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[Revue de presse] Rail : la Commission européenne autorise Alstom à racheter Bombardier Transport

Cinq mois après en avoir fait la demande, le géant français du transport ferroviaire Alstom a été autorisé par la Commission européenne à racheter le canadien Bombardier Transport vendredi 31 juillet. L’exécutif européen contribue ainsi à renforcer la position d’Alstom face à ses rivaux internationaux, mais exige en retour de sérieuses contreparties pour préserver la concurrence au sein du marché unique.

Un train Alstom AGV, à la gare de Rome Termini, le 19 mars 2018 - Crédits : istockphoto / Gwengoat
Un train Alstom AGV, à la gare de Rome Termini, le 19 mars 2018 - Crédits : istockphoto / Gwengoat

Un grand ‘ouf’ de soulagement pour Alstom” , résume La Croix. Le 31 juillet dernier, la Commission européenne a en effet avalisé le programme de rachat de Bombardier Transport, “numéro 4 mondial du matériel ferroviaire” , rappelle Capital. La fusion, dont le coût est estimé à 6,2 milliards d’euros, devrait être effective au premier semestre 2021. Elle permet à Alstom de “s’armer face à la concurrence chinoise dans un secteur dopé par la demande pour les transports verts” [L’Usine Nouvelle]. Et de renforcer son statut de “numéro deux mondial du ferroviaire, fort d’un chiffre d’affaires de 15,5 milliards d’euros et de 76 000 salariés dans le monde” , note Le Figaro. Après un mariage avorté avec son homologue allemand Siemens, invalidé par la Commission européenne, le géant français des transports a donc enfin trouvé chaussure à son pied.

“Mesures correctives” pour préserver la concurrence

Le patron d’Alstom, Henri Poupart-Lafarge, s’est réjoui du “dialogue extrêmement fluide avec Bruxelles” , rappelant que le groupe avait “annoncé la transaction avec Bombardier au mois de février” [Le Monde avec l’AFP]. Plus de cinq mois après, la décision est donc tombée. Elle ne s’apparente pas à un blanc-seing pour autant. La Commission européenne, “gardienne de la concurrence dans l’UE” , a en effet fixé plusieurs conditions à l’opération, poursuit le quotidien, citant la commissaire à l’Europe numérique et à la Concurrence Margrethe Vestager : “Grâce à l’ensemble complet de mesures correctives proposé pour résoudre les problèmes de concurrence dans les secteurs des trains à très grande vitesse, des trains de grande ligne et de la signalisation grandes lignes, l’opération a pu être examinée et autorisée rapidement” , a-t-elle déclaré.

La Commission européenne a donc exigé des “mesures correctives” pour assurer la bonne tenue de la concurrence au sein du marché unique. En effet, “les deux constructeurs ferroviaires [pèsent] pour moitié sur le marché des trains régionaux français” , observe Marianne, témoignant de l’importance du groupe dans le secteur. Pour éviter d’occuper une position trop dominante sur ce marché, Alstom est donc contraint à “céder l’usine de Reichshoffen dans le Bas-Rhin (800 salariés), qui produit notamment des trains régionaux à hydrogène” et a aussi “proposé la cession des trains Coradia Polyvalent” , poursuit l’hebdomadaire. Le Financial Times complète la liste des cessions exigées par Bruxelles en ajoutant que le groupe devra également se séparer “d’une partie des installations de Bombardier en Allemagne” . Alstom devra donc “trouver un repreneur pour [ces] deux sites industriels dont il devra se délester en Alsace et en Allemagne” , précise le quotidien économique Les Echos.

Inquiétudes sociales et financières

Des contreparties d’ampleur, qui ne sont pas sans conséquences pour l’avenir des employés des usines visées. Si La Tribune (avec AFP) rapporte que “plusieurs acheteurs potentiels ont fait part de leurs marques d’intérêt” , Daniel Dreger, le délégué CGT du site de Reichsoffen, cité par le média, ne cache pas son inquiétude : “C’est Alstom qui va choisir le nouvel acquéreur, qui sera un concurrent régional pour lui. Donc on n’est pas sûrs que la direction veuille prendre le meilleur acquéreur possible, qui soit viable et solide” . Une inquiétude à laquelle Alstom a déjà répondu dans les colonnes de Ouest-France : “Les cessions seront réalisées en conformité avec tous les processus sociaux en vigueur” , ont promis les dirigeants du groupe. Examinée en commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, l’opération de rachat a néanmoins suscité les critiques de certains élus. A commencer par François Ruffin, député LFI, qui a souligné une incohérence dans le projet : “Quand le patriotisme économique, il commence par dire qu’on va larguer une usine en France, je ne pige plus du tout” , rapporte Marianne.

Le rachat de la branche transports de Bombardier provoque également d’autres inquiétudes. Dans un autre article, Les Echos soulignent qu’une “inconnue” entoure toujours les commandes. En effet, si les deux grandes usines ont un carnet de commandes rempli, leur assurant “plusieurs années de travail pour fabriquer des trains régionaux, des TGV ou des tramways” , ces dernières “ont été signées avant la pandémie de Covid-19, qui pourrait remettre en cause certains contrats” , observe le quotidien économique.

Le changement d’actionnaire principal induit par l’opération de rachat est également une source d’incertitude. “Le fonds de pension québécois CDPQ - qui détient 32,5% de Bombardier - va en effet financer la moitié du rachat et donc devenir l’actionnaire de référence d’Alstom, avec environ 18% des parts” , détaille Marianne. Une situation qui n’est pas sans inquiéter le député (PS) Dominique Potier, qui y voit un paradoxe : “Alors que nous débattons plus que jamais de la souveraineté industrielle (…) n’est-il pas incohérent de créer un géant européen à l’actionnariat majoritairement extracommunautaire ?” Si Alstom a tenté de rassurer les députés sur ce point, le média juge néanmoins que ce changement d’actionnariat représente un pari “risqué” .

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