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UE, BCE et FMI : cap sur Athènes

Lorsque le Premier ministre George Papandreou a annoncé à l’issue de la réunion extraordinaire du Conseil européen à Bruxelles que le FMI fournissait son “expertise technique” au gouvernement grec, certains commentateurs de Grèce et d’ailleurs ont paru surpris. On se demande pourquoi vu l’excès de spéculations, ces dernières semaines, quant au moment et aux modalités d’une intervention du FMI en Grèce.Â

Un signe de défiance envers la Commission Barroso

Jens Bastian, Senior Economic Research Fellow à ELIAMEP (Hellenic Foundation for European and Foreign Policy), Athènes, Grèce


Dès la mi-janvier 2010, le FMI investissait la capitale grecque en y envoyant une première délégation. L’institution a aidé le gouvernement à rédiger le programme de réduction du déficit budgétaire et a fourni des conseils techniques pour améliorer l’état controversé des services statistiques grecs.

Inviter officiellement le FMI à participer, aux côtés de la Commission européenne et de la Banque centrale européenne (BCE) au contrôle de l’application stricte du programme de stabilité et de croissance du gouvernement Papandreou n’est pas anodin pour de multiples raisons.

Avant tout, il s’agit d’une motion de défiance envers la Commission Barroso à Bruxelles. La décision du Conseil d’élargir le nombre des institutions chargées de suivre les finances grecques pour y inclure le FMI et la BCE signifie que la Commission n’a pas été jugée capable de régler le problème seule.

Cet arrangement tripartite requerra une coopération et une coordination étroites entre la Commission, la BCE et le FMI. Le premier test d’efficacité interviendra mi-mars quand Athènes remettra son rapport d’avancement sur la consolidation budgétaire. Il sera intéressant d’observer si les trois institutions partagent la même appréciation des progrès budgétaires de la Grèce.

Le FMI de 2010 n’est plus le FMI d’il y a dix ans


Le FMI de 2010 n’est plus le FMI d’il y a dix ans, lors de la crise financière asiatique en 1997 ou de la crise russe du rouble en août 1998. En 2008-2009, lors de la crise économique mondiale, le FMI s’est porté au secours de quatre États membres de l’UE : la Hongrie, la Lettonie, la Pologne et la Roumanie.

Les raisons de l’intervention du FMI et la nature des programmes d’assistance du Fonds sont très différentes pour chacun de ces quatre États membres. Mais il est un point commun, à savoir le niveau élevé de flexibilité octroyé pour la mise en œuvre du programme et la possibilité d’opérer des aménagements par la suite. Pour la conception de tels programmes coordonnés et le partage des charges, le FMI a par ailleurs activement sollicité la coopération de la Banque mondiale, de l’Union européenne et de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement de Londres.


Avoir le FMI et de la BCE comme chiens de garde est une entreprise délicate et requiert d’Athènes qu’elle pose des choix soigneusement mesurés. Embarquer l’une et l’autre institutions dans le suivi de la mise en œuvre du programme, le conseil en matière budgétaire et le soutien des mesures de renforcement des capacités confère à M. Papandreou une couverture politique supplémentaire pour son ambitieux programme de réformes.

Il pourrait bien s’agir d’une politique judicieuse quand les conditions imposent une planification d’urgence couvrant différents scénarios, dont des scénarios catastrophe. Élargir l’expertise technique fournie aujourd’hui par le FMI en y adjoignant une demande d’aide financière serait une première car, à ce jour, jamais le FMI n’a fourni une assistance de cet ordre à un État membre de la zone euro. La zone euro n’est du reste pas membre du FMI puisque seuls les pays peuvent y adhérer individuellement.

Les Grecs tentent une stratégie multiple

Une stratégie multiscénarios a aussi des implications quant au coût des facilités d’emprunt auxquelles les autorités grecques pourraient avoir recours. Il n’est pas certain qu’un prêt de la zone euro serait meilleur marché qu’un accord ordinaire de paiement du FMI basé sur les droits de tirage de la Grèce à Washington. Si Athènes devait avoir besoin d’une aide financière extérieure en 2010 - et jusqu’à présent, les autorités grecques soulignent que ce n’est pas le cas -, elle devrait choisir l’emprunt le moins onéreux et, quand c’est possible, aménager les obligations liées à cette voie de financement.

L’intégration du FMI et de la BCE dans la structure de surveillance qui s’esquisse est un mouvement stratégique intelligent dans le cas où la situation budgétaire devait s’aggraver dans les mois à venir et où un plan B ou C devait être activé sans délai. Pouvoir compter par anticipation sur un dispositif efficace alliant FMI, BCE, Commission et gouvernement grec vaut mieux que d’avoir à lancer des plans d’urgence sous la contrainte du temps.

Jens Bastian, Senior Economic Research Fellow à ELIAMEP (Hellenic Foundation for European and Foreign Policy), Athènes, Grèce. Eliamep est membre du réseau européen de Touteleurope.fr

En savoir plus :

Le dossier de Touteleurope sur la crise économique dans la zone euro

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