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2012, “une année exceptionnelle” pour la BEI

Le 28 février dernier, c’est devant un parterre de journalistes européens que le président de la Banque européenne d’investissement Werner Hoyer, accompagné de son vice-président Philippe de Fontaine Vive, sont revenus sur les résultats de la banque en 2012, pour la première fois au Conseil européen à Bruxelles. Considérant qu’elle dispose désormais “de moyens exceptionnels pour faire face à des défis exceptionnels en des temps exceptionnels”, la BEI a également présenté ses grandes priorités pour les années à venir.

2012, une année charnière pour la Banque européenne d’investissement

Avec 44,8 milliards d’euros de prêts signés dans l’Union européenne, la BEI a connu “une année exceptionnelle” , a expliqué le 28 février le président de la banque, Werner Hoyer. Exceptionnelle en effet lorsque l’on sait qu’elle a atteint l’an passé les limites des moyens mis à sa disposition, d’environ 40 milliards d’euros par an, précise le vice-président Philippe de Fontaine Vive, qui explique que si le montant des prêts accordés en 2012 n’égale pas celui de 2009, c’est que la banque a du réduire ses ambitions afin de conserver son triple A. Une notation qu’elle a su préserver grâce “à une politique de prêt prudente et à une saine gestion des risques” , selon M. Hoyer.

Project bonds

Le Conseil européen de juin avait également prévu que la BEI puisse mettre en oeuvre des projets bonds. A l’heure actuelle, elle a sélectionné 15 projets susceptibles d’en bénéficier. “Ce sera au promoteur du projet de décider s’il veut avoir recours à l’émission obligataire avec le concours de la BEI ou s’il veut une autre source de financement” , explique Philippe de Fontaine-Vive.

Par ailleurs, doivent s’ajouter à ces 44,8 milliards d’euros accordés à des projets européens, 7,4 milliards d’euros investis à l’étranger, même si la banque doit désormais limiter ses prêts hors Union européenne à 10% du montant global de son intervention.

Mais si 2012 constitue une année charnière, c’est surtout en raison de la reconnaissance, par les Etats membres, de la BEI comme acteur indispensable de la croissance en Europe. En juin dernier, le Conseil européen a en effet décidé de recapitaliser la banque européenne à hauteur de 10 milliards d’euros de plus par an afin de lui permettre de soutenir les initiatives en faveur de la relance et de la création d’emplois en Europe. La banque va dès lors pouvoir prêter 60 milliards d’euros de plus au cours des trois prochaines années, soit un volume annuel de financement compris entre 65 et 70 milliards d’euros.

Ces nouveaux moyens financiers, que la banque a déjà commencé à percevoir depuis le début de l’année (après avoir obtenu l’aval, en moins de 6 mois, des 28 parlements de l’Union, si l’on compte le futur 28e membre, la Croatie), vont lui permettre de poursuivre son activité traditionnelle de prêt, mais également de développer ses activités de panachage et de conseil. Travaillant étroitement avec la Commission européenne (puisque sa mission première est de soutenir, par des prêts, les activités mettant en oeuvre les politiques prioritaires définies par l’exécutif européen), la BEI propose en effet, pour plus d’efficacité, de compléter et d’aider à la gestion des fonds structurels en région (notamment à travers le programme JEREMIE).

Si la banque européenne intervient dans les 27 Etats membres de l’Union européenne, elle souhaite se concentrer en priorité sur les pays sous programme (la Grèce, l’Irlande et le Portugal), “pays où les autres investisseurs ont déjà quitté le marché ou réduisent considérablement leur activité” , explique Werner Hoyer. Ainsi en Grèce, la BEI prévoit de consacrer 500 millions d’euros en faveur des PME, et de développer au cours de l’année à venir un projet pilote de financement du commerce afin de relancer les exportations du pays.

Par ailleurs, outre les PME, la BEI entend se focaliser sur l’innovation. Philippe de Fontaine Vive, qui a été chargé de suivre particulièrement ce dossier, a ainsi rappelé qu’en 2007 avait été créée une capacité “Recherche” qui avait permis un effet levier de 6 : les deux milliards d’euros investis avaient permis de dégager 12 milliards d’euros de projets. La BEI souhaite poursuivre et même intensifier cette facilité en lien avec la Commission européenne. Cette intervention de la BEI, qui se fera “quel que soit le budget que les Etats membres décident d’accorder à l’innovation dans le cadre financier pluriannuel” , précise le vice-président de la BEI, aura pour objectif de “ramener les technologies en Europe” . En effet, précise-t-il, si 30% des brevets mondiaux sont déposés par des Européens, seuls 10% correspondent à des productions européennes, les productions restantes étant la plupart du temps réalisées en Asie. Rapatrier les brevets, c’est permettre la ré-industrialisation de l’Europe, poursuit-il.

