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Sommet de Berlin : consensus européen autour d’un “new deal” de la finance mondiale avant le G20

Sur invitation d’Angela Merkel, les pays européens du G20 (France, Grande- Bretagne, Allemagne Italie) accompagnés de l’Espagne et des Pays-Bas se sont réunis dimanche 22 février à Berlin pour dépasser leurs divergences et poser les bases d’une nouvelle régulation financière mondiale.

A l’issue du sommet, les différents acteurs sont parvenus à s’accorder sur une position commune malgré les réticences initiales de Gordon Brown, soutenant le rôle mineur des “hedge funds” , fonds spéculatifs à risque, dans la crise économique et financière qui touche l’Union européenne.

En préambule des négociations, les Européens ont réaffirmé leur attachement au libre marché. La volonté première des partenaires économiques a été de désamorcer la crise du protectionnisme avant de s’atteler au programme commun défendu lors du prochain G20.

La réaffirmation du refus du protectionnisme

En toile de fond, les accusations de protectionnisme prononcées à l’égard de certains pays européens, dont la France, ont été balayées par les discours des dirigeants politiques. Pour rappel, la Pologne et l’Allemagne avaient taxé le plan d’aide français au secteur automobile de protectionniste, qui invitait ses bénéficiaires à rapatrier leur production sur le territoire hexagonal.

Cette menace protectionniste est aujourd’hui dissipée, les gouvernants s’étant engagés “à ce que les mesures de relance et plans de sauvetage des banques soient mis en oeuvre de façon à réduire au maximum les distorsions à la concurrence” .

Les pays présents ont unanimement rejeté toutes tentations de repli économique, assurant que la seule manière de sortir de cette crise repose sur le libre marché et l’égalité des échanges.

Les sept priorités du “New Deal” financier européen

Sept priorités ont été définies avant la tenue du sommet de Berlin, mais toutes n’ont pas la même importance.

En effet, les conclusions du sommet placent la lutte contre les paradis fiscaux, la régulation des fonds spéculatifs et le contrôle de la rémunération des traders, voire des patrons de banque, et le renforcement du Fonds monétaire international en tête de liste du programme d’actions que les Européens proposeront lors du G20.


La lutte contre les paradis fiscaux

La lutte contre les paradis fiscaux figure en tête des priorités européennes alors qu’elle n’a même pas été évoquée lors du dernier G20 de novembre à Washington.

Nous voulons créer des sanctions pour mieux nous protéger contre les dangers émanant des juridictions non coopératives notamment des paradis fiscaux

Communiqué final du sommet de Berlin

Le retour au premier plan de la question des paradis fiscaux coïncide avec la multiplication des affaires révélées par la presse : la demande de levée du secret bancaire qui a opposé l’Allemagne au Liechtenstein ou plus récemment la requête américaine à l’égard de la banque UBS lui demandant la communication de l’identité de détenteurs de comptes suisses.

L’idée de sanction est un fait nouveau dans cette nouvelle réglementation internationale. La lutte contre les paradis fiscaux passe par la sanction et cela les dirigeants des quatre pays les plus industrialisés d’Europe l’ont bien compris.

Ils veulent lister “ceux qui refusent la coopération internationale” , en d’autres termes les “juridictions non coopératives” qui rechignent à prêter main forte à la lutte contre l’évasion fiscale.

La Chancelière Angela Merkel évoque même la possibilité d’établir une ‘black list’ dès le 2 mars.

Un meilleur contrôle des hedge funds, “trous noirs de la finance”

Hedge funds

Un hedge funds est regroupement privé d’investissement qui a pour objectif la performance absolue. Il peut investir sur la hausse comme sur la baisse grâce à toute sortes d’instruments financiers ; vente à découvert, contrat à terme, levier, produits dérivés ; options.…
Autre priorité, qui a retenu l’attention des pays présents : les “hedge funds” ou fonds d’investissement spéculatifs. Les représentants ont paru plus divisés sur cette question, en particulier la Grande- Bretagne qui a profité pleinement de ces placements à risque mais aussi à forts rendements avant l’éclatement de la bulle financière.

Critiqués pour leur rôle d’accélérateur de la crise, les “hedge funds” sont en passe d’être “soumis à des mesures de surveillance ou de régulation” plus fortes afin d’assurer “la transparence de toutes les institutions financières dont les hedge funds” .

Mais le communiqué final n’est pas aussi tranché que les déclarations politiques prononcées par les dirigeants européens. En effet, sa formulation alambiquée propose “soit une supervision des marchés soit une régulation” .

Cette formule peu contraignante laisse le “choix des armes” aux pays européens dans le contrôle de leurs “hedge funds” . Cette position en demi-teinte s’explique surtout par la pression britannique sur ses homologues européens, la plupart des “hedge funds” siégeant à la City.

Une surveillance accrue des rémunérations des traders… voire des banquiers

Autre source d’inquiétude pour les Européens, les rémunérations des traders et de certains banquiers “boostés” par les performances et donc quelquefois par des prises de risques inconsidérés.

Prenant l’exemple de Barack Obama qui a plafonné à 500 000 dollars les rémunération des patrons de banques soutenues par des fonds publics, le G4 envisage de limiter les salaires des travailleurs de la finance.

Par ailleurs, les dirigeants européens ont souhaité que les banques se recentrent sur leurs tâchent traditionnelles au lieu rechercher un profit rapide à court terme : “Les banques doivent servir le public plutôt que de spéculer avec l’argent du public” a ainsi averti Gordon Brown.

Renforcer le FMI

Enfin, les gouvernants européens ont appelé au renforcement du Fonds monétaire international (FMI), en proposant un doublement de ses ressources à 500 milliards d’euros.

L’objectif est de permettre aux pays en grande difficultés, et notamment aux pays de l’Est de l’Europe, d’obtenir des fonds indispensables au soutien de leurs économies, victimes du rapatriement des capitaux des banques occidentales.

Ce panel de mesures vise à “restaurer la confiance” et à “assainir la situation financière” mondiale. Mais si “l’Europe veut la refondation du système […] grâce à des mesures structurelles avec des sanctions à la clé de la nouvelle réglementation” acceptées par tous, il faudra au préalable qu’elle parle d’une seule et même voix lors du prochain G20.

Sources

Présidence de la République française : conférence de presse des chefs d’Etat et de gouvernement européens du 22 février 2009

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