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Numérique : une enquête souligne le pouvoir d’influence des Gafam à Bruxelles

Alors que l’Union européenne tente de mieux réguler le numérique, deux ONG ont dévoilé mardi 31 août un rapport mettant en lumière les investissements massifs des géants du secteur en matière de lobbying. Les Gafam dépenseraient ainsi près de 100 millions d’euros pour essayer d’influencer les décisions prises à Bruxelles chaque année.

Selon le rapport produit par deux ONG, les 5 géants du numérique que sont Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft ont dépensé à eux seuls 32 millions d'euros en un an pour influencer le processus de décision européen - Crédits : 400tmax / iStock
Selon le rapport produit par deux ONG, les 5 géants du numérique que sont Google, Amazon, Facebook, Apple et Microsoft ont dépensé à eux seuls 32 millions d’euros en un an pour influencer le processus de décision européen - Crédits : 400tmax / iStock

L’Union européenne a des velléités de régulation du secteur de l’Internet. Mais celui-ci veille, grâce à ses lobbies”. Voilà en substance comment le journaliste de L’Humanité Gaël de Santis résume les conclusions d’une enquête menée par Corporate Europe Observatory et Lobby Control. Les deux ONG ont en effet publié mardi 31 août un rapport “dévoil[ant] l’ampleur des efforts déployés par les Gafam [Google, Amazon, Facebook, Apple, Microsoft] et les techniques utilisées pour tenter d’influencer le législateur européen” [France 24].

En ligne de mire : le Digital Markets Act et le Digital Services Act, deux réformes d’ampleur proposées par la Commission en décembre 2020. “Des textes censés, respectivement, garantir une concurrence saine dans le secteur et rendre les plateformes - comme Facebook, Twitter ou YouTube - plus responsables pour les contenus illégaux publiés par leurs utilisateurs”, poursuit le média.

Premier groupe d’influence à Bruxelles

Face à ces grands chantiers, “publiquement, les géants du numérique se prononcent en faveur de ces propositions”, rappelle RFI. Pourtant, “l’enquête des deux ONG affirme qu’ils continuent en fait à faire pression contre elles”, poursuit la radio. Pour ce faire, “près de 1 500 [lobbyistes] sont mobilisés par 612 compagnies du secteur technologique” pour un budget global annuel “de 97 millions d’euros, dix fois plus que l’industrie automobile”, liste Le Monde.

Un lobbyiste sur 10 actifs à Bruxelles dans le secteur des nouvelles technologies travaille pour l’un des Big Tech”, complète France 24. Les industriels du numérique constitueraient ainsi le premier groupe d’influence à Bruxelles, devant l’automobile donc, mais aussi les laboratoires pharmaceutiques et la finance, “qui étaient encore dominants dix ans auparavant”, souligne L’Humanité. France 24 avance même que “l’intensité de cet effort de lobbying est probablement inédite dans l’histoire de l’UE”.

Dans le détail, la Süddeutsche Zeitung, citée par Courrier International, ajoute que “les dix plus grandes entreprises du numérique déboursent à elles seules 32 millions d’euros en lobbying” chaque année, jouant sur tous les tableaux. Et notamment “en adoptant une communication orientée vers la société civile” afin de “combler leur manque d’influence auprès des États membres”, ces géants du numérique étant “majoritairement américains” [RFI]. “Les Gafam feraient ainsi appel à des thinks tanks et à des cabinets d’avocats et de consultants pour entretenir leur image de start-ups conviviales, bien éloignée de celle de géants monopolisant le secteur et luttant contre les réglementations.

Un “gigantesque pouvoir” qualifié de “danger pour la démocratie” par Max Bank, membre de Lobby control et co-auteur de l’étude [Courrier International]. Et une menace en tout cas pour le paquet législatif sur le numérique, qui risquerait d’être édulcoré par le travail des groupes d’influence, craint Margarida Silva, co-autrice pour l’ONG Corporate Europe Observatory citée par le magazine.

“Revolving doors”

Sans surprise, ce sont les directions générales du marché intérieur et de l’économie digitale de la Commission qui intéressent le plus les lobbyistes : […] Les registres mentionnent […] 107 réunions avec les services [de la commissaire Margrethe Vestager], 102 avec ceux [de son homologue Thierry Breton]. Vingt-deux réunions avec le cabinet de Mme von der Leyen ont aussi été répertoriées” [Le Monde]. Avec une stratégie claire : conscients qu’ils ne peuvent plus s’opposer frontalement à ces velléités d’encadrement du secteur du numérique, les Gafam adoptent une stratégie plus fine.

Ceux-ci préfèrent tenter “d’avoir plus d’influence sur le contenu de ces lois” en alternant “soutien à certaines dispositions envisagées” et “insistance sur l’impératif de les adoucir”, poursuit le quotidien. Le rapport prend notamment l’exemple de la concurrence chinoise, brandie par les responsables de Facebook ou Google comme une menace pour “faire peur au législateur”, note France 24. Par ailleurs, Le Monde souligne que “le Parti populaire européen, première famille politique du Parlement de Strasbourg et dont est issu Andreas Schwab, le rapporteur sur le projet de marché digital, a recruté comme principale conseillère dans ce domaine une experte venue d’un ‘think tank’ lié à l’industrie technologique et financé par elle”.

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