Cinquante ans après la signature du Traité de Rome, Barry Eichengreen, professeur d’économie à Berkeley, se demande si le temps n’est pas venu de conclure un nouveau traité, plus adapté à la situation économique actuelle.
“Pour saisir les enjeux du traité, écrit-il, il faut comprendre à quel point l’Europe des années 1950 restait à la traîne des Etats-Unis” avec un PIB par habitant moitié moins élevé. Si “la différence de qualité de vie a disparu” en cinquante ans, on le doit en grande partie à la construction européenne, qui a “débridé la force industrielle considérable de l’Allemagne” , permis la création d’un Marché unique et débarrassé l’Europe de l’inflation en la dotant d’une monnaie unique.
Barry Eichengreen montre que le modèle socio-économique européen (Etat providence, rapports entre banques et industries, confiance entre partenaires sociaux), qui s’est révélé efficace lorsqu’il s’est agi de rattraper le retard technologique sur les Etats-Unis, est devenu “une partie du problème” dès lors que la croissance s’est mise à dépendre de l’innovation.
Alors que certains doutent de la pertinence de l’Union européenne face aux problèmes économiques actuels, l’auteur estime que “la solution n’est pas de se passer de l’UE mais de l’adapter au XXIe siècle” . Ceci passe notamment par une “clarification des compétences entre l’Union et les Etats membres” , chaque Etat devant être responsable de ses réformes économiques. En confiant ce rôle à l’UE, “on empêche les solutions sur mesure et on déresponsabilise les Etats” .
Barry Eichengreen, “Back to Rome” , Telos, mars 2007