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Turquie : une certaine idée de la démocratie

Après les polémiques provoquées par les arrestations de journalistes il y a quelques semaines, et un certain laxisme exprimé par le Premier ministre face aux attaques contre les minorités religieuses, la Turquie inquiète à nouveau. Mardi, le Haut conseil électoral a annoncé l’éviction de douze candidats, dont sept kurdes aux législatives de juin. Faut-il y voir un signe de la dégradation du système démocratique turc ?

La démocratie affaiblie

Parmi les concernés, Layla Zana, titulaire du Prix Sakharov du Parlement européen en 1994. Elle a déjà été emprisonnée pendant dix ans pour avoir parlé kurde au Parlement et pour “collusion” avec le PKK, parti nationaliste kurde considéré comme organisation terroriste. Les autres candidats exclus l’ont également été en raison de leurs antécédents judiciaires.

La décision a provoqué la réaction immédiate de Selahattin Demirtas, coprésident du BDP : “c’est un grave coup porté contre la démocratie, déjà faible” . En vue d’une possible adhésion à l’UE, le gouvernement turc a été contraint de mener plusieurs réformes pour améliorer le sort des Kurdes de Turquie, qui ne bénéficient toujours pas pour autant d’une égalité réelle. Le BDP s’était déjà indigné de l’hypocrisie de Recep Tayyip Erdogan manifestant son soutien aux révolutions arabes alors même que selon le parti, des revendications similaires n’étaient pas écoutées à l’intérieur même du pays.

En Turquie, 20% des 75 millions d’habitants sont Kurdes.

Tentative d’apaisement

Depuis l’annonce du Haut conseil, les manifestations se sont multipliées à Istanbul mais surtout dans l’est de la Turquie. La police était également au rendez-vous, et la situation a tourné au drame à Bismil où un jeune homme de 21 ans a été tué par balle et trois autres gravement blessés. A Diyarbakir, “capitale” du Kurdistan, ce sont 160 manifestants qui ont été arrêtés. Cela devrait aggraver encore le conflit ouvert entre l’Etat et le PKK, le Parti des travailleurs du Kurdistan.

Le vice-président du Haut conseil Kirdar Özsoylu tente désormais d’apaiser les tensions. Il annonçait hier son intention de réexaminer le cas des candidats exclus, initiative soutenue par le président Abdullah Gül qui affirme que les candidatures étaient jusqu’alors incomplètes, mais que les candidats avaient depuis régularisé leur situation. Le gouvernement se retrouve donc au pied du mur, après une condamnation quasi unanime jusque dans les rangs de l’AKP d’Erdogan.

En Turquie, les partis doivent obtenir un minimum de 10% pour pouvoir entrer au Parlement. Le BDP est donc obligé de présenter des candidats sur des listes indépendantes, ce qui les maintient dans une situation de sous-représentation dans la vie politique turque. Le parti pro-kurde menace d’ores et déjà de boycotter le scrutin du 12 juin en retirant tous ses candidats.



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