Toute L'Europe – Comprendre l'Europe
  • Actualité

Prix du gaz : quelles sont les solutions européennes pour limiter sa hausse ?

Alors que les prix du gaz ont fortement augmenté en raison de la reprise économique post-Covid et de la guerre en Ukraine, l’Union européenne a mis en œuvre et envisage plusieurs options pour diminuer son coût. Quelles sont-elles ?

Fin mars, les Etats membres se sont notamment mis d'accord pour acheter du gaz ensemble, sur le même modèle que les vaccins anti-Covid - Crédits : posteriori / iStock
Fin mars, les Etats membres se sont notamment mis d’accord pour acheter du gaz ensemble, sur le même modèle que les vaccins anti-Covid - Crédits : posteriori / iStock

Depuis l’été 2021, les cours du gaz connaissent une envolée spectaculaire. Une hausse liée à la relance des économies de la planète, tournant auparavant au ralenti en raison des mesures sanitaires pour lutter contre la pandémie de Covid-19.

Sur les marchés mondiaux, le gaz a ainsi vu son prix augmenter de plus de 170 % en 2021, alors que la variation de ses cours, certes volatils, n’avait encore jamais dépassé les 30 % sur une année.

Déclenchée par la Russie le 24 février, la guerre en Ukraine fait craindre des difficultés d’approvisionnement en gaz russe, dont l’Union européenne est particulièrement dépendante. En 2020, plus de 41 % du gaz consommé dans les Etats membres provenait de Russie. Et la crise géopolitique a de nouveau fait grimper la courbe des prix.

Pour limiter cette hausse inédite, l’UE travaille actuellement sur plusieurs pistes pour que les Européens aient accès au gaz à un prix raisonnable.

Assouplir les aides d’Etat

Les Etats ont la possibilité de mettre en place des mesures temporaires. Notamment des aides aux particuliers et aux entreprises pour qu’ils supportent mieux la montée des cours, ou une fiscalité réduite pour réduire le prix final. En octobre, la Commission européenne a adopté une communication sur les prix de l’énergie, indiquant aux pays de l’UE les mesures qu’ils peuvent mettre en place tout en restant dans les clous de la législation européenne. Parmi elles figurent par exemple des taux réduits de TVA sur les produits énergétiques ou encore des aides d’urgence aux consommateurs énergétiquement précaires. 

Les aides d’Etat aux entreprises sont limitées par le droit européen pour éviter les distorsions de concurrence. Mais un cadre temporaire de crise, mis en place par la Commission européenne le 23 mars, autorise les pays de l’UE à “exploiter la flexibilité prévue par les règles en matière d’aides d’Etat pour soutenir l’économie dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie”. A long terme toutefois, ces mesures pour limiter la facture énergétique des ménages et des entreprises peuvent peser lourdement sur les finances des Etats. Et plus les cours de l’énergie augmentent, plus leur poids est important.

Achats groupés de gaz

Imaginée sur le modèle des achats en commun de vaccins pendant la pandémie de Covid-19, la négociation de contrats d’approvisionnement en gaz par la Commission européenne au nom des Etats membres a été approuvée par les Vingt-Sept lors du Conseil européen des 24 et 25 mars. La Commission européenne espère mettre en œuvre cette mesure d’ici l’été.

Quel est son objectif ? Permettre aux Etats membres de payer ce gaz moins cher que lorsqu’ils le négocient chacun de leur côté. Contrairement aux vaccins cependant, les achats groupés de gaz s’effectueront sur une base volontaire. Les discussions ont été longues pour parvenir à ce compromis : certains pays comme l’Allemagne et les Pays-Bas craignent que cette démarche n’aboutisse à l’effet contraire de celui recherché, à savoir des prix forts ou des ruptures d’approvisionnement.

