“En cas d’échec du sommet européen de fin juin, l’Union européenne sera livrée aux spéculateurs” , a averti Mario Monti. Interviewé par six quotidiens européens, dont Le Monde et La Stampa, le président du Conseil italien met en garde contre une nouvelle impasse dans les négociations sur la croissance. L’ancien commissaire européen, qui parle de “dix jours pour sauver l’Europe” , est l’organisateur de ce mini-sommet romain. Aujourd’hui à midi, François Hollande, Angela Merkel et Mariano Rajoy se rendront à la Villa Madama, sur la rive droite du Tibre, à Rome.
Mario Monti veut, “jouer un rôle de médiateur entre les positions divergentes de Paris et de Berlin” , écrit l’AFP. “Je suis prêt” , a déclaré le Premier ministre italien, “à faciliter l’harmonie entre la France et l’Allemagne, si des difficultés de compréhension devaient apparaître entre [François Hollande] et Mme Merkel - mais je ne crois pas qu’il y en aura” , rapporte Le Monde. En effet, le président français a dernièrement fait une concession importante à Berlin, en reportant sine die la question des euro-obligations. Il faudrait “plusieurs années” pour les mettre en place, a affirmé le Premier ministre Jean-Marc Ayrault lors d’une interview à l’hebdomadaire allemand Die Zeit.
En échange, Paris s’attend à ce que Berlin accepte une autre forme de mutualisation de la dette. Par exemple, à travers des “euro-bills” , des titres de dette à court terme, qui ne nécessitent pas la mise en place d’une union bancaire, impossible dans le court terme. Un autre outil serait le “fonds de rédemption” : en d’autres termes, la partie de la dette supérieure à 60% du PIB serait transférée à un fonds européen. Ce fonds pourrait emprunter sur les marchés financiers à des taux beaucoup plus bas que certains Etats, notamment l’Espagne. Enfin, le président du Conseil italien vient de proposer une nouvelle solution : l’utilisation du FESF pour racheter des titres de dette.
Quel que soit le système choisi, le but reste le même : réduire la dette et les taux d’emprunt des pays qui, explique l’AFP, “ont pris des mesures de rigueur et adopté des réformes mais demeurent dans la ligne de mire des marchés” comme l’Espagne et l’Italie. D’ici la fin du mois, donc, la zone euro doit avoir trouvé des solutions concrètes et immédiates. “L’éloge de la lenteur qui a parfois inspiré l’Europe n’a plus cours” , conclut Mario Monti.
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