“La hache de guerre entre le Royaume-Uni et l’Union européenne n’est pas encore enterrée, loin de là”, constate Le Point. Lundi 11 octobre, les ministres européens de l’Agriculture et de la pêche se sont réunis avec, “en toile de fond, le différend entre Bruxelles et Londres sur les licences de pêche” qui perdure depuis deux semaines, note La Croix. En cause : le nombre de navires européens, et notamment français, autorisés à pêcher dans les eaux britanniques. “Londres et Jersey ont ainsi accordé au total un peu plus de 200 licences définitives, alors que Paris en réclame encore 244″, rappelle France info.
Outre la France, ce sont désormais “l’Allemagne, la Belgique, Chypre, l’Espagne, la Grèce, l’Irlande, l’Italie, les Pays-Bas, le Portugal et la Suède”, soit 11 pays, qui ont signé hier “une déclaration commune [critiquant] les réponses apportées par Londres dans ce dossier”, explique Le Point. Pour la ministre française de la Mer Annick Girardin, cette prise de position “marque une étape importante car seule une réponse collective permettra à l’Union européenne d’envisager sereinement la suite des négociations” [Sud Ouest]. Néanmoins, “les réponses européenne et française aux propositions britanniques” seront rendues publiques “durant la deuxième quinzaine d’octobre” et “comprendront éventuellement des mesures de rétorsion” [Le Point].
Une entorse à l’accord commercial post-Brexit ?
Car la situation est effectivement tendue depuis plusieurs mois. En mai, “des bateaux des pêcheurs français [avaient manifesté] dans le port de Saint-Hélier”, sur l’île anglo-normande de Jersey, contestant le retard des autorités britanniques dans l’octroi des licences, relate David Gormezano pour France 24. “Londres avait alors répondu en déployant deux navires de guerre”, poursuit le journaliste. Vendredi dernier, la France a cette fois menacé l’île, qui concentre une partie de la pêche française, “de réduire ses livraisons d’électricité” [Le Figaro].
“La question des droits de pêche post-Brexit est en effet devenue un point sensible dans les relations difficiles entre Londres et Paris”, rappelle Bloomberg. Le Royaume-Uni, qui administre Jersey, est “accusé de ne pas tenir ses engagements sur l’octroi des permis de pêche après sa sortie effective de l’UE le 1er janvier 2021″ [France 24]. Si l’accord signé fin 2020 avec les Européens prévoit que ces derniers renoncent à “25% de leurs quotas de pêche dans les eaux britanniques”, c’est “à l’issue d’une période de transition de cinq ans - qui prendra donc fin en 2026″, rappelle Le Figaro. “Concrètement, les pêcheurs européens peuvent donc en principe continuer à pêcher dans les eaux britanniques”, poursuit le journal.
Un différend parmi d’autres
“Ce conflit intervient à un moment délicat pour les relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne”, souligne par ailleurs Politico. En effet, la Commission européenne doit présenter cette semaine ses pistes pour résoudre “un autre différend concernant les conditions commerciales en Irlande du Nord”, poursuit le média.
“Sur demande de Londres”, qui remet en question la frontière douanière en mer d’Irlande prévue par l’accord de Brexit, l’exécutif européen s’est dit prêt “à réviser substantiellement […] la partie du traité […] aménageant le statut dual de la province [membre du Royaume-Uni, mais avec encore un pied dans le marché intérieur européen]”, rapporte Le Monde. Ainsi, “Bruxelles pourrait proposer un allègement considérable des contrôles douaniers pour les produits venus de Grande-Bretagne à destination uniquement de l’Irlande du Nord”, poursuit le quotidien.
Mais pour David Frost, le ministre britannique en charge du Brexit, “ces propositions seront insuffisantes tant que la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) conservera un droit de regard sur l’Irlande du Nord” [Le Monde]. Une prise de position qui a provoqué l’ire des Européens et notamment de Dublin : l’Irlande a accusé le Royaume-Uni de vouloir “changer les règles du jeu” [Ouest-France].
En outre, “la question des migrants […] tourmente Français et Britanniques” depuis quelques semaines, complète France 24. En 2021, les traversées de la Manche vers les côtes anglaises sont en effet beaucoup plus nombreuses que l’année dernière. Un constat qui a poussé le gouvernement de Boris Johnson, “bien décidé à mettre en œuvre sa promesse de ‘reprendre le contrôle de nos frontières’, [à désigner] son coupable favori : les ‘Frenchies’ ” [France 24].
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