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Suède : un système politique stable

Les élections législatives en Suède ont lieu dimanche 19 septembre. Corinne Deloy a publié une analyse sur ce vote pour la Fondation Robert Schuman. Elle revient pour Touteleurope.eu sur cet évènement qui risque d’être un tournant dans la vie politique suédoise.

Comme le veut la Constitution du pays, le troisième dimanche de septembre, soit le 19 septembre prochain, 7 millions de Suédois sont appelés à élire l’ensemble de leurs représentants politiques. Particularité suédoise, seront renouvelés ce même jour les 349 membres du Riksdag (Chambre unique du Parlement), les conseillers municipaux et les conseillers de comtés. Les Norvégiens et les Islandais vivant dans le royaume, les personnes possédant la nationalité d’un autre Etat mais enregistrées comme résidentes en Suède depuis au moins 3 ans et les citoyens de l’Union européenne sont autorisés à voter aux élections locales. Pour le scrutin national, les électeurs peuvent voter à l’avance par correspondance dans tous les bureaux de poste du pays durant les 18 jours qui précèdent le jour du scrutin, soit à partir du 1er septembre. Ils peuvent ensuite, s’ils le désirent, annuler leur vote par correspondance en se rendant dans l’isoloir le 19 septembre.

Le scrutin devrait se jouer au centre. Dans une enquête d’opinion réalisée par l’institut SIFO en juillet dernier, 36% des Suédois se déclaraient de droite, 24% de gauche et 33% du centre. Longtemps fidèles toute leur vie durant à un même parti, les Suédois, comme leurs homologues européens, se montrent aujourd’hui plus volatiles. Leur vote fluctue selon le contexte électoral ou la position des partis sur tel ou tel enjeu. Dans le royaume cependant, la personnalité des candidats joue un rôle moindre que dans les autres Etats européens même si les campagnes électorales se cristallisent de plus en plus sur les deux principaux leaders politiques - le Premier ministre Fredrik Reinfeldt pour la coalition de droite sortante et Mona Sahlin pour la coalition de gauche. Le débat d’idées reste toutefois primordial et les électeurs se prononcent d’abord sur le programme économique et l’idée qu’ils se font de la capacité à gouverner de chaque parti.

Un système proportionnel élaboré

Le vote se déroule au sein de 29 circonscriptions électorales au scrutin proportionnel selon la méthode modifiée de Sainte Lagüe. Les votes des électeurs sont répartis avec un premier diviseur de 1,4. 310 sièges sont répartis entre les 29 circonscriptions électorales que compte le pays ; les 39 autres, appelés sièges compensatoires, sont attribués aux différents partis afin d’assurer la représentativité la plus exacte possible au niveau national. Les candidats sont élus à ces sièges compensatoires dans les circonscriptions où leur parti bénéficie du plus fort reste. Pour prendre part à la distribution de ces sièges, un parti doit avoir obtenu 4% des suffrages exprimés au niveau national ou 12% au sein d’une circonscription donnée.

Créée en 1991, après la chute du mur de Berlin, reconnue d’utilité publique, la Fondation Robert Schuman œuvre en faveur de la construction européenne. Centre de recherche de référence, la Fondation développe des études sur l’Union européenne et ses politiques et en promeut le contenu en France, en Europe et à l’étranger. Elle provoque, enrichit et stimule le débat européen par la qualité de ses recherches, de ses publications et de ses conférences. Elle apporte une aide concrète aux nouvelles démocraties.

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Depuis 1998, les électeurs peuvent voter pour un parti ou effectuer un vote préférentiel en faveur de l’un des candidats figurant sur les listes qui leur sont proposées par les partis et, par conséquent, peser davantage sur l’attribution des sièges aux différentes formations. Lors du dépouillement, on détermine le nombre de sièges obtenus par chaque parti avant de déclarer élus les candidats de chaque liste ayant obtenu le plus grand nombre de suffrages sur leurs noms propres. Néanmoins, pour être élu selon ce système de vote préférentiel, un candidat doit avoir obtenu au moins 8% des voix recueillies par son parti dans une circonscription.

Sept formations politiques sont actuellement représentées au Riksdag. Quatre sont à droite : le Parti du rassemblement modéré (M), dirigé par le Premier ministre sortant Fredrik Reinfeldt ; le Parti du centre ©, ex-Parti agrarien dirigé par l’actuelle ministre de l’Industrie, Maud Olofsson ; le Parti du peuple-Les Libéraux (FpL), parti social-libéral dont le leader est l’actuel ministre de l’Education, Jan Björklund et le Parti chrétien-démocrate (KD) de Göran Hägglund. Ces quatre partis regroupés dans l’Alliance pour la Suède dirigent le pays depuis 2006. Dans l’opposition, on trouve trois formations de gauche réunies dans la Rödgröna (coalition rouge-verte) : le Parti social-démocrate (SAP), formation majoritaire au Parlement qui a dominé la vie politique suédoise durant plus de 70 ans, aujourd’hui dirigé par Mona Sahlin ; le Parti de l’environnement-Les Verts (MP), dont les deux porte-parole sont Peter Eriksson et Maria Wetterstrand et le Parti de la gauche (Vp), ancien Parti communiste suédois et eurosceptique de Lars Ohly.

