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[Revue de presse] Rencontre Tsipras-Merkel : sept heures pour rien ?

Après la rencontre Tsipras-Merkel de lundi dernier, les relations germano-grecques continuent de faire la Une des médias français. Si cette réunion était très attendue, elle n’a fait que décevoir les attentes des commentateurs.

Alexis Tsipras - Angela Merkel

La presse s’interroge sur l’issue de ce très long entretien qui a duré plusieurs heures et constate unanimement un jeu de faux-semblant où le Premier ministre grec Alexis Tsipras et la chancelière allemande Angela Merkel feindraient l’ “apaisement” et la “détente” . Le Monde se montre sceptique et doute du fait que les deux chefs de gouvernement se sont réellement convaincus.

L’Humanité confirme cette impression et titre : “Merkel sourit mais reste floue” .

Car dans les faits, rien n’a changé, estime La Tribune : la Grèce a toujours désespérément besoin d’argent, tandis qu’Angela Merkel considère que les ennuis grecs doivent se régler avec l’Eurogroupe et non avec l’Allemagne seule.

Pour le journal, la situation est claire : les deux dirigeants se sont adonnés à une pure opération de communication afin de rassurer les observateurs. Or cette stratégie serait plutôt inquiétante, puisque l’Allemagne reste dans une position d’attente face à la Grèce qui doit réformer. Cette stratégie jouerait en faveur de l’Allemagne et des acteurs européens puisque les caisses grecques se vident chaque jour un peu plus et laissent de moins en moins de marge de manœuvre au gouvernement hellène pour mener les réformes qu’il souhaite. Plus Alexis Tsipras sera coincé, plus il devra se soumettre aux exigences européennes, conclut la Tribune.

Le Monde note même des divergences d’opinion profondes sur la situation entre d’un côté la Grèce qui estime que le plan de sauvetage du pays lancé il y a cinq ans “n’est pas un succès” , et de l’autre l’Allemagne qui considère que les pays ayant bénéficié d’une aide financière se portent mieux à l’heure actuelle.

Yves Bertoncini, directeur de l’Institut Jacques Delors et interrogé par La Croix, affirme que des concessions devront être faites des deux côtés pour éviter que la situation actuelle ne se dégrade encore plus.

Une perspective envisageable selon lui, car personne ne veut voir la Grèce sortir de la zone euro, et tous les partenaires européens approuvent le gouvernement Syriza dans sa volonté de “mettre fin à la mauvaise gestion” de la Grèce.

Toutefois, l’ombre du paiement des réparations de guerre continue de planer, et la presse se déchire sur le sujet.

Un éditorial des Echos fait part de son “sentiment de malaise” face à la demande grecque. Il trouve en effet que la période actuelle est peu opportune pour faire une telle réclamation, et pointe en outre la résurgence de clichés nazis à l’encontre de l’Allemagne. Pour couronner le tout, le remboursement de ces dettes risquerait d’ “ouvrir la boîte de Pandore” avec d’autres pays qui pourraient suivre l’exemple grec et demander, eux aussi, des réparations.

Dans les colonnes du Figaro au contraire, le directeur du Centre international d’études monétaires et bancaires Charles Wyplosz estime que les Allemands oublient un peu trop vite leur passé.

Il argue en effet que les pays d’Europe occidentale ont “passé l’éponge” sur les “erreurs gravissimes” de l’Allemagne, ce qui lui a permis un puissant essor économique à partir des années 1950. Pourquoi la Grèce n’aurait-elle pas droit à une telle mansuétude, elle qui n’a pas commis les mêmes crimes ? Ce que cela coûterait aujourd’hui aux contribuables européens n’excéderait pas ce que cela leur a coûté à la fin de la Seconde guerre mondiale.

Pour M. Wiplosz, le problème doit être rapidement réglé afin de maintenir la paix au sein de l’Union européenne.

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