Comme le constate Libération, “la croissance française commence à sentir le poids de la guerre [en Ukraine]”. Selon la Banque de France, citée par le quotidien, “[elle] devrait être amputée en 2022 de 0,5 à 1,1 point de pourcentage par rapport à la progression du produit intérieur brut (PIB) de 3,9 % anticipée en l’absence de conflit”.
Car l’invasion russe en Ukraine a bien un “impact”, non seulement sur la France mais sur “les économies européennes” en général, souligne Politico. Le sujet est d’ailleurs au menu de la réunion des ministres européens des Finances (ECOFIN) d’aujourd’hui, présidée par Bruno Le Maire.
D’une part, le conflit perturbe les productions et les exportations entre l’Europe et la Russie. D’autre part, les sanctions européennes prises ou envisagées mettent en lumière les dépendances de l’Union vis-à-vis de Moscou et donc les difficultés d’approvisionnement de certains biens. Ce mardi 15 mars, le Conseil de l’UE doit d’ailleurs annoncer un “quatrième train de sanctions” élargissant la liste des oligarques ciblés par ces mesures.
Menaces sur l’automobile
“Les prix de tous les carburants, et notamment du diesel, augmentent en continu depuis plus de deux mois, en France comme dans le reste de l’Europe et ailleurs”, note ainsi Ouest-France. Une hausse “qui a été encore accélérée par l’invasion russe de l’Ukraine”, poursuit le média. En cause, la “production de pétrole qui n’arrive pas à suivre le rythme de la forte reprise économique mondiale”.
Les Echos expliquent toutefois que cette “hausse cache en réalité une forte volatilité”. Ainsi, “la principale cotation européenne pour le gazole s’est même effondrée” sur les marchés de gros, ce qui devrait faire baisser les prix à la pompe “au cours des prochains jours”, relève un expert cité par le journal.
Si ce “yo-yo” touche en premier lieu les conducteurs, du côté des constructeurs “c’est l’ensemble de la filière automobile qui risque [elle aussi] de souffrir de la crise”, analyse Simon Chodorge dans L’Usine Nouvelle. Et ce, “qu’il s’agisse des véhicules thermiques ou zéro émission”, car “les voitures électriques regorgent de métaux qui ont vu leur cours exploser avec la crise internationale”.
“Menace de crise alimentaire”
Le secteur agricole devrait lui aussi subir les conséquences du conflit. Au-delà de la hausse des prix de l’énergie et la “flambée des grains et huiles”, “l’immense majorité des agriculteurs européens utilisent des engrais minéraux […] et notamment azotés”, souligne l’AFP, reprise par plusieurs médias dont La Croix. Or, la Russie, qui en est “le premier exportateur […], a d’ores et déjà recommandé à ses producteurs d’engrais de suspendre leurs exportations”, poursuit le quotidien.
“Il est clair que les producteurs ne peuvent pas assurer seuls la hausse des cours de l’énergie et des engrais. Les agriculteurs français et européens sont impactés”, souligne ainsi Sébastien Abis, chercheur associé à l’IRIS cité par Public Sénat. Au-delà de l’Europe, plusieurs médias comme Euronews s’interrogent par ailleurs sur une potentielle “menace de crise alimentaire mondiale”.
Plans européens
Pour limiter l’impact de ces crises, les pays européens tentent de s’organiser. La Suède se dote par exemple “d’un plan pour lutter contre la hausse des prix des carburants” [RFI]. Tandis que l’Italie, “qui importe 45% de son gaz de Russie, réfléchit à changer de fournisseur, et se dit en capacité de le faire”, signale France info.
De son côté, l’Union européenne “prépare des aides aux agriculteurs”, en piochant notamment “pour la première fois dans la ‘réserve de crise’, fonds de quelque 450 millions d’euros” [Euractiv]. Sa “stratégie pour verdir les cultures en sabrant l’usage des pesticides” est toutefois remise en cause “par des États [dont la France], eurodéputés et organisations agricoles au nom de la ‘souveraineté alimentaire’ “, souligne le média.
Enfin, même si “Bercy a choisi de ne pas plaider ouvertement pour un nouveau plan de relance financé par la dette commune au niveau européen” [Politico], Bruno Le Maire pense “profiter du fait que les limites européennes de dépenses publiques sont encore en stand-by [jusqu’à la fin de l’année 2022] depuis la pandémie pour venir [au] secours des ménages et entreprises frappés par la crise”, poursuit le journal en ligne. Lors du Conseil de ce mardi, les Vingt-Sept pourraient ainsi “acter le principe d’aides massives aux ménages les plus touchés par la flambée des prix du gaz et des carburants et aux entreprises fortement consommatrices de gaz”, annoncent Les Echos.
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