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Inflation : la nouvelle hausse des taux d’intérêt de la Banque centrale européenne fait débat

Afin de lutter contre l’augmentation des prix, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé jeudi 27 octobre relever ses trois taux directeurs de 75 points de base chacun. Une politique qui interroge certains gouvernements et économistes en Europe.

"Il y aura d'autres hausses de taux au cours des prochaines réunions", a prévenu la présidente de l'institution monétaire Christine Lagarde lors d'une conférence de presse hier
Il y aura d’autres hausses de taux au cours des prochaines réunions”, a prévenu la présidente de l’institution monétaire de l’UE Christine Lagarde, lors d’une conférence de presse jeudi 27 octobre - Crédits : Adrian Petty / Banque centrale européenne

Et de trois !”, s’exclame L’Echo. “Comme prévu, la Banque centrale européenne a poursuivi, jeudi 27 octobre, le durcissement de sa politique monétaire”, rapporte Le Monde. L’institution “a annoncé une nouvelle hausse de ses taux d’intérêt directeurs, de 75 points de base supplémentaires” [L’Echo]. Cette augmentation, qui prendra effet le 2 novembre, est la troisième depuis cet été. “Soit une augmentation de 2 % au total depuis juillet. C’est du jamais vu depuis la création de l’euro”, commente le journal belge.

Dans le détail, le taux des opérations principales de refinancement, auquel les banques peuvent obtenir des liquidités auprès de la BCE pour une semaine, passe ainsi à 2 %. Le taux de la facilité de prêt marginal, pour les emprunts de plus court terme, est relevé à 2,25 %. Enfin, “le taux de facilité de dépôt, c’est-à-dire le taux d’intérêt versé par l’institution monétaire aux établissements bancaires pour leurs réserves placées auprès des banques centrales de la zone euro, s’élève à présent à 1,50 %” [L’Echo]. Objectif ? Lutter contre l’inflation, qui atteint près de 10 % dans la zone euro en septembre, rendant ainsi les prêts bancaires plus coûteux pour les entreprises et les ménages.

Crispations en France, Italie, Finlande et Portugal

La décision de relever les taux directeurs fait toutefois “grincer des dents” du côté de certains gouvernements européens [RFI]. Lors de sa conférence de presse jeudi, la présidente de l’institution Christine Lagarde “a […] défendu la BCE contre les critiques du monde politique - de la France, mais aussi de l’Italie - qui craint une récession déclenchée par les décisions de la BCE”, rapporte Il Sole 24 Ore. Les dirigeants des deux pays ont en effet “prévenu récemment que les hausses de taux de la BCE pourraient nuire à l’économie” [The Wall Street Journal].

Je suis inquiet de voir beaucoup d’experts et certains acteurs de la politique monétaire européenne nous expliquer qu’il faudrait briser la demande européenne pour mieux contenir l’inflation”, avait ainsi déclaré Emmanuel Macron dans un entretien aux Echos le 16 octobre. “La Première ministre italienne Giorgia Meloni a [pour sa part] déjà égratigné la BCE alors que son homologue finlandaise, Sanna Marin, a confié qu’il était pour le moins bizarre, pour une banque centrale, de vouloir protéger sa crédibilité en conduisant les économies vers une récession” [L’Echo]. Le Premier ministre portugais António Costa avait quant à lui “exhorté la BCE à faire preuve de prudence” [Reuters].

“Erreur de politique monétaire”

Les spécialistes sont eux-mêmes divisés sur la question. Pour Bruno Jacquier, économiste chez Atlantic Group cité par Le Temps, “la BCE est en train de commettre une erreur de politique monétaire”. “Non seulement, elle ne parviendra pas à endiguer une inflation qui est principalement la conséquence d’un choc d’offre sur les produits énergétiques et alimentaires se propageant irrésistiblement vers l’ensemble des biens et services, mais elle est en train de paver la voie à une récession de grande ampleur, en freinant la demande”, ajoute-t-il.

Les banques centrales font ce qu’elles peuvent”, remarque l’économiste Francisco Rodríguez Fernández dans El Mundo. Il est difficile pour elles “d’arbitrer un jeu […] qui se joue à la fois sur leur terrain - accélération de la consommation, inflation sans hausse de l’énergie - mais aussi sur d’autres” qui ne relèvent pas de leur compétence : “prix induits par l’énergie, géopolitique, perturbation des circuits d’approvisionnement mondiaux”.

Toujours est-il que “la vitesse à laquelle [les taux] augmentent pourrait surprendre les emprunteurs” [The Irish Times]. Selon le journal de l’île d’Emeraude, “à un moment où la hausse des coûts de l’énergie se fait déjà durement sentir, cela va mettre certains ménages en difficulté”.

Et après ?

Jusqu’à quel point les taux d’intérêt vont-ils augmenter ?”, s’interroge The Irish Times. “Une autre hausse est prévue pour décembre et, pour l’instant, les marchés en prévoient une ultérieure en 2023″, poursuit le média irlandais. “La présidente de la BCE a précisé que le rythme et l’ampleur des futures hausses de taux seront déterminés en fonction des prévisions d’inflation, de l’effet des mesures déjà prises et du temps mis par ces mesures à déployer leurs effets” [Le Temps].

Mais en adoptant un ton “un peu moins agressif” qu’en septembre face aux perspectives inflationnistes, Christine Lagarde laisse entrevoir une réduction de “l’ampleur des hausses de taux” dans les prochaines semaines [The Financial Times]. “Après avoir repoussé l’idée d’une récession le mois dernier”, elle “a déclaré cette fois qu’un tel scénario se profilait ‘beaucoup plus à l’horizon’ “, fait savoir le journal économique.

L’ère des taux d’intérêt super bas semble avoir touché à sa fin et la longue traîne de l’inflation signifie qu’elle n’est pas près de revenir. Bienvenue dans le nouveau monde, même si nous ne savons pas encore exactement à quoi il ressemblera”, conclut The Irish Times.

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