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Eirini Zafeiratou : “C’est un énorme challenge technique et logistique pour les opérateurs qui doivent adapter leurs systèmes”

Eirini Zafeiratou est directrice de GSM Europe, une association représentant différents opérateurs européens. En cette qualité, elle a accepté de communiquer la position des opérateurs européens, concernant le règlement sur la baisse des tarifs en itinérance.

La Commission européenne a décidé de modifier les tarifs des appels en itinérance. Cette initiative vous semble-t-elle justifiée ?

Pour GSM, il n’était pas nécessaire d’intervenir directement sur les tarifs. Une intervention sur les prix des services ou des biens est une intervention assez lourde, quel que soit le secteur économique. Lorsque l’on regarde les tarifs au cours des dernières années, on constate une baisse des prix des appels en itinérance. Entre 2005 et 2007, ils sont passés de 83 centimes d’euros à 59 centimes d’euros la minute, soit une baisse des prix de l’ordre de 29 % depuis 2005. Les opérateurs proposaient donc des baisses de tarifs. C’est un processus identique à celui des marchés nationaux. Si la concurrence fait baisser les tarifs, une réglementation n’est pas nécessaire, elle les fera simplement baisser plus vite. Pour ces raisons, il me semble que cette intervention n’est pas justifiée.

La commissaire (Viviane Reding) considère que cette mesure favorisera la concurrence et inciter les opérateurs à proposer des tarifs encore plus avantageux. Partagez-vous ce point de vue ?

Les opérateurs proposaient déjà des tarifs avantageux, comme le pack vacances d’orange, ou le Passeport de Vodafone. Cependant nous avons fait une distinction entre les tarifs de Vodafone ou d’autres et ce que propose le règlement, à savoir un plafond.

Le règlement permet que le pack des opérateurs continue d’exister mais veut garantir qu’un plafond ne soit pas dépassé. Les opérateurs vont donc continuer à mettre sur le marché des tarifs avantageux, destinés d’ailleurs à des usagers aux besoins précis. Les clients qui voyagent beaucoup, par exemple, ont besoin d’un tarif différent de ceux qui ne voyagent pas.

Si les opérateurs ne rentrent pas dans leurs frais, n’y a-t-il pas un risque pour que les prix augmentent ?

Les prix ne peuvent pas augmenter au point de dépasser le plafond. En revanche, les opérateurs ne pourront pas couvrir leurs frais dans certains endroits, pour des raisons géographiques ou à cause de la densité du réseau. Dans certains Etats membres, il y a beaucoup de montagnes ou de villes. Dans le sud de l’Europe, beaucoup de touristes profitent plutôt de la saison estivale. En Grèce, il y a quatre fois plus de visiteurs en été qu’en hiver.

Les opérateurs doivent donc être capable de fournir ponctuellement beaucoup plus d’utilisateurs qu’habituellement en réseau de téléphonie mobile. Il y a un investissement précis à cette période de l’année, et les coûts ne sont pas les mêmes pour tous les opérateurs. Certains risquent d’être incapables de satisfaire la demande, de maintenir la qualité. Si les opérateurs ne rentrent pas dans leurs frais, il pourrait y avoir des conséquences pour le réseau, et les services gratuits de marketing à côté du forfait, comme le téléphone portable fournit avec le contrat.


La Commission européenne souhaite que les opérateurs informent désormais leurs clients des tarifs des appels reçus et passés dès le passage d’une frontière. Quelles sont les conséquences de cette demande en termes de logistique ?

Les conséquences sont énormes. Le problème, c’est que les délais sont très courts et très précis pour l’application du règlement. C’est un énorme challenge technique et logistique pour les opérateurs qui doivent adapter leurs systèmes. Il sera difficile d’informer tout le monde des tarifs. Il faut pour cela prendre des logiciels, acheter les services pour envoyer des sms à tout le monde. Ce sera possible mais, la question se posera de pouvoir régler les systèmes de tous les opérateurs dans les délais donnés.


Enfin concernant l’option “opt in”/“opt out” , êtes-vous satisfaits du compromis adopté le 23 mai par le Parlement européen concernant les délais pour l’application généralisé de l’eurotarif ?

Le problème majeur qui se pose pour l’application généralisée de l’eurotarif est le nombre important des clients à informer. Il faudra donc modifier les contrats. C’est un problème logistique important. Réaliser cela pour tout le monde en même temps est impossible, des délais sont donc nécessaires. Nous estimons que la majeure partie des clients devraient bénéficier automatiquement de l’eurotarif dans les deux mois suivant la publication du règlement.

Propos recueillis le 01/06/07

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