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Rapport provisoire de la troïka : les cartes entre les mains des créanciers publics ?

En attendant le rapport final du 12 novembre, le quotidien allemand Spiegel dans son édition du dimanche 28 octobre nous donne une première idée des conclusions définitives de la troïka (Union européenne, Fonds monétaire international et Banque centrale européenne). Le nombre de nouvelles réformes à mener s’élève à 150 en échange de l’obtention du fameux délai supplémentaire de deux ans pour accomplir ces dernières.

Un délai qui coûte cher

Au niveau des réformes déjà amorcées, le rapport cite que 60% des réformes exigées ont été bien menées, 20% sont en cours de discussion et 20% restent encore à programmer. Parmi les nouvelles réformes à mener figurent notamment un assouplissement des lois sur le licenciement, un changement des règles sur le salaire minimum, et la suppression de certains privilèges professionnels.

Citant une version non définitive de ce rapport des experts de la troïka, le Spiegel précise qu’Athènes aurait bien deux ans de délai supplémentaire mais que ce retard pourrait couter de 30 à 38 milliards d’euros. Le rapport suggérerait également aux pays européens d’abandonner une partie de leurs créances pour faire financer le sauvetage du pays par les contribuables de ces pays.

En mai 2010, les pays de la zone euro avaient accordé 53 milliards d’euros à la Grèce sous la forme de crédits bilatéraux. Par la suite, 74 milliards d’euros ont été versés par le Fonds européen de stabilité financière (avec la garantie des Etats de la zone euro) à Athènes. Le FMI, lui, a déboursé 22 milliards d’euros. De son côté, selon le Spiegel, la BCE détiendrait par ailleurs 40 milliards d’euros de dette hellénique rachetée sur les marchés. En tout, 136 milliards d’euros de dette grecque serait entre des mains publiques.

“Au lieu d’arrêter les voleurs et les ministres violant la loi, ils veulent arrêter la vérité”

C’était le commentaire de Kostas Vaxevanis sur son compte Twitter samedi. La liste, contenant plus de 2 000 noms, est présentée comme la “liste Lagarde” puisqu’elle aurait été remise par Christine Lagarde, alors ministre de l’Economie française, en octobre 2010 à son homologue Georges Papaconstantinou. Il s’agissait d’un CD-Rom contenant une liste de Grecs ayant un compte à la banque HSBC. La liste provient des mêmes fichiers que le document brandi en 2009 à la télévision par l’ancien ministre du Budget Eric Woerth. La police grecque a arrêté, puis relâché hier Kostas Vaxevanis après la sortie du magazine Hot Doc samedi, pour violation de la loi sur la publication de données privées. Le procès a été reporté et aura lieu ce jeudi 1er novembre.

Une proposition mal accueillie

De nombreux problèmes tant juridiques que politiques se posent par rapport à cette suggestion. D’abord, la BCE ne peut pas renoncer à ses créances sur la Grèce, car cela reviendrait à un financement de ce pays par la BCE, ce qui est interdit par les traités européens, mais elle s’est dite prête à renoncer à tout bénéfice sur cette dette.

Ensuite, Berlin refuse entièrement cette idée. Dans un entretien dimanche à la radio allemand Deutschlandfunk, le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble, a totalement rejeté l’idée d’abandonner les créances grecques, même de la part des pays. “C’est une discussion qui a peu à voir avec la réalité des pays de la zone euro” , a-t-il affirmé à propos d’un éventuel abandon des créances allemandes.

Le rapport, cité par le Spiegel, prévoirait déjà d’autres mesures, comme par exemple une augmentation automatique des impôts si les réformes ne sont pas appliquées dans les temps. Dans le domaine de la fiscalité, la presse grecque est par ailleurs entièrement focalisée ces derniers jours sur le mandat d’arrêt du journaliste Kostas Vaxevanis qui a publié une liste de Grecs ayant un compte en Suisse qui semble avoir été rangée au fond d’un tiroir par les responsables politiques grecs (voir encadré).

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