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Les modèles sociaux européens à l’heure de la mondialisation

CASLes 22 et 23 novembre, le Centre d’analyse stratégique a organisé un colloque sur “l’Europe dans la mondialisation” . L’une des 7 tables rondes était consacrée aux différents modèles sociaux européens, analysés sous l’angle des enjeux liés à la mondialisation.

Iain Begg : non pas un mais des modèles sociaux européens

Iain Begg, professeur à la London School of Economics, a souligné que le concept même de “mondialisation” posait un problème de définition. Celui-ci est assimilé au dumping social, à la perte d’emploi, à l’aggravation des inégalités, ou encore à la dégradation des conditions de travail. Au-delà de ces représentations, la mondialisation présente 5 enjeux : plus d’échanges, ce qui implique une spécialisation des tâches par régions du monde ; des investissements directs étrangers, pour lesquels les systèmes sociaux peuvent jouer un rôle attractif ; une recrudescence de l’immigration, avec la question sous-jacente de l’intégration ; les délocalisations, impliquant de mener des politiques visant à faciliter le redéploiement des activités ; des transferts de technologie, conditionnés par une formation adéquate en la matière.

C’est à ces enjeux que doivent répondre les différents modèles sociaux. En Europe, ceux-ci se distinguent selon l’importance qu’ils accordent d’un coté à la flexibilité et de l’autre à la sécurité (ou solidarité). Bien qu’ils présentent entre eux quelques nuances, les pays nordiques tirent mieux parti de la mondialisation que leurs voisins européens. L’étiquette de “modèle anglo-saxon” , mise en avant en France, est tout aussi maladroite, car le Royaume-Uni a, depuis Margaret Thatcher, connu des changements importants.

La mondialisation a des effets positifs, mais leur manifestation implique des réformes en matière de politique sociale, a affirmé Iain Begg. Selon lui, il appartient à chaque Etat-membre de trouver des solutions, car chacun présente des caractéristiques bien spécifiques.

Marco Mira d’Ercole : vers un modèle social européen ?

Marco Mira d’Ercole, de l’OCDE, a appelé à démystifier les concepts de “modèle social européen” et de “mondialisation” , sans cela il est impossible de procéder aux réformes “qui s’imposent” .

Pour lui, si “modèle social européen” il y a, celui-ci désigne “un ensemble de pratiques et d’objectifs, plus que des acquis sociaux” . Par exemple, le rôle des pouvoirs publics dans la lutte contre les inégalités est reconnu partout en Europe. En revanche, en termes de résultats, il est moins évident qu’un tel modèle existe. Du point de vue des inégalités de revenu, par exemple, l’Italie ou le Portugal sont d’aussi mauvais élèves que les Etats-Unis, loin devant leurs voisins européens.

Selon Marco Mira d’Ercole, “l’impact de la mondialisation est exagéré, ce n’est qu’un des facteurs structurels qui demande aux Etats un effort d’adaptation. Le plus important est le facteur démographique.

Tom Jenkins : une autre vision de la mondialisation

Tom Jenkins, conseiller principal du Secrétariat général de la Confédération européenne des syndicats, a fustigé le rapport Sapir qui mettait en avant le modèle anglo-saxon : “pourquoi écouter le Royaume-Uni alors que celui-ci n’est qu’a moitié membre de l’UE” , a-t-il ironisé. Pour lui, les attaques faites à l’encontre du modèle social continental ne constituent que des alibis afin de justifier certaines politiques publiques, alors que de fait ce modèle fonctionne “plutôt bien” , en Autriche notamment.

Le modèle social européen repose pour lui sur des valeurs fortes, de solidarité et de développement durable par exemple. C’est d’autant plus flagrant si on le compare au modèle nord-américain. Néanmoins, le syndicaliste reconnaît que l’Irlande et le Royaume-Uni ne font clairement pas partie de ce modèle social européen et que les nouveaux Etats membres constituent un troisième groupe “n’ayant pas participé à l’élaboration du contrat social européen” d’après guerre.

Il faut, selon lui, poser le problème de la mondialisation de manière inverse. Ce n’est pas le plombier polonais ou les acquis sociaux qui posent problème, mais c’est parce qu’il y a un marché européen du travail qu’une politique sociale européenne est nécessaire. Contrairement a ce qu’ont pu dire le Président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, et le Président de la Fédération européenne des entreprises, Ernest-Antoine Seillière, il n’y a pas à l’heure actuelle d’accord entre les syndicats autour du concept de “flexisécurité” , a tenu à rappeler Tom Jenkins. Il compte donc sur la présidence française au second semestre 2008 pour faire de l’UE une référence en matière sociale.

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