D’autres difficultés se posent à propos du système d’achats groupés, qu’une nouvelle task force de la Commission européenne sera chargée de mener. C’est une équipe similaire qui avait procédé aux achats groupés de vaccins, mais les Etats membres n’avaient pas de contrats préexistants avec les laboratoires, étant donné l’apparition très récente du Covid-19. Or concernant le gaz, de tels contrats sont déjà en place entre les pays européens et les fournisseurs, note Politico. Le média relève d’autres difficultés à surmonter, dont le pouvoir relatif de la Commission dans ces négociations, qui ne vont concerner qu’une partie de l’approvisionnement européen, ou le stockage et la distribution du gaz en Europe.

La présence de nombreux Etats dans le dispositif pourrait en revanche être un gage d’efficacité. Surtout que, comme l’indiquent les conclusions du sommet des 24 et 25 mars, la plateforme d’achats en commun sera ouverte aux pays des Balkans occidentaux (Serbie, Bosnie-Herzégovine, Albanie, Macédoine du Nord, Kosovo, Monténégro) ainsi qu’à l’Ukraine, à la Moldavie et à la Géorgie, toutes trois liées à l’UE par des accords d’association.

Parallèlement, dans le cadre de son plan RePowerEU pour se passer des hydrocarbures russes présenté le 8 mars, la Commission devrait préparer une proposition législative d’ici mai pour que les Vingt-Sept se dotent d’objectifs contraignants visant à ce que leurs stocks de gaz soit remplis à 80 % d’ici au 1er novembre 2022, puis à 90 % à la même date pour les années suivantes. Si l’objectif premier consiste à assurer la sécurité énergétique de l’Europe, alors que celle-ci est fortement menacée par le conflit russo-ukrainien, le stockage a un impact sur les prix. 

Car des stocks importants pourraient limiter la demande des Européens à l’hiver prochain, période où les besoins en gaz sont plus importants et où les prix ont ainsi tendance à croître. Une rupture de l’approvisionnement en gaz russe impacterait de ce fait conséquemment les cours du gaz en Europe, et un stockage plus avancé limiterait une hausse des prix. Mais stocker le gaz représente un coût important, largement répercuté sur la facture des usagers. Pour réduire les conséquences d’une éventuelle coupure du gaz provenant de Russie, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a convenu, le 25 mars, avec le président américain Joe Biden d’une augmentation des livraisons à l’UE de gaz naturel liquéfié (GNL), qui verront leur volume croître de 15 milliards de mètres cubes supplémentaires dès cette année. 

Augmenter la part des renouvelables

Autre option, sur le plus long terme : remplacer peu à peu le gaz par d’autres sources d’énergie, notamment renouvelables. L’augmentation des énergies renouvelables dans le mix énergétique européen a débuté bien avant la guerre en Ukraine. Pour cette solution aussi, des obstacles conséquents sont à surmonter, comme l’expliquait déjà en 2015 le physicien Philippe Candel : intermittence du solaire et de l’éolien, faible rendement de certaines énergies renouvelables en comparaison avec le fossile, stockage de l’électricité produite ou encore réseaux électriques à développer pour mieux raccorder les lieux de production.

En 2018, l’Union européenne s’est fixée comme objectif d’atteindre 32 % d’énergies renouvelables dans sa consommation énergétique d’ici à 2030. La première directive en la matière, adoptée en 2009, établissait une cible contraignante de 20 % à l’horizon 2020 pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de l’UE. Un seuil atteint et même dépassé, les renouvelables représentant 22,1 % de la consommation finale d’énergie en 2020.

En juillet dernier, la Commission européenne avait proposé de rehausser cet objectif à 40 % en 2030. La guerre en Ukraine pourrait pousser à relever encore cette ambition. 

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Pour approfondir

  • Economie et social

  • Energie

  • Emploi et social

  • Guerre en Ukraine : quels enjeux pour l'Europe ?

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Prix du gaz : quelles sont les solutions européennes pour limiter sa hausse ?

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide