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La Commission européenne s’engage contre les fake news

Jeudi 26 avril, la Commission européenne a publié une communication sur la lutte contre la désinformation en ligne. Un sujet brûlant, alors que des soupçons de manipulations d’élections ont éclaté au début de l’année 2018.

Fake News

Le monde compterait aujourd’hui 1,3 milliard de sites internet pour 3,7 milliards d’internautes. Sans compter les nombreux réseaux sociaux… autant d’espaces véhiculant de l’information parfois juste, parfois moins. Et, dans certains cas, volontairement fausse. Les récentes révélations concernant Facebook et l’entreprise Cambridge Analytica, qui aurait favorisé notamment l’élection de Donald Trump grâce à l’utilisation illégale de données, ou les soupçons de manipulations russes de l’information sur la campagne présidentielle aux Etats Unis et pour le Brexit illustrent comment des données à caractère personnel peuvent être exploitées dans des contextes électoraux.

Mais ce n’est pas un phénomène nouveau : la manipulation en ligne et la désinformation auraient été utilisées au moins dans 18 pays au cours d’élections ces dernières années (Freedom of the net report 2017, Freedom house). Des chiffres qui rendent encore plus pressante la nécessité d’assurer la bonne tenue des élections en Europe en cas de campagne de désinformation, explique ainsi le commissaire européen chargé de la Sécurité Julian King. “L’utilisation, comme armes, des fausses informations et de la désinformation en ligne menace gravement la sécurité de nos sociétés. La manipulation de canaux dignes de confiance afin de colporter du contenu pernicieux et clivant exige une réaction lucide fondée sur un renforcement de la transparence, de la traçabilité et de l’obligation de rendre des comptes”, explique M. King.

Lutter contre la manipulation et la désinformation en ligne

Pour faire face à ce phénomène, l’Union européenne a choisi de prendre plusieurs mesures. Dès 2015, la task force East Stratcom, cellule de communication stratégique à destination de l’Europe orientale placée sous la responsabilité de Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne, a été créée afin de “contrer les campagnes de désinformation menées par la Russie” .

En novembre 2017, la Commission européenne a également lancé une consultation publique sur la désinformation. Résultat : sur un total de 3 000 réponses, 85% pensent que les fake news sont un problème dans leur pays et 68% des Européens ont été confrontés à une fake news au moins une fois.

Le terme “fake news” , qui signifie “fausse nouvelle” , est en fait l’arbre qui cache la forêt. Il n’est en effet pas synonyme de “désinformation” , qui est une problématique bien plus large et complexe. La Commission européenne définit ainsi les fake news comme des “informations dont on peut vérifier qu’elles sont fausses ou trompeuses, qui sont créées, présentées et diffusées dans un but lucratif ou dans l’intention délibérée de tromper le public et qui sont susceptibles de causer un préjudice public”. Mais actuellement, aucune de ces deux pratiques n’est encadrée ou couverte, bien que certains pays européens y travaillent. La France réfléchit par exemple à un projet de loi qui proposerait notamment une procédure d’urgence en période d’élections. Des juges pourraient demander à faire cesser la diffusion de certains contenus sous 48h.

Pour Nathalie Loiseau, ministre des Affaires européennes, le problème est “la viralité des informations les plus émotionnelles, dont les fake news, qui sont celles sur lesquelles les annonceurs se jettent” . Lors de la consultation citoyenne sur l’Europe à la Maison de l’Europe de Paris sur les médias et le numérique, la ministre n’a pas hésité à parler d’une “maladie de l’information” et d’une “guerre de l’information qui ne dit pas son nom”. Pour elle, l’échelon européen est le meilleur pour réguler les pratiques d’acteurs comme les plateformes d’information en ligne, qui sont “de taille internationale” .

Lors de l’annonce de la communication sur la lutte contre la désinformation, le commissaire au Marché unique numérique Andrus Ansip a lui aussi affirmé que “les nouvelles technologies, en particulier numériques, ont amplifié la portée des fausses informations qui se propagent via l’environnement en ligne pour saper les fondements de notre démocratie et de notre société” . A propos des plateformes en ligne, il estime que celles-ci ont ” un rôle important à jouer dans la lutte contre les campagnes de désinformation organisées par des personnes et des pays dont l’objectif est de mettre notre démocratie en péril” .

Code de bonnes pratiques et réseau indépendant de vérificateurs de faits

Sur la base des résultats de la consultation publique et de l’avis du groupe d’experts sur les fausses informations et la désinformation en ligne, publié en mars 2018, la Commission a publié le 26 avril une communication.

L’exécutif européen avance ainsi plusieurs propositions. Parmi elles, la création d’un code de bonnes pratiques, mis au point par les plateformes en lignes elles-mêmes. Celui-ci devrait entre autres garantir la transparence du contenu sponsorisé, un accès à des sources d’informations aux points de vue contrastés ou l’instauration de mesures pour repérer et fermer les faux comptes et s’attaquer au problème des robots informatiques.

Il préconise également la création d’un réseau européen indépendant de vérificateurs de faits, qui aurait pour mission d’établir des méthodes de travail communes, d’échanger les meilleures pratiques et de parvenir à la couverture géographique la plus large possible de l’UE en matière de corrections factuelles.

Enfin, une série d’actions vise à encourager un journalisme de qualité et à promouvoir l’éducation aux médias.

La commission prévoit maintenant de convoquer, d’ici l’été, un forum multilatéral pour instaurer un cadre de coopération entre les parties prenantes, comme les plateformes en ligne, le secteur de la publicité ou les grands annonceurs. L’objectif est que ces différents acteurs s’engagent en faveur de la coordination et de l’intensification de la lutte contre la désinformation. A la suite de ce forum, le code de bonne pratique contre la désinformation devrait être élaboré avant fin juillet 2018.

Source : Communiqué de presse, Lutte contre la désinformation en ligne : la Commission propose l’élaboration, à l’échelle de l’UE, d’un code de bonnes pratiques, Commission européenne.

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