Pierre Jacquet, chef économiste à l’AFD : “l’aide européenne au développement manque de coordination”
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Interrogé sur le poids de l’aide européenne au développement, Pierre Jacquet a rappelé que “l’Union européenne représent[ait] aujourd’hui plus de 60% de l’aide totale au développement, donc c’est un rôle extrêmement important” , qui fait de l’Union européenne le premier donateur au niveau mondial.
Or, souligne l’économiste, “cette politique n’est pas unifiée, à la différence de la politique monétaire ou agricole commune. L’Europe n’a pas su faire de l’aide au développement une vraie ‘politique’, avec des objectifs véritablement européens et une conception stratégique européenne” . Ce qui soulève à nouveau la problématique de la faculté de l’Europe à émerger en tant qu’acteur unitaire sur un ensemble de sujets de relations internationales.
François Bourguignon, directeur de l’EUDN : “la Chine, challenger de l’Union dans l’aide au développement”
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Or, ajoute François Bourguignon, la question du poids européen dans l’aide au développement fait également référence à la concurrence chinoise sur ce terrain.
Bien que l’on ne dispose pas “de bonnes informations sur le montant exact d’aide au développement accordé par la Chine” et que, pour le moment, “on ne peut pas vraiment comparer ces chiffres à ceux dont on dispose pour l’OCDE” , les 6 ou 7 milliards d’euros probablement dépensés par l’Etat chinois (sans compter les investissements directs) représentent un montant “absolument énorme” .
“Jusqu’à présent, continue le nouveau directeur, l’Europe avait une majorité claire dans l’aide au développement à Afrique et dans le reste du monde. En Afrique et avec la présence chinoise, il n’est plus du tout clair qu’on ait la majorité absolue.”
André Sapir, Professeur à l’Université Libre de Bruxelles : “l’UE doit réformer sa propre gouvernance pour jouer un rôle dans la réforme de la gouvernance mondiale”
Face à la montée en puissance de nouveaux acteurs, la place de l’Europe dans le monde est incertaine. Elle-même exemple de gouvernance internationale mais manquant d’unité dans sa politique, le rôle qu’elle pourra jouer sur la réforme de la gouvernance mondiale, dépendra de sa capacité à réformer sa propre gouvernance. Reste à savoir si le traité de Lisbonne permettra cette évolution.
Enfin, M. Sapir a mis en avant les difficultés de l’Europe à traiter les problèmes économiques des pays voisins, notamment à l’Est, pourtant cruciaux pour la prospérité européenne.
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