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Le débat sur le glyphosate à nouveau sur la table en Europe

En proposant de reconduire pour dix ans l’autorisation du glyphosate dans l’Union européenne, la Commission a relancé le débat sur la substance controversée. Après une première réunion ce vendredi 22 septembre, les Etats membres doivent se prononcer sur cette décision le 13 octobre.

Le dernier renouvellement de l’autorisation du glyphosate en 2017 avait déjà suscité des controverses
Le dernier renouvellement de l’autorisation du glyphosate en 2017 avait déjà suscité des controverses - Crédits : Leonid Eremeychuk / iStock

La Commission européenne sème la discorde”, titre Libération. L’exécutif européen a proposé, mercredi, “de reconduire pour dix ans l’autorisation du glyphosate” dans l’UE [20 Minutes], alors que le permis accordé à cette substance chimique doit expirer le 15 décembre prochain.

Classé en 2015 comme ‘cancérogène probable’ pour les humains” par l’OMS [France info], le glyphosate est “commercialisé sur le marché européen depuis 1974, notamment par Monsanto (depuis racheté par Bayer) avec son fameux Roundup” [Libération].

Les Etats membres doivent discuter de cette proposition lors d’une réunion technique vendredi à Bruxelles, avant de se prononcer définitivement le 13 octobre.

Latitude aux Etats

Pendant des années, les autorités, les scientifiques et les groupes d’intérêt se sont affrontés, mais le résultat est là : le glyphosate devrait continuer à être autorisé – sous conditions – jusqu’à fin 2033, soit dix ans de plus”, résume la Frankfurter Allgemeine Zeitung. La Commission européenne a toutefois assorti sa proposition de “certains garde-fous [comme par exemple] la mise en place de ‘bandes tampons’ de cinq à dix mètres” pour éviter la contamination des champs proches, précise France info. “Il est notamment interdit de l’utiliser comme moyen de déshydratation accélérée de la plante afin d’en faciliter la récolte”, ajoute le média espagnol ABC.

Pour le reste, charge à chaque Etat d’autoriser à leur échelle les produits contenant du glyphosate, en fixant les règles d’utilisation selon les cultures, conditions climatiques et spécificités géographiques locales”, rapporte L’Humanité. “La balle leur est également renvoyée quant à la nécessité d”apporter une attention particulière’ aux effets sur l’environnement et la biodiversité, […] ou encore d’évaluer l’exposition des consommateurs aux ‘résidus’ “, poursuit le quotidien.

L’autorisation actuelle du glyphosate dans l’Union européenne, renouvelée en 2017 pour cinq ans, expirait le 15 décembre 2022″, rappelle France info. “Elle avait été prolongée d’un an dans l’attente d’une évaluation scientifique de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA)”, poursuit le média. Il y a deux mois, l’EFSA a finalement affirmé “ne pas avoir identifié de ‘domaine de préoccupation critique en ce qui concerne les risques pour l’homme, pour l’animal ou pour l’environnement’ ” [Libération]. “L’exécutif européen prend également en compte la position de l’Agence européenne des produits chimiques (Echa), qui, fin 2022, avait estimé qu’en vertu de critères scientifiques, le glyphosate ne devait pas être classé comme substance cancérigène”, complète La Libre.

Agriculture et alternatives

Dans les 390 000 exploitations françaises – seuls acteurs en France à pouvoir encore utiliser des herbicides à base de glyphosate – cette préconisation a […] soulagé les agriculteurs”, note Le Figaro. “ ‘Pas d’interdiction sans solution’, prône ainsi depuis des années la FNSEA”, le syndicat agricole majoritaire [Le Figaro].

Désherbage mécanique, faux semis… Ouest-France s’intéresse d’ailleurs aux alternatives à la substance. Si les solutions existent, “elles sont plus coûteuses, nécessitant plus de temps, de personnel, de carburant. Et sont compliquées à mettre en place sur de grandes surfaces agricoles”. Directeur de recherche à l’INRAE, Xavier Reboud résume dans les colonnes du quotidien pourquoi le monde agricole continue d’opter pour cet herbicide : “il marche très bien et il ne coûte pas cher”. “Mais pour l’instant, la substance est un facteur de productivité qui permet de maintenir des prix alimentaires bas. C’est un choix de système alimentaire, de société, qu’il faut faire”, estime le chercheur.

La balle aux Etats membres

Toujours est-il que la décision “n’a pas manqué de susciter la bronca des associations écologistes et de certains pays, comme la France, qui voient d’un mauvais œil ce feu vert […] donné à la substance active du célèbre Roundup de Monsanto” [Le Parisien]. Paris “défend en effet de limiter l’essentiel des usages du désherbant aux seuls cas pour lesquels il n’existe aucune alternative viable” [France info].

En Allemagne, la coalition menée par le chancelier social-démocrate “est mise à l’épreuve” sur la question [Le Monde]. “En son sein, les libéraux n’ont ainsi jamais caché qu’ils demeuraient favorables” à l’utilisation du glyphosate, tandis que les Verts y sont “résolument opposés”, poursuit le journal du soir.

Les Etats membres doivent discuter de cette proposition vendredi, puis les Vingt-Sept “devront ensuite la valider à la majorité qualifiée le 13 octobre” [Le Figaro]. Un tel vote doit représenter 55 % des pays de l’UE réunissant au moins 65 % de la population totale.

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