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“Pour les jeunes, l’Europe est une opportunité qui fait tomber des barrières”

Fondation d’utilité publique destinée à promouvoir l’Europe auprès des jeunes générations, Hippocrène décerne chaque année des bourses à des projets en lien avec l’Union européenne réalisés dans le milieu scolaire. A l’approche de l’ouverture du prix du public, permettant aux internautes de voter pour l’initiative de leur choix, Dorothée Merville, directrice de la fondation, nous en explique le fonctionnement et rappelle les liens étroits entre éducation et éveil à la citoyenneté européenne.

Crédits : Lisa Hastert / Union européenne
Crédits : Lisa Hastert / Union européenne 

Toute l’Europe : La Fondation Hippocrène ouvre les votes de son prix du public le 9 novembre prochain. Pouvez-vous nous expliquer en quoi il consiste, et ce pour quoi les internautes vont pouvoir voter ?

Dorothée Merville : Pour comprendre ce qu’est notre prix du public, il faut d’abord revenir sur l’histoire de notre prix Hippocrène de l’éducation. Nous avons lancé ce concours il y a de cela dix ans, en partenariat avec le ministère de l’Education Nationale. Il permet à des classes françaises - tous niveaux et tous établissements confondus - ayant développé des projets en lien avec la question européenne et avec des classes d’autres pays du continent de remporter un des cinq prix d’un montant de 5 000 euros ou le prix de 10 000 euros que nous proposons. Avec cet argent, les lauréats financent un voyage de classe dans le pays de l’établissement avec lequel ils ont travaillé toute l’année autour d’un projet. Depuis 3 ans, nous avons créé une nouvelle récompense, le prix du public, ouvert aux votes donc, qui permet d’obtenir une bourse supplémentaire de 1 000 euros et de valoriser leur projet sur les réseaux sociaux.

Et du côté des votants ?

Pour la première année, les votants qui auront élu le projet lauréat seront tirés au sort et pourront remporter des lots allant de cartes cadeau pour une journée à Europapark à des abonnements au magazine pour enfants Mia Europo ou encore des goodies de la Commission européenne.

Quel genre de projets éducatifs, la Fondation Hippocrène a-t-elle récompensé jusqu’ici ?

Un bon exemple, qui m’est resté en tête depuis, c’est le projet lauréat du grand prix 2017. C’est un projet qui paraît tout simple à première vue, mené par une école primaire d’Oust Marest, un village de 700 habitants situé dans la Manche. C’est une de ces écoles rurales incroyables où trois maîtresses s’occupent de l’ensemble des élèves âgés de 2 à 11 ans. Les élèves de l’école travaillaient sur le projet à travers notamment des relevés météorologiques, et confrontaient chaque matin leurs recherches avec les camarades de l’une des 8 écoles partenaires situées dans d’autres pays d’Europe. Cela a permis d’avancer sur une partie du programme de français, de mathématiques et de sciences, mais aussi de comparer les climats entre la Manche donc, mais aussi la Suède ou le Portugal. Les élèves ont pu s’approprier un environnement européen que peu d’entre eux connaissaient. Le Prix Hippocrène leur a permis de partir une semaine en Slovénie à la rencontre de leurs partenaires.

C’est une pédagogie très adaptée à cet âge-là, c’est bien réfléchi, facilement réplicable, car peu coûteux et permettant d’intégrer les éléments du programme scolaire, et donc potentiellement adaptable à toutes les écoles de France.

Pourquoi la Fondation Hippocrène est-elle attachée à la construction de ce sentiment d’appartenance européenne ?

Cette construction est importante et doit être accompagnée parce que sans cette conscience de l’Europe, il est difficile de devenir et de se sentir citoyen européen. Quand on vit en France, on a besoin de peu de déclencheurs pour se sentir français. En revanche, pour se sentir européen, il faut une expérience. Ces projets font partie de ces éléments déclencheurs : plus on a une expérience de l’Europe jeune, plus elle devient une évidence.

Comment l’Europe peut-elle jouer un rôle dans le parcours scolaire des élèves ?

Nous participons à faire comprendre aux jeunes que l’Europe est une opportunité qui fait tomber des barrières. Un bon exemple de cette réalité, c’est l’aventure qu’ont vécu les élèves d’un quartier populaire parisien. Ils étaient tous en formation de technicien d’usinage (conception de pièces métalliques), une filière peu valorisée dans le système éducatif français. En remportant l’un des prix de la fondation, ils ont pu partir trois semaines en stage en Allemagne au contact de camarades allemands de la même filière qui est beaucoup plus valorisée en Allemagne. Cette expérience leur a permis d’acquérir beaucoup de confiance en eux. J’ai eu l’occasion d’échanger avec eux à leur retour, ils m’ont dit qu’ils avaient pris conscience qu’ils étaient bien formés et qu’ils pouvaient travailler n’importe où en Europe. Pour des jeunes qui n’avaient jamais eu l’occasion de voyager avant cette expérience cette projection était un pas très significatif. Ce jour-là, ils m’ont appris quelque part combien l’Europe pouvait être une opportunité et ce pour tous les jeunes.

Depuis que vous travaillez auprès des établissements scolaires, avez-vous vu une évolution du sentiment d’appartenance européenne chez les jeunes générations ?

Aujourd’hui, ce sentiment est ambivalent. Les jeunes générations se sentent européennes dans le sens où ceux qui peuvent se l’offrir voyagent, éprouvent concrètement la libre circulation, savent que l’euro est utilisé chez nos voisins. L’autre moitié des jeunes a en revanche la sensation de ne pas pouvoir accéder à tout cela. Elle développe une forme de distance avec l’Europe. Pour elle, l’Europe est à Bruxelles, pas dans les campagnes ou les quartiers populaires. C’est justement ce sur quoi nous travaillons en montrant combien l’Europe peut avoir des implications concrètes pour eux.

Les prix servant habituellement à la mobilité, comment aborder cette année et la crise du Covid-19 ?

La pandémie nous force à des ajustements effectivement. Cette année, nous serons plus souples sur l’utilisation des bourses. Les voyages pourront être repoussés dans le temps, ou les lauréats pourront proposer d’autres manières d’investir l’argent remporté. Ce qui reste essentiel c’est la réalisation d’un projet en partenariat avec d’autres classes en Europe. La mobilité virtuelle sera très certainement clé et le jury s’attachera à récompenser la créativité des projets en la matière.

Pour en savoir plus sur le Prix Hippocrène de l’éducation à l’Europe

Le prix du public a récompensé le projet “contre le harcèlement scolaire, je choisis l’engagement : Enable” du collège Antoine Delafont à Montmoreau.

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