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L'Europe en 3 minutes, le podcast

[Podcast] Covid-19 : la saga des relations entre la Commission européenne et les laboratoires

Face aux laboratoires, la Commission européenne a tenté de négocier des livraisons de doses au meilleur prix et dans des conditions légales optimales. Ce qui n’a pas été sans mal, tant les relations entre l’exécutif européen et ces grandes compagnies ont été marquées par des litiges, des conflits, voire des passes d’armes musclées. Retour sur cette saga, encore loin d’être achevée.

Entre les deux parties, tout commence à l’été 2020. L’Europe sort tout juste d’une première vague épidémique meurtrière et prépare déjà les campagnes de vaccination qu’on connaît aujourd’hui. L’UE signe des contrats d’achat anticipé, c’est-à-dire qu’elle finance les recherches des laboratoires les plus avancés, en échange de quoi ils s’engagent à fournir en priorité les Etats européens. Sur le papier, un deal rentable.

Sauf que dans le même temps, les Etats-Unis, le Royaume-Uni ou encore Israël passent les mêmes accords avec les laboratoires. Au point qu’en décembre 2020, lorsque les vaccins entrent sur le marché, l’Europe découvre qu’elle n’est pas la mieux placée dans les carnets de commande des laboratoires. 

La Commission, qui se félicitait d’avoir négocié les prix les plus bas, se trouve prise à son propre piège. Car les laboratoires ont en fait tout intérêt à livrer en priorité Washington, Londres ou Tel-Aviv, qui paient leurs doses plus cher. Début 2021, l’Europe est donc confrontée à des pénuries momentanées, tandis que les Etats-Unis ou le Royaume-Uni vaccinent à tour de bras. Pourtant, elle produit des doses en grandes quantités.

De leur côté, les laboratoires tentent quant à eux de trouver des astuces légales pour augmenter leur profit. Pfizer BioNTech a par exemple tenté pour sa part de réduire ses livraisons en expliquant qu’en fait, un flacon contient six doses de vaccin et pas cinq, comme prévu initialement.

Autre point de droit, exploité par AstraZeneca cette fois-ci : le laboratoire anglo-suédois a retardé l’homologation de son usine basée aux Pays-Bas. Or sans ce label, impossible d’écouler la production en Europe, ce qui lui permet derrière d’envoyer ses stocks aux puissances étrangères. Sans compter qu’en parallèle, les inspecteurs italiens ont découvert 29 millions de doses AstraZeneca cachées près de Rome, sans que le laboratoire donne plus d’explications sur leur destinataire…

Face à ces manœuvres, la Commission européenne a réagi en mettant en place un mécanisme de transparence. Concrètement, ce mécanisme force les laboratoires qui veulent exporter des doses produites sur le territoire de l’UE à le signaler. Si les doses sont destinées à un pays où la situation épidémique est moins alarmante qu’en Europe, ou à un pays qui n’exporte pas de vaccins, l’Europe peut alors bloquer la transaction. Le mécanisme a été activé une seule fois jusqu’ici, pour un stock de 250 000 doses produites en Italie et destinées à l’Australie. 

Enfin, le 26 avril, l’Union européenne a même engagé une action en justice contre AstraZeneca. Bruxelles accuse le laboratoire de ne pas avoir fourni “les efforts raisonnables” exigés dans le contrat pour approvisionner les Européens en vaccins. Depuis, la Commission a largement réorienté sa stratégie et s’appuie surtout sur les deux laboratoires qui produisent des vaccins à ARN messager : Pfizer BioNTech et Moderna.

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