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Accords et désaccords européens sur la crise financière

Réunis samedi à Paris à l’initiative du président en exercice du Conseil de l’Union européenne, Nicolas Sarkozy, les quatre membres européens du G8, ou “G4”, se sont accordés sur un plan en six points qu’ils doivent maintenant soumettre à leurs vingt-trois partenaires européens. La rencontre entre l’Allemagne, l’Italie, la Grande-Bretagne et la France a cependant mis en évidence les nombreuses divergences qui opposent les Etats membres de l’UE.

Chronologie d’une crise annoncée

Née aux Etats-Unis au lendemain des attentats du 11 septembre 2001, la crise financière qui touche aujourd’hui l’Europe ne devrait pas tarder à devenir mondiale.

Le plan Paulson

A la veille du Sommet du G4, le Congrès américain a adopté le plan Paulson. Ce plan vise à donner à l’État les moyens et l’autorité de racheter les actifs dépréciés des institutions financières mises à mal par la crise des prêts immobiliers à risque, les “subprimes” .


En effet, après le 11 septembre 2001, la Banque centrale américaine (FED) baisse ses taux de 6,5 % à 1 % afin de doper l’économie, rendant ainsi le crédit moins cher.

De plus, les prêts consentis sont souvent très risqués par rapport à la solvabilité des emprunteurs : ce sont les fameux “subprimes” .

Dès le mois de février 2007, les défauts de paiement sur les crédits “subprimes” se multiplient aux Etats-Unis et provoquent les premières faillites de banques américaines.

En janvier 2008, la baisse des taux directeurs de la plupart des banques américaines et le rachat à prix bradé de certaines d’entre elles tirent la sonnette d’alarme aux Etats-Unis. Le Trésor américain met ainsi deux “géants” du crédit hypothécaire sous tutelle.

Le 15 septembre 2008, le dépôt de bilan de la banque d’affaires Lehman Brothers et le rachat de la Merrill Lynch marquent un tournant dans la crise.

Menacée depuis plusieurs mois à la suite de la chute du marché du crédit, l’Europe est touchée le 26 septembre avec l’effondrement du groupe de banque et d’assurance belgo-néerlandais Fortis, qui sera renfloué quelques jours plus tard par les autorités belges, néerlandaises et luxembourgeoises, alors qu’en Grande-Bretagne, la banque Bradford and Bingley est nationalisée.

Le 23 septembre, la crise financière est au coeur des débats aux Nations Unies. Invité d’honneur de l’Assemblée générale, Nicolas Sarkozy annonce une réunion des quatre membres européens du G8 le plus rapidement possible.

L’Europe élabore un plan en six points …

Conférence de presse, sommet des membres européens du G8



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Il aura fallu plus de trois heures de négociations entre la Chancelière allemande Angela Merkel, la Premier ministre britannique Gordon Brown, le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi, et le chef d’Etat français, mais aussi le président en exercice de l’UE Nicolas Sarkozy, pour s’accorder, sous l’oeil attentif du président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker et du président de la Banque centrale européenne Jean-Claude Trichet, sur un plan d’action de l’Europe face à la crise.

Ce plan a été présenté lors d’une conférence de presse par les quatre partenaires européens. Il se révèle comme un compromis entre les visions divergentes de certains Etats membres, la France et l’Allemagne en tête, sur la gestion de cette crise qui atteint l’Europe.

Les quatre membres européens du G8 ont ainsi présenté samedi à Paris un plan qui prévoit que :

  • les Etats membres s’engagent à soutenir leurs établissements bancaires déficients, mais chacun de leur côté. Chaque pays restera maître de sa méthode et de ses moyens ;

  • prendront des sanctions contre les dirigeants qui ont failli et ce seront les actionnaires, en premier lieu, et non les contribuables qui supporteront les pertes ;

  • la Commission européenne devra faire preuve de flexibilité dans son action auprès des entreprises et des marchés pour soutenir la croissance ;

  • cette flexibilité se retrouvera au niveau des critères des finances publiques tels qu’il ressortent du pacte de stabilité et de croissance, tant du point de vue des déficits que de la dette de chacun des Etats membres ;

  • les règles comptables seront modifiées à l’intérieur des établissements. Notamment pour ce qui concerne la classifications des actifs. Le G4 demande une modification, en urgence, avant la fin du mois ;

  • les quatre partenaires demandent la tenue d’un réunion internationale entre les grandes puissances et certains pays émergents afin de refonder le système, tant vis-à-vis de la régulation du marché financier que de la rémunération des dirigeants. Cette réunion pourrait intervenir entre le 15 novembre et le 15 décembre, c’est-à-dire en présence du nouveau président américain.


Le “G4” doit maintenant faire adopter ce plan d’action par ses 23 partenaires européens. Assurant la présidence de l’Union européenne jusqu’au 31 décembre, la France aura donc la lourde tâche d’animer les discussions et de rechercher le consensus sur ce plan lors du prochain Conseil européen des 15 et 16 octobre.

… mais reste désunie sur le fond.

Si les quatre partenaires européens se sont accordés sur un pan d’action en six points pour faire face à la crise financière, ils n’ont pas caché leurs divergences de fond sur le sujet.

Ainsi, dès le début des discussions, l’Allemagne a affirmé sa volonté de ne pas payer pour les autres Etats membres. En effet, Angela Merkel souhaite que la gestion de la crise, et notamment le redressement des banques en difficulté, reste une gestion nationale. Elle s’oppose sur ce point au chef du gouvernement italien, Silvio Berlusconi, qui souhaite que soit créé un fonds commun pour la crise.

De plus, l’exigence de flexibilité du pacte de stabilité et de croissance prévue par le plan laisse à penser que certains pays en difficulté budgétaire, comme la France, pourraient y voir le moyen de dépasser la limite européenne de 3 % du PIB autorisée pour le déficit, sans risque de se faire sanctionner.

Sur ce point, le président de l’Eurogroupe Jean-Claude Juncker a rappelé samedi que le pacte de stabilité et de croissance doit être respecté “dans son intégralité” . Il a été soutenu par le président de la Commission européenne, José Manuel Barroso, qui assistait également au sommet.

Enfin, la réunion du G4, en excluant 23 des Etats membres de l’Union européenne, a créé quelques tensions. Certains Etats membres ont ainsi critiqué dès le lendemain des négociations le plan d’action proposé, stigmatisant la montée des individualismes.

Le Conseil Ecofin, qui réunit les ministres européens de l’Economie et des Finances les 6 et 7 octobre à Luxembourg, devraient cependant permettre aux 27 partenaires de s’accorder sur le plan d’action présenté samedi.

Sources

Sommet des membres européens du G8- Déclaration [pdf] -04/10/08 - Présidence de la République

Conférence de presse, sommet des membres européens du G8 - Présidence de la République

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