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Pêche post-Brexit : escalade diplomatique entre la France et le Royaume-Uni

Après l’annonce par la France, mercredi 27 octobre, de la mise en œuvre imminente de mesures de rétorsion à l’encontre du Royaume-Uni, le ton monte encore entre les deux pays. Le gouvernement britannique, accusé par Paris de ne pas respecter l’accord commercial post-Brexit, a annoncé la convocation de l’ambassadrice française.

Selon les autorités françaises, le faible nombre de licence octroyé empêche de nombreux chalutiers français de pêcher au large des îles Anglo-Normandes
Selon les autorités françaises, le faible nombre de licences octroyées empêche de nombreux navires français de pêcher au large des îles Anglo-Normandes - Crédits : Louis-Ferdinand / iStock

Le dossier de la pêche post-Brexit continue d’envenimer les relations entre la France et le Royaume-Uni. “Dans la nuit de mercredi 27 à jeudi 28 octobre, les menaces sont devenues concrètes” annonce Le Monde. “Un chalutier britannique a été saisi par la France et un autre s’est vu infliger une amende, dans un contexte d’escalade de la polémique sur les droits de pêche post-Brexit”, rapporte la BBC, qui relate un événement largement commenté par la presse britannique.

Le premier navire “ne figurait pas sur les listes de licences accordées au Royaume-Uni par la Commission européenne et la France”, précise Le Monde, tandis que le second a été sanctionné pour “entrave au contrôle”.

Mesures ciblées

Dans le même temps, la France a “annoncé l’entrée en vigueur début novembre de ‘mesures ciblées’ visant notamment les navires de pêches et les importations britanniques”, indique France 24. Des mesures qui interviennent en raison de difficultés rencontrées dans l’application de l’accord post-Brexit au sujet de la pêche. Signé en décembre 2020, celui-ci prévoit que les Français puissent continuer de pêcher dans les eaux britanniques. Et donc “un maintien du statu quo pour les pêcheurs français, principalement dans une zone située dans les eaux de Jersey et de Guernesey jusqu’en 2026, s’ils peuvent prouver qu’ils opéraient auparavant dans ces eaux”, rappelle The Guardian. Cependant, “Français et Britanniques se disputent sur la nature et l’ampleur des justificatifs à fournir, et sur le nombre de licences déjà accordées” [Le Monde].

Paris “a fixé la date limite du lundi 1er novembre pour résoudre le problème en délivrant de nouvelles licences”, fait savoir The Guardian. Mais le quotidien britannique considère qu’il “est peu probable que le Royaume-Uni réponde de manière favorable à la démonstration de force”. S’il refuse de revenir sur sa position, “à compter du 2 novembre, les navires de pêches britanniques auront interdiction de débarquer dans des ports français désignés, et les contrôles de sécurité seront systématiques”, détaille France 24.

Ce n’est pas la guerre, c’est un combat. Les Français et les pêcheurs ont des droits, il y a eu un accord de signé, nous devons faire appliquer cet accord”, a déclaré la ministre de la Mer Annick Girardin, interrogée sur RTL jeudi 28 octobre.

De son côté, Londres “assure que des licences de pêche avaient été accordées à 98 % des bateaux européens qui en avaient fait la demande”, rapporte Le Monde. Un chiffre vivement contesté par la France, par la voix de la ministre de la Mer notamment. “Les Européens ont demandé 2 127 licences, les Britanniques ont donné 1 913 licences, ça fait 90,3 %, le chiffre est faux”, a-t-elle rétorqué jeudi 28 octobre, citée par Le Monde. D’après Annick Girardin, “tous ceux qui n’ont pas de licence, ce sont des Français, à part un ou deux Belges. En clair les 10 % manquants, ce sont les Français”.

Les sanctions françaises pourraient affecter l’économie britannique, déjà touchée par des pénuries. “Si les Français devaient intensifier leurs contrôles des produits de la mer à Calais, la chaîne d’approvisionnement alimentaire serait vraiment en difficulté”, relate The Guardian. “Quelque 80 % des produits de la mer britanniques sont destinés à l’exportation, avec la France comme premier pays destinataire au sein de l’UE”, complète Le Monde.

L’ambassadrice française convoquée

Par l’intermédiaire de sa cheffe de la diplomatie Liz Truss, les Britanniques ont dénoncé les “menaces décevantes et disproportionnées proférées contre le Royaume-Uni et les îles Anglo-Normandes” [Reuters]. Jeudi 28 octobre, Londres a d’ailleurs annoncé “convoquer l’ambassadrice de France après les menaces de rétorsion formulées par Paris”, relève France 24. “Nous regrettons le langage de confrontation qui a été constamment utilisé par le gouvernement français sur cette question, qui ne facilite pas la résolution des choses”, a ajouté le porte-parole du gouvernement britannique, cité par la chaîne d’information.

Sur France info, vendredi 29 octobre, le commissaire européen au Marché intérieur Thierry Breton a fait part du soutien de la Commission à la France. “Sur ce dossier, depuis le début, la bonne foi n’est pas du côté britannique”, a-t-il estimé.

Malgré leurs différends et l’escalade en cours, la France et le Royaume-Uni ont cependant tous deux laissé la porte ouverte au dialogue. “Il est important de rester calme et d’aller vers une désescalade”, a affirmé le ministre de l’Environnement George Eustice au Parlement britannique, jeudi 28 octobre [Ouest-France]. “Nous sommes ouverts en permanence aux discussions, matin, midi et soir”, a pour sa part déclaré le premier ministre Jean Castex, tout en faisant valoir que les Britanniques devaient “respecter leurs engagements” [Le Monde].

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