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Sommet de Copenhague : les dirigeants jouent les prolongations

A l’issue de deux semaines de négociations sur le changement climatique, le pessimisme semble s’être définitivement installé à Copenhague. Si le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva s’est déclaré prêt à “faire un sacrifice” pour aider financièrement les pays pauvres, le président américain Barack Obama campe sur ses positions, tandis que le premier ministre indien Manmohan Singh appelle a reprendre les négociations en 2010. Sous la pression de l’ONU, les dirigeants s’apprêtent à passer une longue nuit de tractations, d’où sortira probablement un accord politique, en attendant un traité contraignant.

Les plus de 120 chefs d’Etat présents à Copenhague prolongent les négociations jusqu’au bout pour tenter de trouver une issue au Sommet. Si l’on en croit le pessimisme qui règne aujourd’hui au Bella Center, la conférence de Copenhague n’aura pas atteint ses objectifs et devra se contenter d’un accord politique en attendant 2010. C’est en tout cas ce que suggère le premier ministre indien, tandis que le président Obama exhorte les autres chefs d’Etat à trouver un accord… sans pour autant faire évoluer les positions américaines.

Selon l’AFP, les engagements annoncés à ce jour par les pays industrialisés à l’horizon 2020 représentent une baisse d’environ 12% à 16% de leurs émissions par rapport à 1990, loin de la fourchette de 25% à 40% mise en avant par les scientifiques.
Le déplacement des pourparlers vers les hautes instances politiques permettra-t-il de débloquer la situation ? Mardi, les pays présents ont convenu d’adopter un nouveau projet d’accord mondial pour lutter contre le réchauffement climatique, qui comprend notamment l’idée d’un nouveau Fonds international pour le climat pour aider les pays pauvres à réduire leurs émissions de CO2 et à s’adapter au changement climatique. Mais les désaccords portent sur les chiffres, en particulier sur deux principaux points en litige : les cibles de réduction des gaz à effet de serre (GES) et le montant de l’aide financière aux pays en voie de développement.

Les 4 sujets de la présidence danoise…

Le nouveau plan présenté aujourd’hui par la présidente de la conférence, la Danoise Connie Hedegaard, remplacée cet après-midi par le premier ministre danois Lars Loekke Rasmussen, ne contient donc toujours pas d’objectif chiffré. Pour la présidence danoise, les derniers jours de la conférence doivent se concentrer sur 4 dossiers :

  • Un appel franco-africain a été lancé mardi afin de fixer la réduction des émissions de 50% des émissions globales de CO2 d’ici 2050 par rapport à 1990 et de réitérer l’idée d’un fonds spécifique pour les pays les plus pauvres, alimenté par une taxe sur les transactions financières. Pour plusieurs commentateurs cependant (Le Monde, Greenpeace…), ce document pèsera peu dans les négociations.
    le financement à long terme de la lutte contre le changement climatique : la lutte et l’adaptation des pays contre le changement climatique nécessitent des dépenses importantes, en particulier dans les pays pauvres. C’est pourquoi le futur accord prévoit dans ce domaine une aide des pays riches en faveur des pays en développement… mais pas son montant. L’Union européenne, qui s’est déjà engagée à apporter une telle aide à hauteur de 7,2 milliards d’euros de 2010 à 2012, estime que 100 milliards d’euros par an seront ensuite nécessaires aux pays en développement pour lutter contre le changement climatique. Ces derniers jugent ce chiffre trop faible et, pour l’instant, aucun accord n’a été trouvé sur les modalités et la répartition du financement d’un tel montant entre pays riches, pays pauvres et éventuelle organisation mondiale. Le secrétaire général des Nations Unies Ban Ki-moon a toutefois suggéré qu’un accord sur le climat pouvait être conclu sans nécessairement y inclure une aide chiffrée aux pays pauvres sur le long terme, qui pourrait être discutée par la suite en 2010.
  • la gouvernance de l’argent dégagé pour cette lutte et pour le développement d’une économie propre : crée-t-on une nouvelle organisation internationale ? Si oui, comment fonctionnera-t-elle ?
  • Le Premier ministre suédois Fredrik Reinfeldt, qui préside le Conseil de l’UE, a émis des doutes mercredi devant le Parlement européen, sur la possibilité de trouver un accord à Copenhague permettant d’atteindre l’objectif d’une limitation du réchauffement climatique à 2 degrés.
    les engagements de réduction des émissions de CO2 pris par les pays : le monde entier s’accorde-t-il sur une limitation à 2°C du réchauffement climatique par rapport à l’ère pré-industrielle ? A quelle hauteur les pays développés, émergents et les pays pauvres doivent-ils réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 ? D’ici 2050 ? Les Etats-Unis (qui se sont engagés à réduire ces émissions de 17% d’ici à 2020 par rapport à 2005) et la Chine (réduction des émissions par unité de PIB de 40 à 45% d’ici à 2020, par rapport à 2005) ne souhaitent pas revenir sur les chiffres qu’ils ont donné.
  • le mécanisme pour contrôler les progrès de ces engagements : Beaucoup de pays insistent sur la nécessité, une fois l’accord adopté, d’élaborer un système pour vérifier que les pays respectent ou non leurs engagements, en termes de réductions des émissions mais aussi de financement… Mais pour le moment, la Chine et l’Inde s’opposent à une telle vérification par des inspecteurs internationaux.

…et d’autres appuyés par le Sud

Or plusieurs Etats, le Bangladesh en première ligne, ont reproché à Mme Hedegaard de favoriser les pays développés dans sa gestion des négociations. Et parmi les points également cruciaux, figure la nécessité ou non d’un nouveau traité sur le changement climatique. Si l’ensemble des pays riches souhaite un nouvel accord, la plupart des pays en développement réclament la prolongation du Protocole de Kyoto au-delà de 2012.

Selon le protocole de Kyoto ratifié par 183 pays, les pays industrialisés se sont engagés à réduire davantage leurs émissions de CO2 que les autres, parce qu’ils ont contribué au problème plus que les autres.
Ce dernier a en effet la particularité d’être légalement contraignant… pour les pays industrialisés, qui se sont engagés à réduire en moyenne de 5 % leurs émissions d’ici à 2012 par rapport à 1990. Mais il n’a toujours pas été ratifié par les Etats-Unis, et il ne contraint pas la Chine à réduire ses émissions. Et les Européens, qui pourraient soutenir l’idée de garder un temps ce protocole, ont cependant appelé Américains et Chinois à s’engager plus fortement.

Enfin, les négociations semblent s’enliser sur deux autres points : la protection des forêts tropicales des pays du Sud en contrepartie d’une aide financière du Nord (REDD), et la protection internationale pour les réfugiés climatiques, qui passe avant tout par une reconnaissance de leur statut.

En savoir plus :

Dossier spécial sur le sommet de Copenhague - Touteleurope

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