La France prend une bonne part du gâteau

2012 aura également été une année exceptionnelle pour la France qui, avec 4,6 milliards d’euros de prêts, a bénéficié cette année d’un volume de prêts supérieur de 600 millions d’euros à la moyenne annuelle des prêts accordés par la BEI ces dix dernières années.

Ces prêts auront permis de financer 38 projets au total, “moins spectaculaires” reconnait Philippe de Fontaine-Vive, mais ancrés dans les priorités de la banque : les voitures électriques de Renault, Autolib’ à Paris, ou encore récemment le tramway de Tours.

En 2013, la BEI prévoit un volume de prêts de 7 milliards d’euros en faveur de projets français. Pour cela, la banque entend travailler étroitement avec le gouvernement français et avec la nouvelle Banque publique d’investissement, qui mentionne (et c’est une première) la banque européenne dans ses statuts. Ces prêts devraient financier en priorité un projet dans l’enseignement supérieur (Plan Campus) et un autre dans le domaine hospitalier (le Plan Hôpitaux 2020).

Aujourd’hui, explique Philippe de Fontaine Vive, toutes les régions françaises métropolitaines ont un projet en cours avec la BEI. Les départements commencent à s’intéresser aux possibilités de financement offertes par la banque, de même que les villes moyennes. La BEI finance ainsi un projet de tramway à Besançon ou encore un projet de bus à Nancy. Il y a peu, la plupart des régions françaises ne connaissaient pas, ou presque, la BEI. En travaillant plus étroitement avec la BPI, la banque espère ainsi accroître son intervention en France, et toucher toutes les collectivités.

La Méditerranée, partenaire toujours privilégié de la BEI

La FEMIP

La FEMIP est la “Facilité euro-méditerranéenne d’investissement et de partenariat” de la BEI. Elle regroupe l’ensemble des instruments mis à la disposition par la Banque européenne d’investissement (BEI) dans les pays partenaires méditerranéens. Opérationnelle depuis octobre 2002, elle est aujourd’hui l’acteur de référence du partenariat économique et financier entre l’Europe et la Méditerranée, avec plus de 12,5 milliards d’€ pour soutenir des investissements dans les neuf pays partenaires méditerranéens.

Sur les 7,4 milliards d’euros accordés par la BEI en 2012 à des partenaires hors de l’Union européenne, 1,7 milliards ont été consacrés à des projets nouveaux dans les secteurs de l’industrie, de la formation, de l’énergie, des transports, de l’eau et du logement social dans les pays partenaires de la Méditerranée.

En parallèle, toujours par le biais de la FEMIP, son instrument d’expertise et de financement, la BEI a soutenu l’économie réelle de ses pays par des versements aux projets en cours à hauteur de 1,5 milliard d’euros. Le grand “gagnant” de cette année 2012 est le Maroc qui a obtenu, selon les mots du vice-président chargé de la FEMIP, Philippe de Fontaine-Vive, d’ “un montant record historique” de financements nouveaux d’un milliard d’euros.

“L’objectif européen pour 2013 est de faire aussi bien qu’en 2012” , a-t-il précisé à l’occasion de la conférence annuelle de la BEI le 28 février dernier. Plus d’une dizaine de projets d’envergure ont ainsi pu être financés, dans des domaines aussi variés que les infrastructures de transport (avec notamment l’extension de routes rurales), l’industrie, l’agriculture, l’innovation technologique, l’énergie solaire, les secteurs éducatif et sanitaire, outre les actions entreprises dans le cadre du programme de rénovation des médinas (Fès, Meknès et prochainement Casablanca).

Le projet marocain le plus emblématique durant l’année 2012 aura cependant été la centrale solaire de Ouarzazate, dont la BEI-FEMIP a coordonné le financement par les Européens.

En 2012, la BEI-FEMIP a cependant décidé de cesser toute coopération avec la Syrie, compte-tenu de la situation actuelle du pays, et n’aura pas travaillé avec la Libye, qui ne bénéficie pas encore d’institutions suffisamment stables pour de telles coopérations. Philippe de Fontaine-Vive a souhaité que rapidement ce travail puisse reprendre, de même qu’avec la Syrie, dans un contexte plus favorable. Il a rappelé que la BEI avait pour rôle de soutenir, via des prêts, la transition démocratique dans les pays de la Méditerranée en leur permettant de mettre en oeuvre des projets visant à améliorer les conditions de vie, de croissance et d’emplois dans ces pays.

En savoir plus

La BEI va accroître ses prêts à l’appui de la croissance et de l’emploi en Europe - 28/02/13 - Banque européenne d’investissement

La Banque européenne d’investissement - Touteleurope.eu

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