Le modèle suédois bousculé par la crise

L’Alliance a remporté les élections législatives de 2006 sur deux promesses principales : la réduction du chômage et la baisse des impôts (la Suède est en Europe l’un des pays où la pression fiscale est la plus forte). Mais la crise économique de 2008 et la récession qui s’en est suivie ont conduit à une augmentation du taux de chômage ; celui-ci s’élève aujourd’hui à 8% de la population active (juillet 2010) mais à 21,2% parmi les jeunes entre 20 et 24 ans (juin 2010). La Suède, très ouverte et donc fortement affectée par la chute du commerce mondial, a cependant connu une récession légèrement moins marquée que dans d’autres pays en raison notamment du soutien apportée à la demande intérieure et de la bonne santé des finances publiques qui ont permis de limiter la chute du PIB (- 4,7% en 2009, croissance de 4,5 prévue en 2010).

En 2006, l’Alliance a frappé fort. Elle s’est attaquée au chômage : augmentation du coût des cotisations syndicales (les caisses de chômage du pays sont en grande partie gérées par les syndicats), durcissement des conditions nécessaires pour percevoir l’allocation journalière de base de 29 euros et désengagement de l’Etat du financement des caisses d’assurance chômage (sa contribution est tombée en janvier 2007 de 95% à 55%). Conséquences : le pays a connu une érosion syndicale (- 8% de salariés syndiqués entre 2006 et 2009) et aujourd’hui, de nombreux chômeurs Suédois perçoivent une allocation journalière inférieure à l’allocation de base. Les dispositions du gouvernement de Fredrik Reinfeldt qui concernent en premier lieu les salariés qui n’occupent pas un emploi en contrat à durée indéterminé ont cependant affecté les plus fragiles des Suédois. Autre promesse électorale honorée par l’Alliance : la nette réduction des avantages dont bénéficiaient les salariés en matière de congé maladie (auparavant non limité dans le temps). Après quatre ans à la tête du pays, les Modérés, qui aiment à se présenter comme le « nouveau parti des travailleurs », revendiquent d’être la seule formation à assurer la création d’emplois.

Gauche et droite sont au coude à coude dans les sondages

Les partis de l’Alliance qui affirment être parvenus lors de leur mandat à « mettre fin à une certaine culture de la passivité » souhaitent poursuivre leur rigoureuse politique économique. Leur programme pour 2010 est fondé sur la responsabilité budgétaire Si les finances publiques du pays sont solides (la dette publique s’élevait à 42,8% du PIB en 2009, le déficit budgétaire représentait 0,5%), ils souhaitent néanmoins réviser la Loi de finances pour y faire inscrire un objectif d’excédent public. L’Alliance devrait également vendre les parts que possède l’Etat dans plusieurs grandes entreprises, pour un montant total d’environ 10,5 milliards d’euros qui devraient contribuer à l’amortissement de la dette publique. Fredrik Reinfeldt souhaite également poursuivre sa politique de baisse d’impôts, notamment en faveur des retraités (20% de l’électorat) qui, à cause de la crise, ont vu leurs pensions baisser (le niveau de la retraite est, en Suède, indexé à la croissance économique) et qui sont plus lourdement taxés que les salariés, la droite ayant depuis 2006 privilégié le travail. Les retraités devraient voir leurs taxes décroître au cours des quatre prochaines années.

Economie en pleine reprise et finances publiques saines, le bilan économique de l’Alliance est honorable. Reste l’important taux de chômage des jeunes et les coupes parfois sévères effectuées dans les dépenses sociales au sein d’un pays très attaché au maintien d’un Etat Providence (Folkhemmet, soit la maison du peuple) puissant.

Si gauche et droite sont au coude à coude dans les sondages, Fredrik Reinfeldt bénéficie toutefois d’une cote de confiance beaucoup plus élevée que sa rivale Mona Sahlin. Début septembre, 62,4% des Suédois anticipaient une victoire de l’Alliance aux législatives pour seulement 19,3 % qui croyaient en celle de la gauche.

En savoir plus :

l’étude de Corinne Deloy pour la Fondation Robert Schuman

le site de la Fondation Robert Schuman

le portail du gouvernement suédois

l’ambassade de France en Suède

présentation de la Suède sur France - Diplomatie

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