Toute L'Europe – Comprendre l'Europe
  • Actualité

Concours Europa’Table : conquérir les cœurs par l’assiette

La seconde édition du concours européen de cuisine Les Trophées Europa’Table s’est tenue à Saint-Chély d’Apcher, en Lozère, les 13 et 14 mars. L’agneau local et la châtaigne des Cévennes ont été mis à l’honneur.

Les étudiants, au travail dans les cuisines du lycée hôtelier, devaient mettre en avant l'amitié franco-allemande dans leurs plats
Les étudiants, au travail dans les cuisines du lycée hôtelier, devaient mettre en avant l’amitié franco-allemande dans leurs plats - Crédits : Jean-Louis Carli

Un cœur et des étoiles”. Autour de ce slogan, sur les murs du lycée du Sacré-Cœur de Saint Chély d’Apcher, s’affichent fièrement les noms et les visages des prestigieux parrains de l’école. Parmi les plus connus, Paul Bocuse, Anne-Sophie Pic ou encore Joël Robuchon. Mais les 13 et 14 mars derniers, ce sont de jeunes étoiles qui ont brillé dans cette petite ville de Lozère, en Occitanie.

Europa’Table

Réunis pendant deux jours, six binômes de candidats ont participé à la compétition européenne de cuisine Les Trophées Europa’Table. Agés de 16 à 24 ans, 12 apprentis en hôtellerie-restauration provenant de Paris, Saint-Chély d’Apcher, Amboise (Indre-et-Loire), Louviers (Eure), Tain-L’Hermitage (Drôme) et Fourmies (Nord) se sont affrontés aux fourneaux.

Leur défi ? Réaliser un plat et un dessert en 4h30. Deux produits locaux étaient imposés aux candidats : l’agneau de Lozère, indication géographique protégée (IGP), et la châtaigne des Cévennes, une appellation d’origine contrôlée (AOC). Et dans le cadre des 60 ans du traité de l’Elysée entre la France et l’Allemagne, ils avaient pour mission de présenter des mets faisant référence à la gastronomie allemande. “Parler d’Europe aux cerveaux est une bonne chose, mais c’est peut-être encore plus efficace de s’adresser aux estomacs”, sourit Valérie Drezet-Humez, cheffe de la Représentation de la Commission européenne en France, présente sur place.

Le concours a été organisé par la Fédération française des Maisons de l’Europe (FFME), avec le soutien de la Commission européenne et du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Cette année, comme lors de la première édition en 2022, c’est l’équipe du lycée du Sacré-Cœur de Saint Chély d’Apcher qui a remporté la première place de ce concours européen, avec un binôme formé par Marius Merlet et Théo Moreau. Au menu : une ballotine d’agneau en croûte d’herbes, accompagnée d’une espuma de poitrine fumée et d’une garniture de saison. Puis en dessert, une poire pochée au miel de Lozère avec un insert à la crème de marron, entourée d’une tuile de chocolat et châtaigne avec une ganache à la vanille.

Théo Moreau et Marius Merlet, binôme du lycée du Sacré-Coeur à St Chély d'Apcher, accompagné par la Maison de l'Europe de Nîmes, reçoivent leur trophée des mains de Valérie Drezet-Humez
Théo Moreau et Marius Merlet, binôme du lycée du Sacré-Coeur à St Chély d’Apcher, accompagné par la Maison de l’Europe de Nîmes, reçoivent leur trophée des mains de Valérie Drezet-Humez - Crédits : Jean-Louis Carli

Un jury étoilé

De quoi émoustiller les papilles. Les candidats ont été départagés par un jury d’exception, notamment composé de Cyril Attrazic, chef d’un restaurant récompensé de 2 étoiles au guide Michelin, Clément Brun, avec une étoile à son palmarès pour son établissement en Haute-Loire, ainsi que Eloi Spinnler, qui exerce dans un restaurant du 11e arrondissement de Paris. Valérie Drezet-Humez, cheffe de la Représentation de la Commission en France et Frédéric Bourquin, président de la Fédération française des Maisons de l’Europe, faisaient également partie des chanceux qui ont dégusté les petits plats, parmi d’autres.

Tandis qu’en cuisine les gazinières, fours et mixers tournaient à plein régime mardi, une partie du jury a évalué l’aspect technique de la prestation des concourants. Observant avec attention les faits et gestes des binômes, les professionnels en ont profité pour poser des questions et tester les candidats. “Je n’étais pas stressé au départ mais l’arrivée des chefs m’a mis un petit coup de pression”, nous glisse un des jeunes participants.

