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Semaine économique de la Méditerranée : quel futur pour le tourisme ?

Pour la huitième année consécutive, Marseille accueille la “Semaine économique de la Méditerranée” du 5 au 8 novembre 2014. Plus de 150 intervenants venant d’au moins 8 pays animeront des débats et des ateliers autour du tourisme, fil rouge des conférences de cette édition. De la question des croisières à la coopération internationale, des voyages solidaires aux partenariats entre collectivités locales, tous les aspects du tourisme sont abordés.

SEM (c) Semaine économique de la Méditerranée

L’amphithéâtre sous l’eau de Marseille

La Semaine économique de la Méditerranée (SEM)

Créée en 2006, la Semaine économique de la Méditerranée est “une initiative partenariale favorisant les rencontre entre entreprises, institutions et représentants de la société civile des deux rives de la Méditerranée” .

Elle est organisée par la région PACA, la ville de Marseille, Marseille-Provence Métropole, Euroméditerranée, la Chambre de Commerce et de l’Industrie de Marseille-Provence et le Ministère des Affaires étrangères.

“Je suis heureux de vous accueillir dans l’amphithéâtre de la Villa Méditerranée. Vous ne le savez peut-être pas, mais cette salle est construite sous l’eau, donc en ce moment nous sommes réellement dans la Méditerranée !” . C’est ainsi que le Président de la région PACA, Michel Vauzelle, a débuté son discours de bienvenue pour cette huitième édition de la Semaine Economique de la Méditerranée (SEM).

Des dizaines de Français, Tunisiens, Italiens, Espagnols, Marocains ou encore Algériens sont réunis devant la scène, attentifs. Et pour l’occasion, plus de 3000 personnes sont attendues à Marseille entre le 5 et le 8 novembre : rencontres, conférences et séminaires sont organisés cette année autour d’une thématique : le tourisme, “vecteur de développement économique en Méditerranée” . “Ce sujet est très important pour les gens de la Méditerranée” , poursuit Michel Vauzelle, “non seulement parce que certains pays en vivent, mais aussi car c’est grâce aux échanges dus au tourisme que les peuples évoluent et deviennent fraternels” .

Dans les pays du bassin (Europe du Sud, Méditerranée et Afrique du Nord), l’industrie touristique représente environ 7,7% du PIB. Malgré la crise économique et l’instabilité politique qui touchent différentes parties de la région, le nombre de touristes a augmenté de 6% en 2013, au point que dans certains pays, ce secteur représente plus de 18% du PIB (Maroc) ou 15% du PIB pour la Tunisie.

Mais le tourisme n’est pas qu’une activité économique performante : son impact sur la nature, par exemple, pose de nombreuses interrogations, notamment en ce qui concerne les activités “de masse” , comme les croisières. Le tourisme peut-il être durable ? Alors que 88% des voyageurs français se disent prêts à agir en faveur de l’environnement, les professionnels du tourisme entament une conversion au “green” qui ne se fait pas sans difficultés. L’expansion du web vient également bouleverser les habitudes du secteur. Face aux grands groupes américains de booking.com ou expédia, les hôteliers et les agences de voyages doivent chercher une nouvelle forme de survie, qui leur permette de garder leur indépendance.

Les paquebots, un business européen

La Banque européenne d’investissement (BEI) à la SEM

La Banque européenne d’investissement, qui met en oeuvre les politiques de l’UE en finançant les projets des acteurs publics et privés (à la hauteur de 71 milliards d’euros), était également présente à la SEM.

Le Vice-président de la BEI, Philippe de Fontaine-Vive, a pris part à la séance plénière organisée jeudi 6 novembre. A l’ordre du jour de la conférence : “bilan et perspectives des révolutions arabes, les conditions pour réussir à faire des affaires” .

