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[Tribune] Deux ans après le sommet social de Porto : concrétiser le socle européen des droits sociaux

L’Europe sociale connaît un nouveau souffle depuis plusieurs années. Une dynamique qui doit être poursuivie dans l’intérêt de tous, affirment 37 personnalités européennes dans une tribune cosignée à l’occasion du Forum social de Porto, les 26 et 27 mai dernier.

L’Europe, ce sont les personnes qui l’habitent.

Ce sont les travailleurs, les entreprises et la société civile. C’est veiller à ce que l’ensemble des personnes et des entreprises aient les mêmes chances. C’est créer des emplois de qualité, qui permettent à chacun d’exprimer tout son potentiel et qui garantissent des conditions de vie décentes pour tous. C’est améliorer les perspectives des jeunes générations et renforcer l’accès à des services d’intérêt général de qualité, parmi lesquels les soins de longue durée aux personnes âgées. C’est aussi assurer l’égalité entre femmes et hommes ainsi que l’égalité des chances et des droits pour tous.

L’Europe, c’est encore construire une économie toujours plus durable, plus compétitive et plus inclusive, dans laquelle le dialogue social et la négociation collective contribuent activement à ces transformations positives.

C’est enfin garantir la participation et l’inclusion de toutes les personnes, y compris les personnes handicapées, les sans-abri ou les personnes vulnérables. Pour une société dans laquelle personne n’est laissé pour compte, quels que soient son sexe, son statut social, sa santé, son appartenance ethnique, son orientation sexuelle ou son origine.

Il y a deux ans, la présidence portugaise du Conseil, la Commission européenne, le Parlement européen, les partenaires sociaux et la société civile ont annoncé leur intention de consolider l’engagement déjà pris au titre du socle européen des droits sociaux à Göteborg et de poser les jalons d’une reprise inclusive, durable, juste et génératrice d’emplois, tout en reconnaissant que sa mise en œuvre doit intervenir tant à l’échelon de l’Union qu’à l’échelon des États membres, selon leurs compétences respectives.

L’engagement social de Porto et la déclaration de Porto ont fait progresser les objectifs européens : nous avons donné un nouveau souffle au contrat social européen, en promettant de continuer de mettre au point des réponses innovantes et inclusives aux défis présents ou à venir.

Au début de l’année 2022, alors que l’application des plans nationaux pour la reprise et la résilience commençait à favoriser la reprise économique et sociale après le choc causé par la pandémie, l’invasion de l’Ukraine par la Russie a marqué le retour de la guerre en Europe.

Nous sommes encore loin de pouvoir mesurer tous les effets de cette guerre d’agression menée par la Russie en Ukraine, en particulier sur les personnes les plus vulnérables de nos sociétés. En revanche, cet acte cruel et illégal a resserré les liens de solidarité entre les Européens et nous a obligés à trouver des réponses au débat stratégique sur l’influence de l’Europe dans le monde. Il est temps de réfléchir à la place, centrale, du modèle social européen et de nos politiques sociales communes dans une Europe plus large et plus forte.

Aujourd’hui, l’Union européenne est également confrontée à des défis structurels majeurs, tels que les transitions écologique et numérique, les évolutions démographiques, les mutations — constantes — du monde du travail, ou encore la persistance des inégalités et de la pauvreté, qui s’accompagne d’une inquiétante érosion de la classe moyenne. Ces défis structurels touchent non seulement les États membres de l’Union, mais aussi les pays qui ont l’ambition d’adhérer à celle-ci et déploient des efforts dans cette perspective.

C’est sur cette toile de fond que s’est tenue les 26 et 27 mai la première édition du Forum social de Porto, initiative biennale promue par le gouvernement portugais avec le soutien de la Commission européenne, en étroite coopération avec le Parlement européen, et associant les partenaires sociaux et la société civile. Cette manifestation, qui a eu lieu deux ans après le sommet social de Porto, a été l’occasion d’approfondir les discussions sur l’importance de la dimension sociale dans le projet européen.

Elle a permis de reconnaître que notre modèle social est un atout sur la scène mondiale et de souligner — dans le contexte de l’Année européenne des compétences — en quoi des politiques solides en matière de compétences, d’éducation et de formation peuvent concourir à la création de meilleurs emplois et à une intégration plus rapide sur le marché du travail, favoriser l’inclusion sociale et, partant, accroître la résilience et la compétitivité de l’économie et de la société de l’Union. Les participants ont en outre examiné comment utiliser les instruments les plus adaptés tout en respectant le principe de subsidiarité et en limitant la charge administrative qui pèse sur les petites et moyennes entreprises.

Il a de plus été mis en évidence qu’il importe d’appliquer une stratégie intégrée pour lutter contre la pauvreté et répondre à la question multidimensionnelle de l’exclusion sociale et de l’accès aux services essentiels pour tous, notamment les enfants. La mise en œuvre effective de la garantie européenne pour l’enfance est, à cet égard, un élément essentiel au succès du socle européen des droits sociaux.

Loin de représenter des dépenses inutiles, l’éducation et la formation sont un investissement avisé dans le développement humain. L’Europe doit rehausser son rôle de chef de file pour ce qui est de repousser les frontières de la connaissance et de développer de nouvelles technologies. Cependant, la meilleure des technologies n’a d’intérêt que si des travailleurs qualifiés sont capables de la mettre en place et de la faire fonctionner.

Les personnes doivent avoir la possibilité de s’engager dans l’apprentissage tout au long de la vie, et les PME et les grandes entreprises doivent trouver les talents dont elles ont besoin pour prospérer.

Ainsi, il ne fait nul doute que la prospérité économique de l’Union va de pair avec sa forte dimension sociale. Il nous faut davantage mettre en relief les droits sociaux et renforcer l’évaluation des normes sociales et de la convergence sociale ascendante, dans le cadre d’une gouvernance socio-économique durable ancrée dans le tripartisme, à un moment où l’Union est à un tournant décisif.

Deux ans après le sommet de Porto, nous réitérons les engagements respectifs que nous avons pris dans l’engagement social de Porto et dans la déclaration de Porto, ainsi que notre détermination à perpétuer l’esprit qui y a présidé.

Ensemble, nous continuerons à mettre pleinement en œuvre les principes du socle des droits sociaux.

L’avenir de l’Union réside dans les personnes ; il doit donc tout naturellement être social.

Par Ana Mendes Godinho, Agnes Jongerius, Ane Halsboe-Jørgensen, Claude Haagen, Dennis Radtke, Dragos Pîslaru, Eleni Gioti, Esther Lynch, Evika Siliņa, Frank Vandenbroucke, Georges Engel, Harry Kyriazis, Heather Humphreys, Hubertus Heil, Johannes Rauch, José Luis Escrivá, Luka Mesec, Karien van Gennip, Marian Jurečka, Marin Piletić, Marlena Maląg, Miguel Falzon, Monika Navickienė, Neale Richmond, Nicolas Schmit, Oliver Röpke, Olivier Dussopt, Pierre-Yves Dermagne, Piotr Sadowski, Signe Riisalo, Soňa Gaborčáková, Tuula Haatainen, Valeria Ronzitti, Vasco Cordeiro, Véronique Willems, Yiannis Panayiotou et Yolanda Díaz Pérez

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