D’une part, les dés semblent jetés au sein de la Chambre des députés. La coalition de centre-gauche menée par Pier Luigi Bersani arrive en tête, avec près de 29,5% des suffrages exprimés, contre 29,1% pour la coalition de Silvio Berlusconi, qui récolte seulement une centaine de milliers de voix de moins que son adversaire social-démocrate [Le Figaro]. La coalition de M. Bersani obtient la majorité absolue à la Chambre, avec 340 députés. A l’inverse, Le Monde souligne ce matin l’énorme désillusion pour Mario Monti, qui récolte moins de 10% des voix, et n’enverra que 45 députés à la Chambre basse. L’énorme surprise de ce scrutin est le score mirobolant obtenu par le “MoVimento 5 Stelle” de Beppe Grillo. Le tribun a reçu le soutien de près de 9 millions d’Italiens, et obtient 108 sièges de députés [La Repubblica]. Son mouvement est arrivé en tête dans cinq des vingt régions italiennes, et devient le premier parti du pays au sortir de ces élections (le Parti Démocrate et le Popolo della Libertà ayant formé des coalitions) [La Stampa].
Au Sénat, la donne est encore plus complexe. Aucune majorité ne s’est dégagée des élections. La coalition de Pier Luigi Bersani emporte 120 sièges, contre 117 pour le PdL de Berlusconi, mais se trouve loin de la majorité absolue, fixée à 158 sénateurs. Et même en comptant sur une alliance envisageable avec Mario Monti, la déconfiture de ce dernier (seulement 9% des voix et 18 sièges) empêcherait M. Bersani de gouverner normalement [La Repubblica]. Une alliance avec certains élus du “Movimento 5 Stelle” (ils devraient être 54 au Sénat) est ainsi devenue en quelques heures une possibilité plus que probable, tout comme la formation d’un gouvernement d’union nationale et d’une grande alliance PD/PdL.
Les quotidiens français soulignent ce matin cette situation quasi-ubuesque, dans laquelle le peuple italien a envoyé selon Libération un message clair et audible : “Vaffanculo la stabilité gouvernementale”. En imposant Beppe Grillo comme grand vainqueur de ces élections, les Italiens ont voulu marquer “leur désarroi face à la politique d’austérité menée par Mario Monti” , selon Romain Renier [La Tribune]. L’ensemble de la classe politique italienne est ainsi remise en cause par les résultats de ce scrutin, qui montrent une Italie divisée et inapte à former un gouvernement stable.
Ce tremblement de terre politique et institutionnel a vite fait réagir les dirigeants européens, qui ont pour la plupart exprimé leur inquiétude envers l’issue des événements en Italie. Tenant un point presse ce matin, le président du Parlement européen Martin Schulz a pris en compte le “message” envoyé par la population italienne, qui a exprimé “une large protestation à l’encontre des politiques d’assainissement unilatéral des budgets publics, qui satisfont les investisseurs mais pas les peuples” . M. Schulz en a profité pour demander à la Commission davantage d’investissements pour favoriser la croissance et l’emploi en Europe. De leur côté, les dirigeants espagnols et allemands ont appelé à la formation rapide d’un gouvernement “stable et opérationnel”, afin de continuer les “politiques de réformes et de consolidation” de la dette publique italienne [France Info].
Ce matin, l’ensemble des bourses européennes ont vu leur valeur dégringoler sous la pression des investisseurs. Milan avait perdu 5% à 9h30, tandis que Madrid a chuté de 3,8% et Francfort de 2%. Dans le même temps, le rendement des emprunts d’Etat italiens ont largement baissé [La Tribune]. De quoi ajouter une incertitude financière à l’instabilité politique.
A lire sur
Les autres titres de la presse en ligne
Consommation
Développement
Elargissement
Energie, environnement
Etats membres
Euro, économie
Législatives italiennes
Relations extérieures
Société
Ailleurs en Europe
Presse anglophone
Presse germanophone
Presse espagnole
Presse italienne
Presse francophone