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Portrait de Mariano Rajoy, le persévérant chef de la droite espagnole

Malgré son image d’homme tranquille, ennuyeux selon certain, Mariano Rajoy a permis au Parti Populaire (PP) de remporter une victoire écrasante aux élections législatives qui se sont déroulées hier en Espagne. A compter de son investiture qui interviendra le 20 décembre prochain, M. Rajoy devra relever un défi  ardu pour sortir l’Espagne de la crise économique.

Débuts et carrière d’un homme persévérant

Fils et petit-fils de juristes, Mariano Rajoy, né le 27 mars 1955 à Saint-Jacques-de-Compostelle, a lui aussi fait des études de Droit, avant de réussir les concours de conservateur des hypothèques en 1979. Sa carrière politique remonte aux débuts des années 1980, lorsqu’il adhère à l’Alliance populaire (AP), le parti de droite fondé par l’ancien ministre franquiste Manuel Fraga qui deviendra par la suite le Parti Populaire (PP).

Mariano Rajoy a grimpé progressivement les échelons, devenant ainsi député de la région de Pontevedra à 26 ans avant d’occuper divers portefeuilles (ministre des Administrations publiques et ministre de l’Éducation et de la Culture) à compter de 1996.

Suite à la victoire du Parti conservateur durant les élections de 2000 face aux socialistes, M. Rajoy devient premier vice-président du gouvernement et ministre de la Présidence. Il succède le 1er décembre 2003 à José María Aznar à la tête du PP, à la surprise de nombre des membres du parti, n’étant pas le candidat le plus en vue au PP pour occuper ce poste.

Alors que le Parti Populaire est en tête des sondages pour les élections de 2004, les attentats survenus dans les trains de la banlieue de Madrid trois jours avant le scrutin, causant la mort de 191 personnes, vont finalement donner la victoire au Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) de José Luis Rodríguez Zapatero. Mariano Rajoy devient donc le chef de l’opposition, qui connaitra une nouvelle défaite face au PSOE durant les élections du 9 mars 2008.

La crise et la fin de la gouvernance du parti de José Luis Zapatero

Après donc plus de huit années passées à la tête de la présidence du PP, Mariano Rajoy a finalement remporté, à 56 ans le premier tour des élections législatives dimanche 20 novembre, avec une écrasante majorité : 186 sièges sur 350.

Ce résultat fait office de vote sanction pour le PSOE, qui enregistre son plus faible résultat depuis son accession au pouvoir en 1982, et dont un grand nombre de ses électeurs ont préféré se tourner vers des “petits partis” .

Le plan d’austérité de 2010 formulé par José Luis Zapatero n’aura pas réussi à sortir l’Espagne de la crise. Longtemps personnalité politique la plus populaire du pays, le chef du PSOE promettait le plein-emploi en 2008. Mais au vu de son “inconstance” et de sa “frivolité” , sa cote de popularité a progressivement diminuée auprès des Espagnols au fur et à mesure que le pays s’enfonçait dans la crise.

Des qualités appréciées en temps de crise

Toutefois, cette carte “d’un homme ennuyeux, prévisible, a fini par se muer en une grande force” , selon Anton Losada, professeur de sciences politiques, alors que l’Espagne traverse l’une de ses pires crises économiques : le PIB devrait difficilement atteindre 0,7% cette année et en 2012, selon la Commission européenne, alors que le taux de chômage, le plus élevé de la zone euro, concerne 21,52% de la population active et 45,8% des jeunes.

Dans cette période difficile, ses défenseurs considèrent que ses capacités de conciliation répondent aux besoins du pays, il a su ainsi nouer un accord avec les socialistes sur la réduction des déficits, et réussi à se poser comme un homme d’Etat responsable, au-delà des partis. De même que sa volonté sans faille et ses nerfs d’acier ont rassuré les électeurs, il se qualifie comme un homme de la médiation, qualité également utile pour sauver le pays de la crise.
Dans sa biographie “En confiance” publiée à l’occasion de cette campagne électorale, ce père de famille responsable, passionné de sport, dit avoir “hérité de [son] père un sens très marqué du respect des règles, le sens de la justice et de l’effort” .

Un programme politique relativement flou selon certain

La tâche que s’apprête à relever Mariano Rajoy s’annonce des plus ardues. Il s’est engagé à ramener le déficit à 4,4% du PIB l’an prochain et 3% en 2013, alors que l’objectif de 6% pour cette année semble déjà compromis par le dérapage des comptes publics des régions semi-autonomes d’Espagne.
Ses détracteurs lui reprochent de présenter un programme politique relativement flou.

Même si la réduction du déficit à court terme (“il faudra faire des coupes partout” , a-t-il déjà annoncé) figure parmi ses priorités, il n’a toutefois pas précisé quels secteurs seraient visés. Il entend diminuer les dépenses de l’administration, notamment les comptes des 17 régions semi-autonomes. Cette rigueur annoncée devrait accroître le mécontentement social qui s’exprime depuis plusieurs mois dans la rue.

Il se penchera aussi sur l’assainissement du secteur bancaire, en surveillant de plus près les caisses d’épargne régionales. Mariano Rajoy entend donc obliger les banques à augmenter leur ratio de fonds propres et à se recapitaliser à la hauteur de leurs besoins, les cinq plus grandes banques espagnoles ayant un besoin de recapitalisation s’élevant à 26 milliards d’euros selon l’Autorité bancaire européenne (EBA).

Il lui est encore reproché d’oublier les défis de long terme de l’économie espagnole : la croissance et le chômage. Le chef économiste d’Euler Hermes, Ludovic Subran regrette que “le programme du Parti populaire ne comprend aucune proposition de long terme, en termes d’éducation et de politique active de l’emploi” .
Le PP a juste annoncé quelques mesures destinées à aider les petites entreprises, comme la modification du régime de TVA et de l’impôt sur les sociétés, ou des réductions de charges pour le recrutement d’un premier salarié. 

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