Après le coup d’envoi dans l’amphithéâtre au sous-sol, le débat se poursuit dans les différentes salles de la Villa Méditerranée. Dans la loggia, au troisième étage vue sur la mer, il est question de croisières et de développement durable. A la suite du naufrage du Costa Concordia à proximité de l’île de Giglio, en Italie, les paquebots ont dû faire face à une publicité très négative.

Cependant, l’industrie des croisières n’a jamais été aussi performante : elle représente environ 4,5% de l’économie liée au tourisme en général et elle génère quelques 4 milliards d’euros avec la seule construction des navires, un business à 99% européen. “Les Allemands, les Italiens et les Français sont les plus grands constructeurs de bateaux de croisières” , explique Cédric Rivoire Perrochat, directeur de CLIA-France (l’association internationale des compagnie de croisières). En outre, 76% des navires mondiaux se trouvent en Méditerranée, alors qu’il y a encore quelques années, les Caraïbes étaient une destination très prisée des touristes.

Malgré les immenses retombées économiques liées à l’industrie des croisières (un passager dépense environ 140 euros par jour lors d’une escale), ces “villages flottants” de 4000 à 5000 personnes ont un impact conséquent sur les coûts environnementaux. “Quand un navire est rechargé en eau potable, il nécessite entre 2000 et 3000 tonnes d’eau” , affirme Jacques Truau, président du Club de la Croisière de Marseille-Provence. Une déclaration qui fait sursauter Julien Le Tellier, chargé de mission “Approches territoriales” pour l’Organisme pour l’environnement “Plan Bleu” . “Durant l’été, alors que l’on charge ces paquebots, certaines villes de la côte sud de la Méditerranée se trouvent sans eau” , se désole-t-il.

En outre, ce tourisme de masse reste indigeste dans plusieurs villes européennes. A Venise, qui compte environ 270 000 habitants, douze paquebots débarquent chaque jour à quelque pas de la place Saint Marc. Et les protestations ne manquent pas : à partir du 1er janvier 2015, certains grands bateaux ont pris la décision de ne plus faire escale dans la ville tant qu’un nouveau point d’amarrage ne sera pas trouvé.

Le tourisme fédérateur

Venue d’Italie, Sonia Manente est la représentante de l’agence touristique de la région “Friuli Venezia Giulia” . Elle est à Marseille pour présenter un projet réalisé en partenariat avec la ville de Kotor au Monténégro. “Il y a beaucoup de similitudes entre notre territoire dans le Nord Est de l’Italie et le paysage monténégrin. C’est pourquoi nous avons décidé d’exploiter ces points en commun pour fédérer une communauté virtuelle partagée” , explique Mme Manente.

Après plusieurs rencontres et colloques, les deux agences touristiques réalisent un site Internet qui présente l’offre naturelle et culturelle de Kotor tout en suggérant des parcours similaires en Italie. “En outre, nous souhaitons mettre en place aussi un échange d’expertise. Par exemple, les Monténégrins ne sont pas en mesure de réparer les yachts des touristes russes qui viennent sur leurs côtes” , poursuit l’Italienne, “dans un futur proche, deux entreprises de Trieste fourniront ces services aux touristes qui partent à Kotor, qui deviendra ainsi une destination encore plus prisée” . Dans la salle, les participants venus d’Albanie ou de Tunisie prennent note, intéressés.
Tout en restant une activité économique menée surtout par des particuliers, le tourisme peut donc rapprocher et fédérer les pays. “Les médias parlent souvent des pays de la Méditerranée séparément, sans un regard d’ensemble” , affirme Michel Vauzelle dans son discours inaugural, “ce qui se passe dans un pays du bassin a des conséquences dans les autres. Quand la moitié d’une famille habite en Algérie et l’autre moitié habite à Marseille, comment voulez-vous que la Méditerranée ne soit pas un ensemble uni ?” . Pendant une semaine, plus de 300 intervenants venant d’une vingtaine de pays différents auront été réunis à Marseille pour discuter du futur de leur mare nostrum, leur mer commune.

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