La semaine dernière, le ministre français du Redressement productif Arnaud Montebourg avait déjà donné le ton, estimant que “10 % en plus ou en moins de l’euro pour un pays comme la France, c’est 150 000 emplois en plus ou en moins” , et recevant alors un “soutien inattendu de la part du commissaire européen à l’Industrie, Antonio Tajani” [Le Figaro.fr]. Or “la force de l’euro paraît d’autant plus perturbante que personne n’en comprend vraiment les raisons” , ce qui complique d’autant plus la tâche de la BCE que les taux d’intérêts et le niveau d’inflation sont déjà très bas [Le Figaro.fr].
Mais ces alertes sur l’euro “trop fort” ne sont pas du goût de l’économiste Nicolas Goetzmann (Atlantico) et du journaliste Guillaume Maujean (Les Echos.fr). Quand le premier dénonce un “marronnier de la pensée monétaire de ce temps” , le second juge que ces critiques mêlent “incompréhensions et contrevérités, qui méritent que soient mis à bas quelques fantasmes” .
Ainsi, précise M. Goetzmann, “les exportations représentent 26% de l’économie française, dont seuls 40% sont destinés aux marchés (…) hors zone euro” . Dès lors, “la seule baisse de l’euro ne peut impacter positivement que 10% de l’économie française” . Mais surtout, “c’est d’une amélioration de l’activité intérieure” dont les 90% restants ont besoin : “la baisse de l’euro ne se produira que si la banque centrale se décide à favoriser son marché intérieur, à faire baisser le chômage, et à relancer l’activité” .
M. Maujean souligne quant à lui que “le niveau actuel de l’euro est surtout le reflet de la faiblesse passagère des autres devises” et que “la santé de la monnaie unique est par ailleurs le signe de la solidité retrouvée de l”édifice’ euro. “Et il y a tout lieu de s’en réjouir” , conclut-il.