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Simone Veil : “j’ai toujours été une militante de l’Europe”

A l’approche des élections européennes, de nombreux citoyens s’interrogent sur l’utilité d’aller voter. Afin de sensibiliser l’opinion publique à cet événement, Touteleurope interroge des personnalités sur leur rapport aux prochaines élections européennes : iront-elles ou non voter le 7 juin ? Dans ce cadre, nous avons rencontré le premier Président du Parlement européen élu en 1979 : Simone Veil, qui rappelle l’importance du prochain scrutin pour des peuples en guerre il y a moins de 60 ans et revient sur l’accroissement des pouvoirs du Parlement depuis sa mise en place.

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Irez-vous voter aux élections européennes ?

J’irai certainement voter pour les prochaines élections ! Ce sont en effet des élections très importantes qui arrivent dans une conjoncture difficile pour tous les pays européens. Plus que jamais nous devons être unis et nous soutenir les uns les autres avec des politiques qui ont été discutées et qui sont respectées par les 27 pays. J’espère donc que cela se fera avec le soutien des électeurs. Je suis convaincue que cela se poursuivra, mais les élections doivent exprimer ce que pensent les citoyens dans les différents pays et ce qu’ils attendent de l’Europe, sans avoir comme la dernière fois un certain nombre de parlementaires qui, pour jouer un petit jeu personnel, ont en fait imposé un référendum qui a évidemment cassé la dynamique. Si à ce moment là on avait suivi le projet de Valery Giscard d’Estaing, je crois qu’on aurait tous fait en Europe de très grands progrès, qui n’ont pas vraiment pu être pris en compte.

Je crois qu’on peut parler de l’Europe en termes simples. La première chose est d’expliquer ce qui se passait avant que l’Europe existe, que pendant des siècles nos pays se sont fait la guerre et qu’au vingtième siècle il y a eu deux catastrophes épouvantables : toujours des conflits entre Européens, le plus souvent d’ailleurs entre la France et l’Allemagne. Je crois que ces deux pays ont une responsabilité particulière et ont justement fait la paix dans des conditions difficiles. C’était un grand sacrifice pour un certain nombre de gens, il y a eu beaucoup de tués, il y avait une haine entre nos deux pays, et on a su, à partir des années 1950, surmonter beaucoup de choses en disant : “si on ne le fait pas, on aura de nouveau des conflits” . Je dois dire que personnellement je me suis sentie toujours très concernée. Rentrant de déportation, très vite, je n’ai pas hésité, et j’ai toujours été une militante de l’Europe, justement parce que je ne voulais pas que mes enfants vivent ce que moi j’avais vécu. Et je crois que cela reflète le courage d’un certain nombre de gens, or ce sont très souvent ceux qui avaient le plus souffert qui justement se sont mobilisés juste après la guerre. Ceux qui s’étaient rendus compte que si un conflit éclatait entre les Français et les Allemands, entraînant une fois de plus toute l’Europe, ce serait une catastrophe.

Le Parlement européen a-t-il changé depuis 30 ans ?

Le Parlement européen a plus de pouvoir aujourd’hui qu’il n’en avait, et en aura davantage si le traité de Lisbonne est accepté. Au début, on le consultait sur quelques thèmes, notamment sur le budget, mais même sur ce point la marge de manœuvre était très faible. On faisait un petit cadeau au Parlement européen en le laissant faiblement augmenter le budget. Les deux premières années de la mise en place du Parlement européen, lorsque je le présidais et que j’étais chargée d’arrêter le budget, celui-ci avait très faiblement augmenté le budget, pour aider les pays africains qui étaient dans une situation très difficile. Or la France a fait un recours devant la Cour de Justice (CJCE) pour que ce budget soit annulé. Ainsi, deux fois de suite le Parlement a très légèrement dépassé ses pouvoirs, mais ce sont les recours devant la CJCE qui ont affecté l’ensemble des montants aux institutions européennes, Parlement y compris.

Que diriez-vous aux jeunes pour les inciter à voter ?

Je crois que si les jeunes ne sont pas toujours mobilisés, c’est parce que l’Europe existe pour eux, c’est une réalité. On circule facilement, dans beaucoup de domaines les textes européens ont été introduits dans nos institutions : je crois qu’aujourd’hui c’est une chose acquise. Je suis frappée lorsque par exemple à l’entrée d’un village on peut voir qu’il existe entre telle ou telle ville d’Allemagne ou d’Angleterre des échanges. Je pense que beaucoup de jeunes cherchent à aller à l’étranger, ils parlent d’ailleurs beaucoup plus soit l’Anglais soit l’Allemand (même si beaucoup plus l’Anglais que l’Allemand en France). Donc je crois que les échanges entre les jeunes se font très facilement, et que beaucoup de choses qui à mon époque nous étonnaient sont devenues tout à fait normales, on ne les remarque même plus.

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