’échéance électorale.

Enfin, les deux dirigeants devraient aborder la délicate question migratoire, sur laquelle l’Italie est en première ligne après le drame survenu à Lampedusa le 3 octobre dernier.

Le prochain Conseil européen se penchera notamment sur la question de l’augmentation des moyens de l’agence Frontex et du système Eurosur, une demande qui devrait être appuyée par Paris, qui a d’ores et déjà accepté de prendre “sa part du fardeau” .

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