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L’équité, enjeu majeur de l’avenir d’Erasmus + selon la directrice du programme pour la France

A quelques semaines de la célébration du 30e anniversaire d’Erasmus +, l’agence française du programme phare de l’Union européenne a tenu, les 10 et 11 octobre à Strasbourg, sa conférence annuelle. Au programme : deux journées de débats en présence d’acteurs venus de France, d’Allemagne ou encore de Slovaquie - pays occupant la présidence tournante de l’UE pour le semestre - orientés autour des thématiques très actuelles des migrations, du terrorisme et de l’emploi.

Pour Toute l’Europe, partenaire de l’événement, Laure Coudret-Laut, directrice de l’agence française d’Erasmus +, est revenue sur les priorités du programme pour les mois et années à venir. Selon elle, “élargir la base des publics partant en mobilité”, comme les filières professionnelles, est l’enjeu le plus pressant.

Etudiants

La conférence 2016 de l’agence française d’Erasmus + a-t-elle répondu à vos attentes ?

Je le crois. C’était important pour nous de donner une dimension internationale à la conférence et on a eu une diversité d’acteurs beaucoup plus grande que par le passé. Je pense que c’était un vrai plus qu’on associe une agence comme la nôtre au pays qui préside actuellement l’Union européenne [la Slovaquie, ndlr] : ils ne se posent pas les questions que nous. Et je pense aussi qu’il y a eu un grand apport de l’OFAJ [Office franco-allemand pour la jeunesse, partenaire de l’événement, ndlr], ne serait-ce que parce que le pragmatisme de l’Allemagne peut être une source d’inspiration.

Cette diversité a permis des débats très riches avec des points de vue différents. C’était important que, pour la première fois, les participants puissent s’exprimer dans leur langue et ainsi exprimer sans difficulté leurs opinions.

Laure Coudret-Laut

Laure Coudret-Laut est directrice de l’agence française du programme Erasmus + depuis janvier 2016. Elle était auparavant conseillère éducation, jeunesse, sport à la Représentation permanente de la France auprès de l’Union européenne.

Nous avons par exemple consacré un atelier de travail à la question de l’intégration des réfugiés en Europe. C’est un sujet évidemment complexe, qu’aucun pays n’aborde de la même façon. Se dégage tout de même l’idée, que je trouve très intéressante, de jeunes qui pourraient être envoyés en formation dans un certain nombre de pays, dont l’Allemagne, pour voir comment se met en œuvre l’intégration des réfugiés et y participer. Une agence comme la nôtre pourrait être partenaire de ce type d’initiative.

C’est la responsabilité du secteur de l’éducation de s’emparer de ces enjeux très actuels de migration ou encore de terrorisme ?

Oui. Politiquement, cette implication sur ces sujets a été portée par la ministre de l’Education depuis la Déclaration de Paris de mars 2015. C’est un chantier lancé par la France et qui a été diffusé au niveau communautaire. Dans la prévention de la radicalisation par exemple, l’école a un rôle évident à jouer.

Le programme Erasmus, selon vous, c’est le plus grand succès de la construction européenne jusqu’à présent ?

Dans notre domaine, c’est certain. Avec le programme Jeunesse, Erasmus est devenu quelque chose de très ancré dans la constitution de cette Europe de l’éducation.

C’est une réussite grâce à l’engagement des Etats, qui ont la responsabilité de la mise en œuvre. L’Europe est parvenue à fédérer les pays et donner l’impulsion nécessaire : il n’y a pas beaucoup d’exemples comme celui-ci. Et puis les parlementaires européens ont représenté un relai formidable. Ils votent les budgets et ont permis l’augmentation de 40% de la manne disponibles pour la période 2014-2020.

Les Français ayant participé au programme Erasmus ont une opinion presque toujours positive. Est-ce autant le cas dans les autres Etats membres ?

Oui. Je vois régulièrement les autres directeurs d’agence, au moins une fois par semestre, et le sentiment est très partagé. Lorsque la Commission européenne a souhaité célébrer ce trentième anniversaire, tout le monde était content. Même si tout le monde ne participe pas au programme depuis 30 ans !

Contrairement à ce qu’on pense, la mobilité n’est pas naturelle. Chacun a un bouquet d’opportunités, mais il faut être suffisamment prêt à se jeter dans l’expérimentation. La difficulté du travail est de faire en sorte que chacun ait envie de partir et se dise que c’est possible pour lui.

Pour aller plus loin, consultez également notre article Réfugiés : l’intégration par la formation ?

Le programme Erasmus est important sur le plan financier. Vous l’avez dit, il continue de croître. Quelle est votre première priorité pour les mois et années à venir ?

Durant la conférence, on a beaucoup prononcé l’idée de l’équité. C’est là-dessus qu’il faut travailler. La première priorité c’est d’amener des jeunes qui n’ont pas l’opportunité de partir à le faire. C’est l’enjeu majeur pour nous.
A cet égard, on mettra logiquement l’accent sur l’apprentissage. Mais il y a également beaucoup à faire dans l’enseignement supérieur pour des jeunes qui n’ont pas la chance de pouvoir partir en mobilité et qui ne sont pas inscrits dans une grande école, où c’est naturel d’en profiter.

Dans l’enseignement agricole aussi, par exemple, je pense qu’il y a des possibilités d’aller étudier ailleurs. Chacun peut tirer un grand bénéfice de sa mobilité, gagner en autonomie, devenir opérationnel dans une langue étrangère. Il faut élargir la base des publics qui partent en mobilité.

Est-ce ce qu’entend Najat Vallaud-Belkacem quand elle dit qu’il faut davantage et mieux communiquer autour du programme Erasmus ?

Oui je le crois. A cet égard, au programme de notre célébration des 30 ans du programme Erasmus l’an prochain, nous prévoyons un bus qui traversera la France pour cela. Aller chercher et bien informer sur le programme et le dispositif destiné aux étudiants et aux professeurs. Et on peut davantage s’appuyer sur l’expérience de ceux qui sont déjà partis avec Erasmus.

Les employeurs valorisent-ils autant l’expérience Erasmus en France que dans les autres Etats membres de l’Union européenne ?

Il est probable que non. Peut-être est-ce parce que nous sommes un grand pays avec encore pas mal de dispositifs d’échanges bilatéraux. Et puis les parcours linéaires en France, dans un lieu donné sans bouger, sont encore très majoritaires. Les Français ne sont pas très mobiles et restent très attachés à leurs territoires. En Allemagne, c’est moins le cas. Historiquement, quand le pays s’est unifié, il y a eu de grandes migrations internes, chose que nous n’avons pas connue en France.

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