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[Revue de presse] La Commission européenne dévoile ses nouvelles ambitions en matière de commerce international

Jeudi 18 février, l’exécutif européen a présenté une mise à jour de sa politique commerciale. Réaffirmant son attachement au libre-échange et au multilatéralisme, Bruxelles entend renforcer sa lutte contre les pratiques commerciales déloyales, tout en verdissant ses accords commerciaux.

Le commissaire letton en charge du Commerce Valdis Dombrovskis a présenté une feuille de route établissant les ambitions de l'exécutif européen en matière commerciale pour la prochaine décennie
Le commissaire letton en charge du Commerce Valdis Dombrovskis a présenté une feuille de route établissant les ambitions de l’exécutif européen en matière commerciale pour la prochaine décennie - Crédits : Xavier Lejeune / Commission européenne

Le multilatéralisme oui, mais pas à n’importe quel prix” , écrit Leonor Hubaut du Figaro. Pour la journaliste, c’est en substance ce qui ressort du projet de révision de la politique commerciale de l’UE, dévoilé jeudi 18 février par la Commission européenne. Un changement rendu nécessaire par “l’évolution du monde, les mouvements de l’ordre géopolitique et les nouveaux défis globaux” , explique de son côté La Libre. “Tout en maintenant une exigence d’ouverture et une approche multilatérale, la Commission entend désormais avoir une plus grande fermeté face à la concurrence déloyale, et mettre un accent plus net sur les enjeux écologiques et numériques” , résume quant à lui Gabriel Grésillon pour Les Echos.

La coopération et l’ouverture restent au cœur de modus operandi européen” , poursuit Le Figaro. Pour Céline Schoen, correspondante du journal La Croix à Bruxelles, l’exécutif européen croit “dur comme fer” à “la théorie des avantages comparatifs, selon laquelle les pays peuvent mutuellement tirer profit du commerce international […] et ce n’est pas la révision [de sa politique commerciale] qui change la donne” . “85 % de la croissance mondiale se fera en dehors de l’Europe au cours de la prochaine décennie, donc même si la crise actuelle encourage la tentation de se replier sur soi-même, ce n’est pas la solution” , justifie le vice-président exécutif de la Commission européenne et commissaire au Commerce Valdis Dombrovskis [Euronews]. Pour le Letton, économiste de formation, un “commerce ouvert et fondé sur des règles” pourrait même “contribuer au retour de la croissance et à la création d’emplois post-pandémie de Covid-19″ [La Croix].

La Commission souhaite ainsi “sauver le cadre multilatéral, ce qui implique une réforme en profondeur de l’Organisation mondiale du commerce (OMC)” , indiquent Les Echos. “Avec la récente nomination de la Nigériane Ngozi Okonjo-Iweala comme nouvelle directrice générale de l’OMC et, surtout, le changement politique à Washington, où Joe Biden a remplacé Donald Trump, farouche opposant au multilatéralisme” , l’Union européenne bénéficie d’une conjoncture favorable [La Libre]. “Nous espérons que les États-Unis seront un partenaire commercial plus mobilisé” , déclare un interlocuteur bruxellois au journal belge. “Pas question cependant de ‘mettre tous les œufs dans le même panier’ ” , met en garde un autre expert dans Le Figaro. “Bruxelles fait le choix de la diversification des partenaires. Le dialogue avec la Chine va continuer. L’Inde et les pays africains sont également pointés comme stratégiques” , fait savoir la journaliste.

Renforcement de la défense commerciale

Accusée d’avoir, trop longtemps, péché par naïveté” [Les Echos], la Commission entend également “se prémunir contre la concurrence déloyale” [La Libre]. Une position partagée par l’eurodéputée MoDem Marie-Pierre Vedrenne, vice-présidente de la commission du Commerce international au Parlement européen, qui appelle dans La Croix à “renforcer en priorité les outils de défense commerciale de l’UE” .

Dans Les Echos, Catherine Chatignoux détaille deux dispositifs sur lesquels mise l’exécutif européen. Le premier, un “instrument anti-coercition” vise à adopter “des mesures de dissuasion qui pourraient toucher le commerce ou les investissements du pays menaçant” . Celui-ci permettrait de se prémunir des “tentatives de pression ou d’intimidation d’Etats tiers qui [voudraient] empêcher l’Europe de mener sa propre politique étrangère” [Les Echos]. Le second est “le règlement sur les mesures anti-dumping qui constituent aujourd’hui une riposte efficace contre la concurrence déloyale” . Un texte visant principalement la Chine : “sur les quelque 150 procédures anti-dumping et anti-subventions en cours, les deux tiers concernent des entreprises chinoises” , relève la journaliste du quotidien économique.

Pour compléter l’arsenal à sa disposition, la Commission européenne souhaite également “mettre en place des mécanismes pour garantir que les entreprises de pays ayant conclu un accord avec l’UE n’ont pas recours au travail des enfants et au travail forcé” , explique La Libre. Une question particulièrement délicate “suite à la conclusion, en décembre, d’un accord d’investissement entre l’UE et la Chine” , poursuit le journal belge. Concrètement, “les produits fabriqués par une main-d’œuvre sous contrainte” pourraient être “bloqués aux frontières européennes grâce à l’instrument de ‘bonne diligence’ ” , précise Le Figaro. Mais si le message “s’adresse aux partenaires internationaux” , il a aussi pour objectif de “rassurer les capitales européennes, de plus en plus critiques sur les accords négociés par Bruxelles” , analyse le média.

Verdissement des accords commerciaux

Cette nouvelle stratégie commerciale introduit également un autre aspect : une “durabilité” sur le plan environnemental. “La Commission propose que les futurs accords commerciaux soient conditionnés au respect de l’accord de Paris de 2015 sur le climat” , rapporte Ouest-France, soulignant qu’il s’agit “d’une exigence faisant défaut à de précédents accords signés par l’UE” . C’est en effet pour cette raison que plusieurs Etats membres comme la France, la Belgique, l’Autriche ou les Pays-Bas, “lèvent la voix sur l’accord commercial avec le Mercosur en raison des manquements environnementaux de ce groupe de pays d’Amérique du Sud” , écrit Leonor Hubaut dans Le Figaro. Valdis Dombrovskis a par ailleurs annoncé jeudi que “la Commission [travaillait] à une proposition législative visant à assurer la durabilité et l’équité des chaînes d’approvisionnement” , rapporte La Libre. “La réflexion est en cours, mais l’idée d’interdire l’accès du marché intérieur” aux marchandises produites sans tenir compte de l’accord de Paris “n’est pas taboue” , anticipe le quotidien.

Toute l’ambition de Bruxelles est donc de démontrer que le commerce est - et restera - un levier de croissance, et que le libre-échange ne rime pas nécessairement avec des concessions sur le plan social ou environnemental” , résume Céline Schoen dans La Croix.

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