Face au Royaume-Uni, la ministre de la Mer Annick Girardin a haussé le ton au sujet de la pêche. “Nous avons un calendrier d’actions qui sera présenté aux professionnels en début de semaine prochaine, […] avec une action européenne, une action nationale, bien entendu en direction des Britanniques et également de nos voisins de Jersey, avec effectivement l’annonce des mesures de rétorsion”, a-t-elle déclaré au micro d’Europe 1, jeudi 30 septembre [Ouest-France].
Des menaces de rétorsions en réponse au faible nombre de licences accordées aux pêcheurs français. Cette semaine, l’île anglo-normande de Jersey, territoire autonome du Royaume-Uni, “a annoncé l’octroi de 64 licences définitives à des bateaux français (contre 169 demandées par Paris) et le rejet de 75 dossiers”, provoquant la colère de la France, indique Europe 1. A la même date, le Royaume-Uni n’avait accordé que “douze licences d’accès sur les quarante-sept réclamées par Paris” [Le Monde]. Les représailles pourraient concerner un large panel de secteurs : “J’ai déjà parlé des questions énergétiques, mais parlons des étudiants que nous accueillons en France, parlons du ferroviaire, des flux commerciaux. Nous avons aussi à décider quelles sont les réponses que nous apporterons”, a précisé Annick Girardin, citée par France info. “L’île [de Jersey] peut-elle se retrouver dans le noir ?”, se demande même France Bleu, rappelant que “95 % de l’électricité de l’île vient du département de la Manche”.
Débat technique, enjeu politique
Cette attitude peu coopérative de la part des Britanniques s’apparente à “un nouveau refus d’appliquer les conditions de l’accord du Brexit”, tance la ministre de la Mer [Euronews]. Le traité post-Brexit prévoit en effet “que les pêcheurs européens continuent à avoir accès aux eaux britanniques s’ils peuvent prouver qu’ils y pêchaient précédemment”, souligne Le Monde. France info ajoute par ailleurs que selon l’accord, “la zone autour de l’île britannique de Jersey” doit être “accessible” pendant 5 ans.
En colère, beaucoup de pêcheurs français ne comprennent pas la politique du Royaume-Uni : “Cela fait 38 ans que je pêche dans les eaux anglaises, j’ai apporté toutes les preuves, et je n’ai pas la licence. Or, certains bateaux qui n’y ont quasiment jamais mis les pieds l’ont obtenue. Il n’y a aucune logique dans l’attribution des licences”, déplore à l’AFP un pêcheur de Boulogne-sur-Mer (Hauts-de-France) [L’Union].
Ces tensions autour de la pêche prennent place dans un contexte tendu entre Londres et Paris. “Le Royaume-Uni et la France s’opposent déjà sur la migration – le gouvernement Johnson reproche au ministère de l’intérieur de ne pas assez lutter contre les traversées de la Manche par les migrants (à un niveau record). L’alliance Aukus entre le Royaume-Uni, l’Australie et les Etats-Unis ayant valu à la France l’annulation d’une commande de sous-marins par Canberra n’a pas arrangé les choses”, contextualise Le Monde. Dans ce climat, “ce qui se passe aujourd’hui n’est pas que de l’ordre du technique”, avance un diplomate interrogé par le journal.
La France rencontre un écho limité
La Commission européenne a “regretté le nombre limité” de licences accordées aux pêcheurs français, indique Euronews. Elle a ainsi demandé aux Britanniques “de dévoiler la méthodologie utilisée pour accorder les licences”, poursuit le média. Cependant, “la Commission n’a pas manifesté la même exaspération que les Français”, estime Le Monde, le dossier de l’Irlande du Nord et les menaces du gouvernement britannique de suspendre le “protocole nord-irlandais” suscitant de plus fortes préoccupations.
La pêche, “qui ne concerne que quelques pays”, n’est en outre “pas le sujet le plus fédérateur entre les Vingt-Sept”, note le quotidien : “dans ce contexte, Paris sait qu’il lui sera difficile de remobiliser ses partenaires”. La France a pour l’instant accordé un délai de 15 jours “aux autorités britanniques pour revenir sur leur décision”, fait savoir France info.
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