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Après la gestion des situations d’urgence, l’Union européenne fixe un cap budgétaire pour les 27

Suite au plan de rigueur lancé en Grèce, les cures d’amaigrissement budgétaire se sont emparées d’une grande partie de l’Europe. Si les Etats membres appliquent chacun de leur côté des plans d’austérité, c’est l’UE (à travers le Conseil des ministres et le Conseil européen) qui entend désormais faire respecter au mieux les critères du Pacte de stabilité et de croissance.

L’Union européenne face à la crise de la dette

La crise de la dette est un sujet majeur aujourd’hui puisque les Etats se financent largement sur les marchés financiers. Ceux-ci s’appuient sur les agences de notation pour évaluer la solvabilité des budgets des Etats. A titre d’exemple, l’agence Moody’s (une des trois grandes avec Fitch Ratings Standard & Poor’s) joue un rôle important, avec à son actif la dévaluation de la note des Etats grec et irlandais mettant les nerfs de zone euro à rude épreuve.

La crise grecque, la plus grave de l’UE, reste dans les esprits

Depuis la crise financière de 2008, qui s’est propagée dans l’économie réelle, les fragilités structurelles propres à certains pays ont explosé. Fin 2009, en Grèce, le gouvernement Papandréou avait reconnu que la dette publique et le déficit budgétaire avaient été largement sous-estimés, voire même maquillée pour conserver la confiance des marchés financiers. Cette annonce a considérablement ébranlé la zone euro, qui s’est résolu avec le concours du FMI à imposer un plan drastique à la Grèce, pour que le pays puisse rester dans la zone euro, afin de conserver une crédibilité face aux investisseurs et créanciers internationaux.

Ce scénario catastrophe a mis à jour une certaine faiblesse dans l’idée de solidarité européenne. Le gouvernement allemand a longuement rechigné à constituer le fonds d’urgence pour la zone euro à destination des économies les plus faibles. Mais il était hors de question finalement de laisser sortir un Etat membre de la zone euro.

Des scénarios similaires se produisent dans les économies les plus fragiles

Mais cette zone euro (composée de 16 membres de l’UE) a connu d’autres scénarios similaires avec une intensité toutefois relative. En Espagne, les deux piliers de la croissance “miraculeuse” (le secteur bancaire et le bâtiment), ont prouvé qu’ils n’étaient qu’un feu de paille, largement dépendants de la conjoncture mondiale. Durement touchée par la crise mondiale, l’Espagne a vu son taux de chômage bondir, et sa consommation intérieure s’effondrer. Le gouvernement socialiste a lui aussi choisi d’appliquer un plan d’austérité drastique qui se répercute sur les services publics et les ménages, et qui prévoit par exemple le report de la retraite à 67 ans. On observe une tendance similaire pour son voisin lusitanien.

La République d’Irlande a suscité également des inquiétudes très fortes avec un déficit à hauteur de 32% du PIB, laissant croire à une réédition du scénario grec. Le gouvernement irlandais a lui aussi engagé un plan d’austérité fondé sur les mêmes recettes, sans pour autant taxer les sièges sociaux des firmes multinationales installées sur le sol irlandais : le gouvernement irlandais s’est refusé à remettre en cause l’un des fondement de son modèle économique , celui-ci reposant sur une fiscalité avantageuse à l’égard des sièges sociaux de firmes multinationales étrangères (principalement américaines).

Dernièrement, le Royaume-Uni a fait encore plus fort que lors des coups de boutoir de Margareth Thatcher. David Cameron, le Premier ministre conservateur, a annoncé un plan d’austérité accompagné de la suppression de 500 000 fonctionnaires, afin de réduire un déficit budgétaire de 11,7%, le plus élevé du G7.

L’Union européenne entend reprendre la main sur les dérapages budgétaires

Face à ces mesures d’austérité en cascade, l’Union européenne a réagi. Fortement marqué par la crise grecque, la plus grave des 27 Etats membres, le conseil ECOFIN s’est réuni lundi 17 octobre pour annoncer une mise sous tutelle des politiques publiques des 27 pays. Il s’agit avant tout de lutter contre la crise de la dette, pour conserver la confiance des marchés et s’assurer qu’ils continuent de financer les économies des Etats membres.

Il s’agissait de savoir comment pénaliser les Etats membres qui laissent filer leur déficit budgétaire, sans pour autant pénaliser le retour de la croissance, le choix d’une politique de rigueur faisant l’objet d’une vive polémique actuellement à ce sujet. Plusieurs thèses étaient en compétition pour régler le sort des Etats trop déficitaires. La position allemande plaidait pour une automaticité des pénalités financières à l’encontre des Etats trop laxistes, dans la droite ligne de ses réticences premières à sauver la Grèce. La France, voulait adoucir cette position, en arguant une durée de six mois aux Etats pour se ressaisir.

Le couple franco-allemand unit ses positions en vue du Conseil européen

Finalement, un compromis a été trouvé lors du sommet de Deauville du 18 octobre, puisque sous la pression de Nicolas Sarkozy semble-t-il, les pénalités seront décidées par le Conseil de l’Union européenne à la faveur de la majorité qualifiée, avec une forte atténuation du caractère automatique des pénalités. En voulant encore aller plus loin, le couple franco-allemand a plaidé pour une réforme du Pacte de stabilité et de croissance, et par voie de conséquence du traité de Lisbonne, pour y inclure ces nouvelles dispositions budgétaires.

Si la presse et les responsables allemands ont hurlé au nouveau diktat français, Jean-Claude Trichet a également fait part de son mécontentement, une majorité de gouvernements européens dénonçant quant à eux “l’impérialisme franco-allemand” .

Ce compromis qui était censé assurer le bon fonctionnement du futur Conseil européen qui se déroulera le 28 et 29 octobre prochain, risque au contraire de montrer des nouvelles divisions dans la façon de gérer les conséquences catastrophiques de la crise financière de 2008.

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