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Angela Merkel, colosse européen aux pieds d’argile ?

Angela Merkel mène le train européen actuellement. La Chancelière provoque l’irritation de ses partenaires européens du fait de ses annonces sur la manière de gérer la zone euro alors que la lenteur de décision allemande est en partie responsable de la détérioration de la situation grecque. Cependant, Angela Merkel est-elle aussi forte qu’on le croit ? Contestée en Allemagne dans sa propre majorité, elle tente avant tout de compenser ses déboires nationaux par une stature européenne.

A l’occasion du Conseil des ministres des Finances (appelé “Ecofin”), Wolfgang Schäuble, le ministre allemand des Finances, va demander une meilleure prévention des dérives budgétaires et réclamer des sanctions très lourdes contre les pays mal gérés.

Nicolas Sarkozy a assuré jeudi 20 mai 2010 qu’il n’avait “pas de désaccord” avec la chancelière allemande Angela Merkel sur la réforme de la zone euro. Le Président français a déclaré : “sur mes relations avec Mme Merkel, nous faisons tout pour qu’elles soient dans l’harmonie et qu’elles montrent une volonté commune. Nous n’avons pas de désaccords ensemble. J’ai dit à Angela Merkel, mais elle en est parfaitement convaincue, qu’il ne peut pas y avoir de désaccords entre l’Allemagne et la France sur des sujets de cette importance” . Ces propos semblent éteindre le début de polémique après les déclarations de Christine Lagarde, ministre française de l’Economie et des Finances, reprochant à Angela Merkel d’annoncer des mesures contre les spéculateurs sans concertation avec ses partenaires, notamment français.


En termes de sanctions, si un pays ne respecte pas le pacte de stabilité, Berlin évoque un gel ou la suppression de fonds structurels ainsi que la suspension des droits de vote au sein des instances européennes. Il pourrait également proposer une modification des traités lors de cette réunion de travail.

Angela Merkel se veut ainsi à la pointe de la remise en ordre de la zone euro.

Cependant, sa décision surprise et unilatérale d’interdire les ventes à découvert sur les valeurs financières et les paris baissiers sur les obligations d’État a semé le doute sur les marchés cette semaine. Les boursiers attendaient plutôt des prises de positions concertées au niveau européen et non pas des décisions à un niveau national pour en finir avec la crise grecque.

Une forte fragilité sur la scène allemande

Les récents déboires électoraux du parti d’Angela Merkel (CDU) et de son allié gouvernemental, les libéraux (FDP), forcent la Chancelière à reprendre la dynamique au niveau européen, à défaut de porter celle nationale.

Dimanche 9 mai, avaient lieu les élections en Rhénanie du Nord-Westphalie (NRW), le Land le plus peuplé d’Allemagne avec 13,5 millions de votants. La CDU a perdu à cette occasion la présidence de la région en raison du score trop faible de son allié à la direction de cette région, les Libéraux. La coalition “noire-jaune” perdait ainsi une région symbole mais également la majorité au Bundesrat, la Chambre Haute du Parlement allemand.

La contestation interne dans le parti de centre-droit allemand a alors commencé à prendre de l’ampleur. Angela Merkel voit ainsi l’apparition de critiques publiques sur ses propositions. Peter Gauweiler, de l’aile conservatrice de la CSU munichoise, attaque l’aide allemande à la Grèce et menace de voter contre au Bundestag. Christian Wulff, ministre-président de Basse-Saxe et force montante de la CDU estime lui que “le gouvernement doit prendre en compte les souhaits des électeurs par la consolidation et l’assainissement des questions budgétaires encore plus sérieusement qu’auparavant” .

Autant dire que la majorité d’Angela Merkel tangue sérieusement. Et ce malgré l’appui de Werner Feymann, son homologue autrichien social démocrate (SPÖ), venu à Berlin le 18 mai 2010. C’est après son entrevue qu’Angela Merkel a annoncé être prête à lancer en solo sa guerre contre les spéculateurs.

Cependant, le Chancelier autrichien est lui-même contesté au sein de son gouvernement de “Grande Coalition” par le ministre conservateur, Joseph Pröll, qui s’est déclaré contre.

L’agitation sur la scène européenne d’Angela Merkel ressemble donc à une manière de resserrer les rangs de la majorité CDU-FDP. Le vote au Bundestag ce vendredi 21 mai sur l’énorme paquet de 750 milliards d’euros est ainsi déterminant pour elle.

Une mauvaise gestion de la crise grecque

Ce nouvel accroc dans la communication de la Chancelière allemande a mis en exergue les ratés allemands tout au long de la crise grecque. Les députés européens, tels Pervenche Berès ou Alain Lamassoure, ont par exemple souligné que la décision d’allouer 750 milliards d’euros d’aide à la Grèce aurait pu être prise dès le Conseil européen du 11 février. La responsabilité incombant à l’indécision du côté allemand.

Les réserves de l’opinion publique et des politiques d’outre-Rhin étaient compréhensibles : ils ne voulaient pas avoir été vertueux pour payer à la fin les écarts de gestion des autres pays.

Cependant la solidarité européenne a été mise à mal par ce retard. Et les spéculateurs sur les marchés boursiers se sont précipités dans la brèche. L’intransigeance allemande sur ce dossier a fini de déprécier l’image d’Angela Merkel.




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