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Rumiana Jeleva s’en va, Kristalina Georgieva s’en charge

La pression aura eu raison de la candidate bulgare à la Commission européenne Rumiana Jeleva. Avant même de connaître la sentence des eurodéputés, la candidate, objet de polémique, a démissionné hier matin de l’ensemble de ses fonctions, nationales comme européennes. Victoire de la politique politicienne ou contrepouvoir du Parlement européen ?


L’effet pression


La pression aura été trop forte. Avant même de connaître la sentence des eurodéputés, la candidate de la Bulgarie à la Commission européenne Rumiana Jeleva a démissionné hier matin de l’ensemble de ses fonctions, nationales comme européennes.

Hier, le Président de la Commission José Manuel Barroso et le leader du PPE Joseph Daul ont en effet décacheté une lettre pleine d’amertume. Rumiana Jeleva y expliquait sa démission préalable craignant que le vote des eurodéputés ne se basent pas sur “une attitude impartiale et une appréciation objective” à son sujet, malgré trois mois de lutte contre des campagnes calomnieuses.

Soupçonnée un temps d’avoir conservé certaines affaires une fois élue, en contravention avec la loi bulgare, ainsi que des activités et un patrimoine qu’elle avait oublié de déclarer à l’époque, c’est surtout son incompétence, invoquée lors de son audition, qui avait poussé Andrew Duff (ALDE), rapporteur de la procédure d’audition, à lancer un avertissement au président de la Commission : “Si Mme Jeleva reste membre du collège, le risque est que les Verts, les libéraux, l’extrême gauche et les socialistes refusent de confirmer le collège” .

C’est peut-être cet avertissement qui aura poussé Mme Jeleva a jeté l’éponge avant l’heure.


Grande Réactivité du gouvernement bulgare


Si le premier ministre bulgare Boïko Borissov a refusé d’enregistrer la démission de Mme Jeleva au poste de ministre des Affaires étrangères de Bulgarie, il a cependant très vite avancé un nouveau nom pour remplacer sa candidate défaillante.

Le Président Barroso, souhaitant avant tout éviter au maximum le différé de l’entrée en fonction du nouveau Collège de commissaires, s’est montré peu prolixe sur la démission de la Bulgare. Il s’est, en effet, essentiellement, félicité de la réactivité du gouvernement bulgare dans cette crise diplomatique. C’est Kristalina Georgieva, 56 ans et vice-présidente de la Banque mondiale, qui a donc toutes les chances d’être la future commissaire à l’Aide humanitaire.

Kristalina GeorgievaKristalina Georgieva, 1953, PPE

Actuelle vice présidente de la banque mondiale, découvrez le parcours qui avait mené la nouvelle candidate bulgare tout droit à Washington !

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La nouvelle candidate, qui n’aura que deux semaines pour préparer son audition, contre six semaines pour les autres candidats, séduit déjà l’assemblée des eurodéputés. Si son engagement européen, en comparaison avec les deux mandats d’eurodéputée de Rumiana Jeleva, est quasiment nul, son expérience internationale et sa compétence dans le domaine de la gestion de crises et de la protection environnementale sont une compensation sans mesure, comme son mandat de vice présidente de la Banque mondiale lui garantit une certaine légitimité.


Léger différé pour l’entrée en fonction de la nouvelle Commission


L’incident ne retardera le processus que d’une dizaine de jours. L’entrée en fonction de la nouvelle Commission européenne prévue pour le 1er février devrait finalement avoir lieu le 11.

Quant à l’audition de la nouvelle candidate, elle devrait se dérouler le 3 février, pour aboutir à une approbation définitive du Collège en son entier, par le Parlement européen, réuni en plénière à Strasbourg, le 9 février … si la pression sur les candidats s’arrête ici.


PPE/PSE, œil pour œil, dent pour dent ou la balance des pouvoirs ?


Car il va sans dire que « l’affaire Jeleva » a attisé la bataille politique au Parlement européen entre la droite, les socialistes et les libéraux.


Malgré la condamnation des querelles de bas étage par leur leader M.Daul, les conservateurs, scandalisés par l’affront fait à leur candidate, ont mis en cause la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, lui reprochant de ne pas s’être rendue en Haïti après le séisme. Ou encore, ils ont attaqué le candidat slovaque Maroš Šefčovič, à propos d’une déclaration faite il y a 5 ans contre la minorité Rom de son pays.


De plus, à la menace de la contre attaque s’ajoute le mécontentement persistant du groupe socialiste qui, non content d’avoir obtenu la démission “inévitable et prévisible” de la candidate bulgare, estime dans un communiqué que “le collège proposé n’est tout simplement pas à la hauteur […] et que le problème ne se réduit pas au seul cas de la commissaire à l’Aide humanitaire” .


Mais au-delà des querelles politiques, il est au moins à constater que le scénario des auditions, du Président Barroso comme de son collège, confirme le pouvoir grandissant du Parlement européen, pouvoir pleinement exercé. En effet, les eurodéputés ne s’érigent pas en seuls gardiens de moralité, ils veillent aussi avec rigueur à la compétence des commissaires désignés.

Ainsi, si la candidate néerlandaise Neelie Kroes, désignée à l’agenda numérique, n’est pas encore poussée à la démission, elle est tout de même convoquée demain pour une audition de la deuxième chance, n’ayant pas convaincu sur tous les dossiers lors de la première.

Avant même l’application du traité de Lisbonne par la nouvelle Commission, la balance des pouvoirs s’ajuste déjà.


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