Est-ce à cause de la moyenne d’âge plutôt élevée de la classe politique française ? Ou est-ce le besoin de trouver de nouvelles têtes pour incarner une institution en mal de visibilité ? Depuis dimanche soir, et l’annonce des résultats des élections européennes, une bataille médiatique oppose Karima Delli à Damien Abad pour savoir lequel des deux sera le plus jeune élu français du prochain Parlement européen.
L’état civil a tranché : dans ce duel à distance qui l’oppose à l’élue écolo, c’est le centriste, âgé de 29 ans, qui l’emporte. Damien Abad précise : “je serai le benjamin du prochain Parlement. La benjamine étant une eurodéputée danoise de 25 ans” .
Pas encore trente ans mais déjà fin politique, le président des Jeunes Centristes. Quand on lui demande s’il votera la reconduction de José Manuel Barroso à la Présidence de la Commission européenne, le nouvel élu préfère temporiser : “j’attends de voir quel projet il propose pour me déterminer, de la façon la plus libre qui soit” . Un respect sinon des formes, du moins de l’esprit du Traité de Lisbonne, qui lui permet de ne pas afficher de soutien a priori au Portugais plutôt mal vu des Français.
Affirmer le rôle politique du Parlement et rompre avec “un certain consensus mou” , incarné par les accords entre partis pour la répartition des postes : c’est l’ambition que porte Damien Abad “avec la fougue et l’audace” de sa jeunesse. “On a besoin d’un vrai clivage politique, mais pas forcément d’un clivage droite gauche, qui donne une visibilité au Parlement européen” .
Ce spécialiste des questions économiques et financières, adoubé par l’Elysée pour ses compétences en la matière, se verrait bien siéger au sein de la Commission Recherche Industrie Energie. “L’idée est de renforcer le pool de parlementaires européens capables de développer des propositions pour faire face à la crise. Maintenant, c’est aux instances du PPE de décider” .
En tant que benjamin de la future assemblée, Damien Abad s’est aussi fixé pour objectif de réconcilier avec l’Union européenne une jeunesse qui a boudé les urnes dimanche dernier. Pour ce faire, il souhaite lancer deux chantiers : celui d’une charte sur les libertés numériques, qui défendrait notamment “le droit à l’oubli” sur Internet, et celui d’une aide accrue à la mobilité européenne pour les jeunes, au-delà du seul programme Erasmus.