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Face à la crise, il faut plus d’Europe

Faites vos jeux, rien ne va plus dans la zone euro. Depuis bientôt cinq ans que sévit la crise économique et financière, le moral de l’Europe est en berne. La tempête politique grecque n’en finit pas, et l’Italie pourrait bientôt devenir le cinquième pays en difficulté à recevoir une aide financière. L’aggravation de la situation suscite donc de nouvelles interrogations quant aux “remèdes” infligés jusqu’à maintenant à l’Europe, allant parfois jusqu’à remettre en cause le principe même de la construction européenne. D’autres au contraire s’étonnent que l’Union européenne ne soit pas déjà devenue une vraie fédération. Face à la crise, faut-il alors plus ou moins d’Europe ?

Dimanche 17 juin, les législatives grecques fourniront une partie de la réponse. Si les partis élus au Parlement athénien refusent les contraintes budgétaires et sociales associées aux plans d’aide dont bénéficie le pays, tous les scénarios sont envisagés, de la faillite du pays à la déflagration de la zone euro.

Comment déjouer de tels pronostics, et mettre fin à une situation si explosive ? Pour le président de la Commission européenne José Manuel Barroso, l’Union doit faire un “très grand pas” vers l’intégration, tandis qu’Angela Merkel plaide pour une “union politique” en Europe. Le prochain sommet européen des 28 et 29 juin pourrait bien être l’occasion de définir une feuille de route sur les cinq prochaines années, qui permettrait de consolider définitivement l’euro sur les plans politique, budgétaire et social.

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Pressée par la crise de la dette, l’union monétaire se voit peu à peu complétée par cette union économique qui lui manque encore terriblement. Ces dernières années, des pas importants ont été franchis en ce sens : prêts exceptionnels aux pays en difficulté financière ; création d’institutions ad hoc, les Fonds et Mécanisme européens de stabilité (FESF et MESF) ; mise en place d’un mécanisme de surveillance des déséquilibres économiques (“Six Pack”) ; renforcement de la régulation et de la surveillance des banques… D’autres moyens d’action, tels que les “projects bonds” dédiés aux grands projets ou l’augmentation des moyens de la Banque européenne d’investissement, sont aujourd’hui acquis.

Voulus et adoptés par l’ensemble des pays membres de la zone euro, voire du reste de l’UE, tous ces instruments participent de fait au renforcement de l’intégration européenne. Malgré ces initiatives, la dette publique des Etats en difficulté est toutefois loin d’être résorbée, et plonge l’ensemble du continent dans la plus grande incertitude. A nouveau, l’agence de notation Moody’s vient d’avertir qu’elle pourrait dégrader la plupart des pays de la zone si les situations espagnole et grecque empiraient.


Aller plus loin dans la solidarité économique européenne implique un plus grand partage des risques. Ce à quoi l’Allemagne ne peut se résoudre tant que les règles économiques, financières et surtout budgétaires ne seront pas les mêmes pour tous. Sur la question des eurobonds en particulier, le respect de la “règle d’or” budgétaire par chaque Etat s’avère une condition indispensable pour que sa dette puisse être garantie par ses partenaires. Comme l’a récemment affirmé le président de la Banque centrale allemande, Jens Weidmann : “On ne confie pas sa carte de crédit à quelqu’un si on n’a pas la possibilité de contrôler ses dépenses” .

Des pays dont l’économie dévisse sérieusement, d’autres qui, poids lourds européens, craignent de supporter un poids bien trop lourd pour leurs épaules (et d’en subir les conséquences électorales) ; d’autres encore qui freinent des quatre fers à la moindre évocation de solidarité financière. Voilà le tableau offert aujourd’hui par l’Union européenne à ses 500 millions de citoyens. Trop tard pour faire machine arrière ? L’Europe, qui garantit aujourd’hui la paix entre ses membres, n’a que trop misé sur le libre-échange comme principal projet commun. Elle pourrait bien être passée à côté de sa raison d’être politique : tous pour un, un pour tous, personne ne reste sur le bas-côté du chemin de sortie de crise.

Mais ne jetons pas le bébé avec l’eau du bain : s’il n’était pas trop tard il y a 60 ans pour réconcilier des nations sorties exsangues de conflits dévastateurs, il ne l’est certainement pas aujourd’hui pour créer une véritable union politique, indispensable à l’union économique et budgétaire. Et le changement pourrait bien venir de l’Allemagne, à en croire les récentes déclarations d’Angela Merkel qui, malgré son sobriquet “Madame Nein” , vient de donner un nouveau coup de fouet à l’intégration : “Nous devons, pas à pas, abandonner des compétences à l’Europe” a déclaré la chancelière allemande. Quitte à créer une Europe à deux vitesses en laissant de côté les réfractaires à l’union politique ?

17 Etats pourraient déjà faire avancer la machine. La zone euro, considérée aujourd’hui comme un boulet, se retrouverait dès lors modèle de 27 Etats membres trop frileux lorsqu’il s’agit de lâcher une part de leur souveraineté, y compris économique. La méthode des petits pas est parfois devenue celle des petits pas en arrière, et l’Europe a raté de belles occasions de se renforcer.

L’Europe peut encore se doter d’un vrai président, élu par ses citoyens, responsable d’un projet commun, qui ne soit pas un simple chef d’orchestre. Elle peut bénéficier d’un vrai exécutif, aujourd’hui trop souvent pris de haut (ou de court) par un Conseil d’Etats accrochés à leurs prérogatives nationales. Elle peut enfin être plus démocratique, en accordant à son Parlement des pouvoirs conséquents, dont ceux d’initiative, de colégislation sur l’ensemble des politiques et de contrôle accru sur les décisions. Face à l’impuissance et la lenteur des décisions à 27, pourquoi ne pas laisser plus de chances à l’intégration ?

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