En ballotine ou façon gravelax, l’agneau a finalement été travaillé de nombreuses manières. “Le groupe qui a sorti le dessert avec des cèpes mérite une mention spéciale pour son originalité”, souligne pour sa part Emilie Roussey, cheffe du restaurant “ET” à Rodez (Aveyron) et membre du jury côté sucré. “Il faut oser mélanger le citron, la châtaigne et les champignons dans une assiette”, ajoute-t-elle.

L’agneau et la châtaigne

Tous n’ont pas mis en valeur de la même manière les deux produits imposés”, remarque par ailleurs Emilie Roussey. Ces denrées locales sont préservées par des labels européens : l’appellation d’origine contrôlée (AOC) pour la châtaigne des Cévennes et l’indication géographique protégée (IGP) en ce qui concerne l’agneau de Lozère. Ce dernier suit un cahier des charges très particulier : issus d’une brebis et d’un bélier de la même race, les agneaux ne sont pas sevrés et sont surtout alimentés par le lait maternel.

Des produits que les concourants n’avaient pas forcément l’habitude de travailler, nous précise l’un des gagnants, même s’ils ont pris plaisir à s’en emparer. “Les gens ont tendance à penser que l’agneau est une viande forte mais celui de Lozère est étonnant, la viande a une certaine tendresse, elle est plus subtile”, poursuit le lauréat. En plus de leur trophée et d’un weekend gastronomique à Bruxelles pour 4 personnes, les deux vainqueurs ont même été invités à la transhumance en juin par un éleveur.

L’Europe dans l’assiette

Faire appel à la gastronomie allemande avec des produits du terroir occitan et français a été un véritable défi. Cyril Coudiere et Jérémy Pichon, du lycée parisien Albert de Mun, sont arrivés en deuxième position. Et pour la référence à nos voisins de l’autre côté du Rhin, les deux élèves de bac professionnel ont misé sur le dessert : “il y avait plus de possibilités”, selon eux. C’est pourquoi ils ont élaboré une composition reposant sur un pain d’épices, “avec une mousse au chocolat pour le côté très français, revisitée avec une crème de marrons”. Cerise sur le gâteau, “il y avait de la châtaigne dans chaque élément, en remplacement du sucre ou de la farine de blé”.

L’aspect européen du concours ne se retrouvait pas que dans les assiettes. Tour à tour, chaque binôme a défendu sa réalisation en français et en anglais devant un jury attentif. Deux élèves ont même mobilisé leur langue natale : un en bulgare, l’autre en géorgien.

Dans un premier temps, au second semestre 2022, les Maisons de l’Europe participantes avaient mis en place des ateliers et des séances de sensibilisation sur les thématiques liées au développement durable et à l’Europe. Le centre “Europe Direct” Angers & Maine-et-Loire est par exemple intervenu dans un établissement pour une présentation des labels alimentaires de l’UE. “Les Trophées Europa’table sont au carrefour de plusieurs objectifs européens”, note Valérie Drezet-Humez, citant la feuille de route environnementale de l’UE, le Pacte vert, ainsi que la stratégie “De la ferme à la table”, le plan européen pour une alimentation plus verte. Si cette seconde édition des Trophées Europa’Table s’inscrivait dans le contexte de l’année européenne de la jeunesse 2022, de l‘année européenne des compétences 2023 et de l’anniversaire du traité de l’Elysée, le hasard a aussi voulu qu’elle intervienne quelques semaines après l’entrée en vigueur des nouvelles règles de la politique agricole commune (PAC). L’occasion idoine pour mettre des étoiles dans les yeux… et sur les papilles.

L'ensemble des participants à l'édition 2023 des Trophées Europa'Table
L’ensemble des participants à l’édition 2023 des Trophées Europa’Table - Crédits : Jean-Louis Carli

Votre avis compte : avez-vous trouvé ce que vous cherchiez dans cet article ?

Pour approfondir

À la une sur Touteleurope.eu

Flèche

Participez au débat et laissez un commentaire

Commentaires sur Concours Europa'Table : conquérir les cœurs par l'assiette

Lire la charte de modération

Commenter l’article

Votre commentaire est vide

Votre nom est invalide