“C’est un sujet qui crée beaucoup de remous chez les pêcheurs”, relèvent Les Echos. Mardi 21 février, la Commission européenne a dévoilé “un plan pour ‘verdir’ le secteur de la pêche” d’ici 2030 [Libération]. Dans les grandes lignes : “plus d’aires marines protégées, chalutage interdit dans celles-ci, meilleure exploitation des stocks de poissons et bateaux moins énergivores”, détaille le quotidien français.
Le Télégramme fait savoir que la proposition “était très attendue […] par les ONG […] et par la filière” de la pêche. “Dix ans après l’importante réforme de la Politique commune de la pêche”, l’exécutif européen estime que des “ ‘transformations structurelles’ sont indispensables pour réduire l’impact environnemental, tout en garantissant la rentabilité du secteur et sa neutralité carbone d’ici 2050″, rapporte Le Figaro.
El País explique que ces nouveaux engagements visent à “assurer la protection juridique de ses mers en faisant passer les zones marines protégées de 12 % actuellement à 30 %”. Le quotidien espagnol souligne que cet objectif fait écho à celui pris par l’UE “lors de la COP15 à Montréal (Canada)” et dans “sa stratégie en faveur de la biodiversité”.
Renforcer les aires marines protégées
Selon Les Echos, la “mesure phare” de ce plan d’action concerne l’interdiction de “la pêche utilisant le chalutage de fond (chaluts, dragues, filets maillants…) dans les zones maritimes protégées”. “Déjà interdite depuis 2016 au-dessous de 800 mètres”, elle est considérée par l’Union européenne ainsi que les ONG comme “l’une des activités les plus dommageables pour les fonds marins” [Les Echos].
Les administrations nationales ont “jusqu’à mars 2024 pour élaborer leur feuille de route” visant à éradiquer cette pratique, complète Ouest-France. Elle sera évaluée par la Commission qui jugera alors si une nouvelle législation est nécessaire. L’exécutif européen va par ailleurs “demander aux Etats membres d’accroître leurs zones protégées” pour satisfaire “l’objectif de protéger 30 % des mers du Vieux Continent - contre 12 % aujourd’hui” [Les Echos].
Des mesures encore trop timides ?
A travers ce nouveau plan d’action, la Commission européenne souhaite également inciter “les Etats à fixer leurs quotas de capture annuels de façon plus transparente, en respectant les niveaux maximaux recommandés par les scientifiques”, indique Libération. Une exigence importante car “l’Europe peine à lutter contre la surpêche depuis de nombreuses années”, précise TF1. La chaîne ajoute qu’un “tiers des espèces de poissons en est victime dans l’Atlantique Nord-Est (contre 70 % dans les années 2000) et quelque 85 % des stocks en Méditerranée sont surexploités”.
Avec ces mesures, Ouest-France estime que “la Commission européenne esquisse timidement le chemin à parcourir” vers une pêche durable. Un avis partagé par un autre journal breton. Le Télégramme note en particulier que l’exécutif européen n’a pas “changé de pied sur les obligations de débarquement, rappelant pourtant que cette disposition reste très mal appliquée à ce jour”, alors qu’elle permet de limiter les prises accidentelles de poissons.
Mécontentement généralisé
Les médias s’accordent donc sur un point : “c’est un texte qui ne satisfait personne” [TF1]. “Décrié par les professionnels, il est jugé trop timide par les ONG écologistes”, insiste France info. Le Télégramme évoque ainsi une “saignée” pour les pêcheurs. “Ces propositions laisseront sans emploi 4 350 marins-pêcheurs embarqués sur les 1 200 navires”, avance le président du Comité national des pêches au quotidien.
De leur côté, les ONG, à l’image d’Oceana, s’insurgent contre un calendrier jugé trop lent. L’association, citée par France info, déplore que “l’UE tolérera de facto le chalutage de fond encore sept ans dans les aires protégées et après 2030 en dehors”. Elle dénonce ainsi “le décalage marqué entre le constat et la faiblesse des actions proposées” [France info].
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