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Suède et Pays-Bas : quand l’extrême-droite arbitre le débat politique

Mardi 5 octobre, la Suède a intronisé son nouveau gouvernement. Aux Pays-Bas, un accord de coalition gouvernementale s’est conclu. A chaque fois, l’extrême-droite était en dehors du gouvernement. A chaque fois, elle est pourtant au centre de tous les débats politiques.

En Suède, un gouvernement sans majorité à la merci de l’extrême-droite

Faute d’accord avec les Verts, le premier ministre sortant, Fredrik Reinfeldt, a présenté son nouveau gouvernement minoritaire à l’occasion du lancement officiel de la nouvelle législature en Suède, deux semaines après les élections du 19 septembre. Il manque en effet deux élus à “l’Alliance” , la coalition de centre-droit, pour obtenir la majorité.

Alors que pour la première fois depuis la Seconde Guerre Mondiale un gouvernement de centre-droit était réélu en Suède, le gouvernement de M. Reinfeldt est sorti très fragilisé des dernières élections. Car avec l’entrée de l’extrême-droite au Parlement pour la première fois, c’est tout l’équilibre suédois qui est remis en cause. Malgré le rejet clair de toute alliance par les autres partis, les vingt élus du parti des Démocrates Suédois (SD) ont une position d’arbitre.

La première session du Parlement a d’ailleurs été l’exemple type des difficultés qui attendent les prochains votes. En effet, pour l’élection du président du Parlement, faute de consensus entre les partis de gauche et le bloc de centre-droit, il a fallu l’appui des voix de l’extrême-droite pour que le candidat issu de l’Alliance soit élu.

Les sujets de tensions ne vont d’ailleurs pas manquer dans les prochaines semaines : sur la question des notes à l’école à partir de la classe de sixième ou sur la question de la présence de troupes suédoises en Afghanistan, l’extrême-droite est sur la même ligne politique que l’opposition rouge-verte. Le gouvernement de M. Reinfeldt va donc se retrouver réellement en minorité au Parlement sur ces questions. L’extrême-droite et son président, Jimmie Aakesson sont en position de force, ils sont considérés par la presse nationale comme des “faiseurs de majorité” .

Ils ne laisseront rien passer : ainsi les élus du SD ont quitté la messe protocolaire en plein milieu alors que celle-ci précède traditionnellement la première session du Parlement. C’était en opposition aux propos de l’évèque protestante Eva Brunne qui a fait référence avec bienveillance aux manifestations de protestation contre les résultats de l’extrême-droite aux dernières élections. Le débat risque donc d’être très tendus sur la scène politique suédoise.

La droite xénophobe impose son programme à la coalition gouvernementale

Même si aucun membre du PVV ne fera parti du prochain gouvernement, le programme électoral du parti de Geert Wilders risque de s’appliquer quand même. En effet, l’accord de coalition entre les libéraux du VVD et les Chrétiens-Démocrates du CDA reprend plusieurs thématiques jusque-là seulement défendu par le PVV.

Il y a une raison simple à cela : le futur gouvernement de centre-droit hollandais sera très minoritaire à la Tweede Kamer, la chambre basse du Parlement néerlandais. Ce sera d’ailleurs une première pour les Pays-Bas depuis la Seconde Guerre Mondiale. Ils ont en effet seulement 52 sièges sur les 150 du Parlement. Si le PVV vote en faveur de cette coalition à laquelle il ne participe pas, elle serait approuvée par 76 élus, soit à peine plus que la majorité mais cela serait suffisant pour constituer le gouvernement.

Au programme du futur gouvernement, il est prévu de fermer le territoire aux dignitaires religieux radicaux et d’accélérer les procédures d’expulsion des immigrés ayant commis des crimes. Les nouveaux arrivants devront payer pour leurs cours d’intégration et seront expulsés s’ils échouent à l’examen pour l’obtention d’un permis de séjour. Les Pays-Bas s’apprêtent donc à prendre un virage extrêmement sécuritaire.

Le débat politique ne promet d’ailleurs pas de s’apaiser alors que fait jour une polémique sur l’apparition de viande hallal (qui respecte les rîtes musulmans) à la cantine de la Tweede Kamer. Le parti de Geert Wilders en profite pour dénoncer de nouveau une “islamisation des Pays-Bas” . Pourtant les musulmans ne représentent qu’un million des 16,5 millions d’habitants de ce pays.

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