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Un climat social en effervescence au sein de l’Union européenne

Le climat social dans l’Union européenne a fait l’objet, en début de semaine, d’un vif intérêt au niveau européen. Alors qu’une enquête Eurobaromètre met en avant le pessimisme des citoyens européens vis-à-vis de l’économie de leur Etat et leur relatif optimisme au regard de leur condition de vie, un sommet social tripartite semestriel s’est déroulé le 17 octobre à Bruxelles. Quelques jours avant, le mouvement des indignés a réuni plusieurs milliers de personnes dans de nombreuses villes d’Europe et du monde.

Un mécontentement face à la manière dont les Etats membres luttent contre les inégalités

Publiée le 17 octobre 2011, l’enquête Eurobaromètre sur le climat social dans l’UE a révélé que les citoyens européens sont pessimistes vis-à-vis de leur économie nationale. Même s’ils jugent le coût de la vie quotidienne plus élevé, les ressortissants des vingt-sept Etats membres de l’UE se considèrent plutôt optimistes concernant leur situation personnelle, les citoyens des pays nordiques et du Benelux étant les plus satisfaits.

Cette enquête met en avant le mécontentement des citoyens européens concernant la manière dont leur pays lutte contre les inégalités et la pauvreté. Les citoyens les plus mécontents sont les citoyens habitant en Grèce, en Lettonie, en Lituanie et en Roumanie (-5 points ou moins encore par rapport à l’enquête de 2010), les luxembourgeois ayant été les seuls à avoir donnés une note positive à ce sujet.

Le commissaire européen à l’Emploi, aux affaires sociales et à l’inclusion, László Andor, a souligné que les résultats de cette enquête mettaient en évidence l’élargissement du fossé entre les différents pays par rapport à 2010, la situation s’améliorant dans les pays plus riches et se dégradant dans ceux situés au bas de l’échelle.

La Stratégie Europe 2020 a été adoptée par la Commission européenne en mars 2010. Cette stratégie a pour but de sortir de la crise et de préparer l’économique de l’UE pour la décennie à venir.

Trois grands moteurs de croissance ont été dégagés à mettre en œuvre aux niveaux européen et nationaux :

- une croissance intelligente : promouvoir la connaissance, l’innovation, l’éducation et la société numérique ;

- une croissance durable : rendre notre production plus économe en ressources tout en dopant notre compétitivité ;

- une croissance inclusive : renforcer la participation au marché du travail, l’acquisition de compétences et la lutte contre la pauvreté.


La lutte contre la pauvreté et les inégalités figure à l’ordre du jour de la première convention annuelle de la Plateforme européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale, se déroulant les 17 et 18 octobre 2011 à Cracovie. Mise en place par la Stratégie Europe 2020 pour une croissance intelligente, durable et inclusive de la Commission européenne, la Plateforme européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale est un moyen d’atteindre l’objectif fixé de réduire de 20 millions les personnes touchées par la pauvreté.

Cette première rencontre réunit près de 350 participants, aussi bien des autorités nationales et régionales représentées par leurs ministres que des instances non institutionnelles, des ONG ou encore des partenaires sociaux. Elle est l’occasion de mettre en avant des projets nationaux et européens en matière de pauvreté.

Un taux de chômage des jeunes inquiétant

L’objectif de croissance visé par la Commission européenne dans sa stratégie Europe 2020 passe également par une augmentation des emplois. Or le suivi mensuel du marché du travail du mois d’octobre 2011 par les services de la Commission européenne montre que le taux de chômage dans l’UE se stabilise à 9,5 %, avec de fortes disparités au sein des Etats membres.

En Autriche, au Danemark et en Allemagne, le taux de chômage est stable, mais une forte augmentation a eu lieu en Grèce, en Espagne et en Irlande. De même, une forte détérioration a été enregistrée en France et au Royaume-Uni.

Le taux de chômage des jeunes reste toujours préoccupant. En effet, plus d’un jeune sur cinq est au chômage dans l’UE. C’est en Espagne et en Grèce que leur taux de chômage a connu une forte augmentation, atteignant un chiffre supérieur à 40 %. Face à cette situation, lors du sommet social tripartite qui s’est déroulé le 17 octobre 2011, le président de la Commission européenne a rappelé que “la très nette hausse du chômage dans l’Union européenne constitue le symptôme social le plus douloureux de cette crise économique” . “Nous entendons en particulier le message de frustration et de colère de nos jeunes. C’est la raison pour laquelle je souhaite que les prochaines recommandations par pays formulées par la Commission tiennent compte de la situation critique des jeunes dans chacun des États membres” a expliqué M. Barroso.

Le sommet social tripartite a lieu deux fois par an, avant les conseils européens de printemps et d’automne. Il constitue un moment privilégié pour les échanges de vues entre les partenaires sociaux, la Commission et les chefs de gouvernement et ministres de l’emploi du pays qui exerce la présidence et des pays qui assureront les deux suivantes.


Le rôle des partenaires sociaux a également été abordé lors de cette réunion. Leur association aux programmes nationaux de réformes économiques a été soulignée.

