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Anne Houtman : “Alors que nous fêtons les dix ans de l’euro fiduciaire, il nous paraissait essentiel de prendre le temps d’expliquer la réponse européenne à la crise”

Le 6 mars prochain, un grand débat aura lieu à la Représentation de la Commission européenne à Paris pour discuter de la réponse européenne à la crise économique qui touche l’ensemble des pays européens depuis 2009. Dans un entretien à Toute l’Europe, Anne Houtman, chef de la Représentation, revient sur l’opinion des Européens à propos de l’avenir économique de l’UE, le rôle de la Commission européenne pour sortir l’Union de la crise et la mise en place du semestre européen.

Toute l’Europe : A l’occasion du débat que vous organisez le 6 mars prochain, une enquête Eurobaromètre sera présentée sur l’état de l’opinion. Aujourd’hui, quelle est la vision des citoyens européens sur l’avenir économique de l’UE ?

Anne Houtman : Les citoyens européens sont très préoccupés et c’est aussi pour cela que nous avons voulu organiser cette conférence grand public, le sujet étant par ailleurs très complexe.

Alors que nous fêtons les dix ans de l’euro fiduciaire, il nous paraissait essentiel de prendre le temps d’expliquer ce qu’a été la réponse européenne à la crise et d’en débattre. Comme souvent, les Français sont parmi les plus pessimistes : 76% d’entre eux pensent que le pire est à venir en matière d’emploi, contre 68% en moyenne dans l’UE.

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A l’approche des Etats généraux de l’Europe, un grand débat aura lieu le 6 mars 2012 à la Maison de la Chimie pour discuter de la réponse européenne à la crise économique. Ouvert à tous, ce débat se déroulera notamment en présence de Olli Rehn (Vice-président de la Commission européenne chargé des affaires économiques et monétaires), Michel Barnier (Commissaire européen chargé du marché intérieur et des services), Jean Leonetti (ministre chargée des Affaires européennes) et également de députés européens, parlementaires nationaux, économistes…

En savoir plus : Représentation de la Commission européenne en France


En même temps, cette enquête Eurobaromètre, que nous avons réalisée spécialement à l’occasion de cet événement, montre qu’il y a de fortes attentes vis-à-vis de l’Union européenne : 52% des Français interrogés considèrent en effet que, face à la crise, les réponses devraient surtout être apportées au niveau européen (et 38% au niveau national).

Toute l’Europe : La crise n’a-t-elle pas révélé l’échec de la méthode intergouvernementale ? La Commission européenne ne devrait-elle pas voir son rôle renforcé, notamment en se voyant confier la gouvernance économique de l’Union européenne ?

Anne Houtman : Je ne suis pas persuadée qu’il soit productif d’opposer méthodes communautaire et intergouvernementale à un moment où la priorité est l’urgence de résoudre la crise et de mobiliser des leviers de croissance.

L’intergouvernemental a permis d’avancer là où la méthode communautaire n’avait pas préparé le terrain. Par ailleurs, la Commission a joué et continue de jouer pleinement son rôle. Certaines des décisions prises l’ont même renforcé, notamment en matière de surveillance et de sanctions.

Cela ne doit pas, bien sûr, nous empêcher de rester vigilants car la méthode communautaire aujourd’hui, ce n’est pas seulement le pouvoir d’initiative de la Commission mais aussi la codécision législative entre le Conseil et le Parlement européen. Et la construction européenne a besoin de cette assise démocratique, fondée sur cette double légitimité des Etats et des citoyens.

Toute l’Europe : La politique de rigueur actuellement mise en place dans les Etats membres peut-elle relancer la croissance ?

Anne Houtman : L’assainissement des finances publiques est évidemment un fondement essentiel mais il faut aussi une politique de relance. L’Union a d’ailleurs une stratégie de croissance qui est la stratégie Europe 2020. Elle implique un processus de long terme en matière de recherche, d’innovation, d’infrastructures et de réformes structurelles.

Mais la Commission a aussi proposé des mesures de court terme notamment pour soutenir l’emploi des jeunes et les petites et moyennes entreprises. Dans cet esprit, il est évident qu’il faut aussi appliquer une rigueur “intelligente” et ne pas mettre en danger les dépenses d’avenir (éducation, recherche, infrastructures performantes etc.).

Il faut aussi que l’UE ait les moyens de son action avec un budget européen consolidé, la possibilité de lancer des “project bonds” , etc.

Toute l’Europe : La stratégie UE 2020 réforme et prolonge la précédente stratégie de Lisbonne par une gouvernance plus étroite au sein de l’Union. Quelles sont les principaux axes de ce dispositif mis en place par la Commission européenne ? Quelles sont les prochaines étapes de la feuille de route de la stratégie ?

Anne Houtman : Ce sont surtout les avancées en matière de gouvernance économique, avec notamment la mise en place du semestre européen, qui viennent renforcer la stratégie Europe 2020. Elles permettent en effet une approche plus globale qui intègre aussi bien les réformes structurelles que les aspects macroéconomiques et budgétaires.

De plus, le semestre européen sera rythmé par des échéances et un calendrier précis : il démarre avec un rapport annuel de croissance de la Commission, dont le Conseil européen vient d’endosser les priorités, par exemple en matière d’innovation, et se poursuit ensuite par les programmes de stabilité et de réformes nationaux présentés en avril et finalement, par les recommandations aux Etats membres en juin-juillet.

Les Etats membres ont par ailleurs l’obligation de mobiliser leurs parlements et tous les acteurs concernés dans la préparation de ces plans nationaux. Le semestre européen pourrait aider à réaliser une meilleure synergie entre sphères politiques nationale et européenne, et donc maximiser l’impact d’une stratégie de croissance commune. Celle-ci est multiple mais elle repose sur quelques volets importants comme la relance du marché intérieur ou le lancement de grands projets d’infrastructures dans les domaines de l’énergie, du transport et des télécommunications.

Toute l’Europe : Cette année, l’UE célèbre les 10 ans de la mise en circulation de l’euro. Les Français ne sont toujours pas convaincus des avantages de la monnaie unique. Comment l’expliquez-vous ?

Anne Houtman : Les Français continuent de soutenir majoritairement l’euro. Notre enquête montre que 63% des citoyens se disent favorables à l’euro, contre 32% qui y sont hostiles (pour la zone euro : 64% contre 29%).

Il est vrai que ce soutien s’est effrité, notamment en lien avec la perception - largement infondée - que la passage à l’euro a entraîné une hausse du coût de la vie et la mauvaise image de l’euro que renvoie les problèmes des pays de la zone euro.

Or ceux-ci sont dûs à des divergences croissantes entre les économies et n’ont rien à voir avec l’usage de la monnaie unique qui les a plutôt protégés. Cela dit, les citoyens ont compris, comme les décideurs politiques, que l’Union économique et monétaire était en réalité inachevée, qu’il lui manquait son pilier économique. On peut espérer que les avancées engrangées dans ce domaine, dans ce contexte de crise, les convainquent de la solidité et de la pertinence de la zone euro.

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