“La création d’emplois doit aller de pair avec la reprise. […] Tout en accélérant le rythme des réformes structurelles, en améliorant la gouvernance et en renforçant la coordination des politiques économiques, nous devons aussi trouver le juste équilibre entre l’assainissement budgétaire et l’adoption de politiques qui soutiennent la croissance et créent de l’emploi. Dans ce contexte, il nous faut renforcer le dialogue social à tous les niveaux, dans tous les pays” a indiqué László Andor, commissaire européen à l’Emploi, aux affaires sociales et à l’inclusion.


Voir le JT d’EuroparlTV sur la crise sociale :

Une crise sociale illustrée par les nombreux rassemblements des indignés en Europe

La crise sociale, conséquence de la crise économique que connaît actuellement l’Europe, a fait l’objet de nombreuses manifestations en Europe et dans le monde ce week-end. Le mouvement des indignés a en effet réussi à réunir plusieurs milliers de personnes dans les grandes capitales des Etats européens.

Entre 5 000 et 6 000 personnes se sont rassemblées à Francfort, en Allemagne, devant le siège de la Banque centrale européenne (BCE) devant lequel est érigé un grand symbole de l’euro bleu et jaune. De nombreux manifestants ont dressé des pancartes sur lesquels pouvaient être lus les slogans suivants : “Ne bradons pas la démocratie à la BCE” ou encore “Brisons la dictature du capitalisme” . A Lisbonne, plus de 20 000 manifestants ont encerclé le palais Sao Bento, où siège le Parlement portugais ; à Porto, deuxième ville du pays, 20 000 autres personnes étaient présentes. Le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures d’austérités qui seront examinées cette semaine par le Parlement.

A Londres, environ huit cents manifestants se sont réunis autour de Julian Assagne, fondateur de WikiLeaks, devant la cathédrale Saint-Paul, proche du quartier financier de la City. A Madrid, ville emblématique d’origine du mouvement des indignés, les manifestants se sont divisés en cinq colonnes, et se sont déplacés depuis les quartiers périphériques jusqu’à la célèbre Puerta del Sol. A Rome, enfin, des centaines de milliers de manifestants (entre 100 000 et 200 000 selon les médias) ont également répondu samedi 15 octobre à l’appel du mouvement des. Malgré une forte mobilisation policière de près de 1 500 hommes, de nombreux incidents ont éclaté en fin de journée faisant quelques 130 blessés.

Un mouvement social soutenu par des personnalités européennes

De nombreuses personnalités européennes, dont la chancelière allemande Angela Merkel, ont apporté leur soutien aux rassemblements de ce weekend. José Manuel Barroso a souligné qu’il comprenait “tout à fait la frustration des indignés (…) qui est la conséquence, dans une large mesure, de ce qui se passe dans le secteur financier” . Et d’ajouter que “le secteur financier “doit comprendre qu’il faut respecter un minimum de critères éthiques” .

De son côté, Herman Von Rompuy a également qualifié de “légitimes les inquiétudes des jeunes pour la croissance et l’emploi” , trouvant “compréhensible” que les mesures d’austérité prises dans un grand nombre de pays ne soient “pas populaires” . Il a cependant ajouté qu’ “il est de notre responsabilité de dépasser cette période d’impopularité pour assurer un avenir meilleur” .

La position des deux dirigeants européens a été critiquée par le Premier ministre russe, Vladimir Poutine. Pour ce dernier, MM. Barroso et Von Rompuy ne sont pas en mesure de répondre aux revendications des indignés. Peu développé en Russie, ce mouvement social ne s’étendra pas aux pays selon le dirigeant russe. ” Nous allons remplir toutes nos obligations sociales vis-à-vis des citoyens. […] La population, les citoyens de Russie doivent sentir, dans leur budget quotidien, dans leur santé, dans l’éducation de leurs enfants, que quelque chose change dans le pays, et dans le bon sens” a-t-il indiqué.

L’agence des statistiques russe Rosstat avait pourtant, fin septembre, mis en exergue que le nombre de Russes vivant en dessous du seuil de pauvreté (avec moins de cinq euros par jour) avait augmenté de 2 millions par rapport à l’année précédente.

Etonnamment, Jean-Claude Trichet, président de la BCE dont le mandat se termine dans deux semaines, a aussi soutenu le mouvement des indignés, affirmant qu’ “il y a évidemment un ensemble de leçons à tirer de la crise qui sont des leçons très dures : il n’est pas possible de laisser un système financier et par voie de conséquence un système économique au niveau mondial qui soit aussi fragile” . Son successeur à la BCE, Mario Draghi, actuellement gouverneur de la Banque d’Italie, est lui aussi venu appuyer le mouvement : “les jeunes ont raison d’être indignés. […]Ils sont en colère contre le monde de la finance. Je les comprends” a-t-il déclaré en marge de la réunion du G20 à Paris.

Très attendu, le prochain sommet européen aura lieu dimanche 23 octobre à Bruxelles.



En savoir plus

Rapport sur le climat social, 2011 [pdf] (en anglais) - Eurobaromètre

Plateforme européenne contre la pauvreté et l’exclusion sociale - Commission européenne

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